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Quatre ans après le séisme, «beaucoup de progrès ont été réalisés à Haïti» affirme Laurent Lamothe

Laurent Lamothe Premier ministre Haïtien

Il y a quatre ans, Haïti était ravagé par un terrible séisme. Plus de 200.000 personnes ont perdu la vie dans cette catastrophe, 300.000 ont été blessés. Le 12 janvier 2010, un million et demi de personnes se retrouvaient sans abri. En ce triste anniversaire, le Premier ministre d’Haïti, Laurent Lamothe, dresse le bilan et évoque aussi la situation politique et économique du pays.

Quel bilan tirez-vous de votre mandat?

Laurent Salvador Lamothe: Quatre ans après, j’estime avoir fait d’énormes progrès, dans une situation très difficile, où nous avions 50 % de la population de Port-au-Prince où environ cinq millions d’habitants vivaient sous les tentes. Aujourd’hui, ce chiffre est à 147.000. Donc on a pu, en très peu de temps, relocaliser plus de 90 % de la population qui vivait sous les tentes dans leurs quartiers d’origine. En termes macroéconomiques, la croissance économique a été de 4.3% cette année, comparativement à 2.9 % l’année dernière. L’inflation a été coupée de moitié.

Nous sommes en train de construire aujourd’hui plus de cinq édifices publics, 22 places publiques, 22 centres sportifs. Donc ce bilan montre qu’il y a beaucoup de progrès qui ont été faits. Mais il y a encore beaucoup à faire.

Beaucoup des sinistrés aussi ont été évacués par la force des camps. Et Amnesty International, aujourd’hui a sorti un rapport comme quoi l’Etat n’enquête pas suffisamment sur ces évictions forcées. Quelle est votre réponse ?

La réponse est que le gouvernement haïtien a une politique qui s’appelle le 16/6. C’est une politique de relocalisation assistée et dans le respect des droits et de la dignité de la personne qui est relocalisée. Nous n’acceptons pas les évictions forcées. Cependant dans certains cas, nous avons pu constater qu’il y a eu certaines évictions, mais sur des terrains privés. Ceci nous inquiète. Nous voulons que toutes les relocalisations se fassent de manière ordonnée, de manière paisible et en respect du droit de la personne. Et nous travaillons aussi avec le système judiciaire, avec les propriétaires privés, pour essayer de leur expliquer que le gouvernement ne cautionne pas ce genre d’éviction.

Le principal partenaire d’Haïti dans sa reconstruction c’est le Venezuela, avec le programme Petrocaribe, sur les importations de pétrole. La dette aujourd’hui, d’Haïti envers le Venezuela, s’élève à un peu plus d’un milliard 300 millions de dollars. Comment Haïti va rembourser cette dette au Venezuela ?

Le Venezuela a fait une expansion du programme Pétrocaribe en allant vers la zone économique Petrocaribe. Ce qui permet d’avoir un mécanisme complémentaire du  paiement de la dette à travers des produits fabriqués en Haïti. Tous les indicateurs sont au vert dans le secteur agricole. Il y a une croissance de la production du riz et de maïs. Ceci nous permettra d’investir dans la production, et avec une production ciblée, nous pourrons payer graduellement la dette au Venezuela.

Payer une partie de la dette Petrocaribe avec des denrées alimentaires, alors qu’Haïti importe plus de 50 % de ses besoins, est-ce que ce n’est pas un peu contradictoire ?

Le problème, c’est qu’avec l’importation à outrance et la politique ultralibérale pratiquée par les anciennes administrations, la production nationale d’Haïti a complètement chuté. Donc l’objectif du Venezuela est de travailler avec nous, pour justement nous donner les fonds nécessaires, les moyens nécessairesn pour investir dans l’agriculture, pour aider Haïti à relancer sa production nationale. Parce qu’il y a certains secteurs qui sont en mesure d’exporter. Par exemple, le café haïtien est l’un des meilleurs cafés au monde. Mais il y a des problèmes d’investissement dans la production. Avec ce mécanisme, le Venezuela nous achète et on garantit ainsi l’achat aux différents planteurs. Et ceci aura pour effet de créer quand même une activité financière et pouvoir exporter plus vers le Venezuela.

Mais beaucoup d’Haïtiens sont fatigués d’attendre ces éventuels emplois qui vont être créés. Chaque semaine sur la côte Nord, il y a ces jeunes qui prennent la mer sur des bateaux de fortune. Beaucoup malheureusement perdent la vie. Est-ce que vous comprenez leur désespoir ?

Ce sont des gens qui vivent dans des départements pauvres, très pauvres, et qui vont à la recherche d’une vie meilleure. Tout ceci représente une politique sur laquelle nous travaillons aujourd’hui, de création d’emplois massifs pour réduire la tentation d’aller chercher un emploi ailleurs, et aussi en même temps, risquer leur vie, la vie de leurs familles. Nous sommes très sensibles à ça, et au risque de rapatriement, après avoir fait tous ces efforts pour arriver aux Bahamas. Il y a un programme de communication qui est en train de se mettre sur pied pour expliquer et créer des activités économiques dans la zone, pour réduire ces voyages clandestins.

Haïti a deux ans de retard sur son calendrier électoral. Pourquoi il a fallu autant de temps pour se mettre d’accord avec le Parlement pour faire voter la loi électorale ?

Parce que malheureusement, en Haïti il y a eu un processus très compliqué, avant la mise en place de ce conseil électoral. Il a fallu nommer des juges à la Cour de cassation, ce qui a pris du temps. Il a fallu nommer des représentants au Conseil électoral. Le Sénat, ayant 20 membres au lieu de 30, ne pouvait pas nommer les membres permanents. Donc tout ceci a retardé le processus. Cela a pris du temps pour avoir cette loi électorale, pour la passer à la Chambre des députés. Donc le processus lui-même a pris du temps. La bonne nouvelle c’est qu’on est arrivé au bout du processus. La loi a été votée et publiée par l’exécutif. Maintenant, il y a un processus de dialogue politique pour avoir des élections ouvertes, des élections honnêtes, démocratiques, pour avoir aussi les élections le plus vite possible.

D’ici la fin de l’année ?

Non, d’ici le début de l’année, tout ceci dans le sens de renouveler le tiers du Sénat et les collectivités territoriales. Et pour ceci, le gouvernement est ouvert, avec tout le support du gouvernement et aussi des partenaires internationaux qui nous accompagnent dans ce processus, qui nous ont offert toute l’aide possible pour avoir – encore une fois – des élections crédibles, des élections honnêtes, des élections démocratiques, pour que tous s’y retrouvent.

Restons dans la politique. Est-ce que vous seriez candidat à l’élection présidentielle en 2015 ?

Non. Je ne suis pas candidat. Je suis Premier ministre et je fais de mon mieux pour faire mon travail de Premier ministre.

rfi

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