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Quand l’histoire donne raison au « ministre des affaires extérieure de l’Azawad : «C’est la France qui nous a incités à revenir… avec Ansar Dine et AQMI… Le MNLA a atteint ses limites…»

L’on comprend mieux aujourd’hui les déclarations du prétendu ministre des affaires étrangères de l’Azawad à la lumière des récents évènements survenus à Ménaka.

Dans une interview accordée à notre confrère, «Le Courrier du Sahara» à la date du 9 avril 2015, le sieur Hama Ag Mahmoud en charge des «Affaires extérieures dans le Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad» n’est pas allé par le dos de la cuillère. Nous vous proposons un extrait de ses déclarations (lire l’article : «La France nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad».

Aux dires de l’interviewé, c’est bien la France (de Sarkozy) qui a incité le MNLA à revenir dans l’«Azawad» et à y créer un Etat. Comme pour dire que la partition du Mali était décidée depuis cette époque. Mais encore, l’idée a-t-elle, à ce jour, été abandonnée ?

Ce qui est arrivé à Ménaka laisse croire que non.

Après l’entrée des combattants de GATIA dans la cité d’où ils ont chassé ceux du MNLA comme des malpropres, la MINUSMA que l’on sait contrôlée par la France, a exigé leur retrait pur et simple. Ce qui ne fut pas du goût des populations lesquelles rétorquèrent qu’elle (la MINUSMA) a bien toléré la présence du MNLA nonobstant leur désapprobation.

Cette attitude de la MINUSMA que l’on sait guidée par la France n’est pas une première du genre. Elle a déjà fait cantonner les militaires maliens et laisser libre cours au MNLA à Kidal; empêcher le déploiement des FAMA dans la zone… Et ne parlons de ces nombreuses manifestations de sympathie  à l’endroit des séparatistes (des militaires de la MINUSMA posant fièrement avec des enfants soldats du MNLA en plus de graves accusations jamais démenties et  faisant état de la participation de militaires français aux affrontements de Kidal les 17 et 21 mai 2014, etc.)…

En somme,  tout semblait entrepris pour parvenir à la partition du pays comme initialement convenu entre la France et le MNLA. «La France nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad», a bien déclaré le fameux ministre des affaires étrangères de l’Zawad.   En clair, le deal semble toujours d’actualité au regard de cette nouvelle exigence de la MINUSMA à l’endroit du GATIA de   quitter Ménaka dans le but éventuel de le laisser réoccuper par le MNLA. La réponse de l’interviewé à la question du confrère corrobore bien cette thèse :

Question : « La France aurait donc poussé le MNLA à occuper les villes du Nord du Mali ? »

Réponse : «Oui tout à fait… »

Sans commentaire !

 

Ansar Dine et AQMI : les alliés du MNLA et de la France

On le sait désormais : c’est bien la France qui a incité le MNLA à revenir et à occuper les villes du Nord. L’on n’ignore non plus que le MNLA n’est pas venu seul. C’est, en tout cas, ce que déclare le ministre fantoche : «Il faut se rappeler que le MNLA est venu dans l’Azawad avec les combattants d’Ansar Dine et d’AQMI». Et ensemble, ils ont mené la guerre  et procédé à des exactions comme celles perpétrées à Aguelhok et ailleurs.

La France n’ignorant nullement la présence des troupes djihadistes aux côtés du MNLA, a tout simplement laissé faire les deux tendances qu’elle donnait l’impression de protéger et d’appuyer à travers la MINUSMA et l’opération Serval devenue BARKHANE. Souvenez-vous : les deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés à Kidal sous le nez et la barbe de l’opération SERVAL. Et voici un extrait du reportage de France Inter à la date du 16 novembre 2013 sur la question :

« L’enquête est loin d’être finie et des zones d’ombre demeurent sur l’identification et la recherche des principaux suspects.

Depuis mercredi Baye ag Bakabo, un Touareg de Kidal, est devenu officiellement le suspect n° 1 dans le double meurtre de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Selon le procureur français, il s’agit d’un trafiquant de drogue, proche d’Aqmi, un guide des islamistes connu des autorités maliennes.

Mais à y regarder de plus près, les forces militaires françaises connaissent-elles aussi bien le personnage?  Selon des informations recoupées par RFI, Baye ag Bakabo et d’autres Touaregs maliens ont combattu aux côtés d’Aqmi contre les forces françaises et tchadiennes dans l’Adrar en février dernier. Comme d’autres jeunes Touaregs, après la dure campagne dans le massif du Tigharghar, Baye ag Bakabo s’est rendu. Les services français l’ont alors entendu, fiché, photographié puis libéré».

Rappelons qu’à l’heure actuelle, les enquêtes n’ont encore rien donné.  L’on retiendra, en tout cas, que c’est à Kidal, en présence des troupes étrangères et celles de la France en particulier, que les deux confrères ont été kidnappés puis exécutés. Selon des sources crédibles, ils en savaient trop sur la question.

Vrai, le MNLA a atteint ses limites

De l’avis du ministre de l’Etat autoproclamé de l’Azawad, «le MNLA a atteint ses limites»  et « il va passer à la trappe comme il l’a déjà fait en 1991 ».

Mais d’abord une précision: Le MNLA n’existait pas en 1991. Il s’agissait plutôt du MFUA ou Mouvement des Forces Unifiées de l’Azawad.

«Monsieur le Ministre» Hama Ag Mahmoud devient cependant lucide quand il affirme que le MNLA a atteint ses limites. Les raisons :

D’abord du fait de son intransigeance.  En se jouant de la communauté internationale, cette dernière ne lui accorde plus de crédit.  Aussi, en faisant passer l’Algérie pour un vulgaire menteur (par le fait de nier sa promesse de parapher l’accord à la date du 15 avril dernier), cette dernière (l’Algérie) entreprendra tout pour le fragiliser afin de le conduire pieds et mains liés sur les lieux du paraphe.

Et enfin, l’Armée malienne (les FAMAS) s’est suffisamment renforcée à travers d’importants recrutements et l’amélioration conséquente de ses capacités logistiques et tactiques. En clair, il n’aura plus de «17 et 21 mai 2014», à savoir, de fiasco à l’image de celle de Kidal aux dates indiquées.

En clair, il lui reste très peu d’opportunité. Ne  pas parapher l’Accord lui serait tout simplement fatal.

B.S. Diarra

 

 

«La France nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad»
|Ancien ministre de la Fonction publique sous la présidence de Moussa Traoré, Hama Ag Mahmoud était en charge des Affaires extérieures dans le Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad, le gouvernement autoproclamé du MNLA, formé en juin 2012 après la conquête des villes du nord du Mali. Il a démissionné de ce poste avec fracas pour s’opposer à l’alliance entre les indépendantistes touaregs et le groupe djihadiste Ansar Dine en décembre 2012, quelques mois avant le début de l’offensive française: Opération Serval. Dans cette interview, il fait des révélations troublantes sur l’intervention française.

 

Après avoir conquis le nord du Mali, le MNLA s’est retrouvé débordé par les djihadistes. La menace était bien réelle, vous l’admettez ?

Mais bien sûr que je l’admets. Je sais aussi pourquoi. C’était pour faire échec au MNLA. Tous ces mouvements ne sont pas venus de rien. On sait d’où ils viennent, qui les ravitaille, qui les finance. Toutes les positions politiques qu’ils proclament correspondent aux positions politiques défendues par certains pays. Soyons clair, ils faisaient la guerre au MNLA par procuration.

– Ce sont des arguments que vous avez tenté de faire entendre à Paris lorsque vous étiez en charge des affaires extérieures du MNLA ?

Au départ, on avait dit à la France faites attention. Vous tenez les deux bouts. C’est vous qui nous avez incité à revenir dans l’Azawad. C’est vous aussi qui détenez le pouvoir politique à Bamako. Arrangez les problèmes avant qu’il ne soit trop tard. La France ne l’a pas fait. Aujourd’hui je crois que c’est même trop tard.

– La France aurait donc poussé le MNLA à occuper les villes du Nord du Mali ?

Oui tout à fait. La France a demandé au MNLA de l’aider à faire déserter tous les combattants de l’Azawad qui étaient dans l’armée libyenne, pendant la guerre de Libye. Ensuite de bloquer le recrutement des libyens dans l’Azawad et dans l’Aïr au Niger. Et en contrepartie, elle nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad. C’est l’accord qui a été conclu avant la guerre entre le MNLA et la France. Et immédiatement la guerre gagnée par le MNLA, la France a changé complètement de politique. Elle a mis tout son dispositif diplomatique contre le MNLA. Alors conclusion, l’objectif de la France était tout simplement d’affaiblir le gouvernement malien et je peux vous assurer que ce n’était pas pour donner raison au MNLA.

– A vous entendre, les enjeux de cette guerre sont cachés. Quels sont-ils, selon vous ?

 Tout le monde convoite notre territoire. Il y a une guerre pour les ressources minières. La France a pris les devants pour obliger le Mali à signer un accord de défense et ensuite s’octroyer des concessions minières et protéger celles qui existent déjà. C’est ça l’essence de cette guerre. Les autres puissances ne sont pas dupes. Et ça pourrait ouvrir la porte à une intervention étrangère avec une implication des américains, des russes et même des chinois. Je vois mal ces pays laisser la France faire une OPA sur les ressources de l’Azawad et de la région.

– Quelles sont ces ressources auxquelles vous faites référence ?

 Il y en a énormément et rien n’a encore été exploité ni même exploré. Vous avez de l’or, vous avez du phosphate, du gaz, du pétrole et surtout vous avez de l’eau. C’est une ressource qui deviendra plus importante que le pétrole ou l’uranium. Le bassin de Taoudeni est une mer intérieure d’eau douce.  Imaginez les enjeux dans cette région où l’eau va se raréfier de plus en plus. La zone est éminemment stratégique. Les grandes puissances cherchent à se positionner dans le nord du Mali depuis très longtemps. Prenez la base de Tessalit, elle a toujours été convoitée par les américains, les européens mais aussi les russes. Tout le monde veut avoir cette base. A partir de là, comme à Tamanrasset (n.d.l.r : sud de l’Algérie), vous avez un point de vue sur toute la région. Donc c’est une zone hautement stratégique et tout le monde a un œil dessus. Mais on ne peut pas exploiter des ressources dans une région en état d’insécurité permanente. Il faut trouver la stabilité avant de pouvoir exploiter. C’est l’un des enjeux de cette guerre.

– En mai 2012, le MNLA et Ansar Dine annonçaient officiellement leur alliance. Qu’en pensiez-vous à l’époque ?

Il y a toujours eu des discussions. Mais l’annonce officielle de l’alliance est le résultat de manipulations venant de l’étranger et visant à ternir l’image du MNLA. A l’origine, le MNLA n’a jamais été pro-islamiste. Mais le MNLA a été infiltré au plus haut niveau par les pays qui financent le terrorisme. Je veux parler de l’Algérie mais aussi du Qatar. On a tous vu comment s’organisaient les distributions d’argent et de ravitaillement dans le nord du Mali et qui en était à l’origine. Et je n’exclus pas que les français et les américains soient aussi impliqués.

Plusieurs ONG internationales ont accusé le MNLA d’avoir commis de graves exactions lorsque le mouvement était présent dans les villes du nord du Mali. Vous réfutez ces accusations ?

Absolument, ce n’était pas le fait du MNLA. Il faut se rappeler que le MNLA est venu dans l’Azawad avec les combattants d’Ansar Dine et d’AQMI. Ces hommes se sont infiltrés dans le MNLA et ce sont eux qui ont provoqué tous les crimes commis durant cette époque…

Selon votre analyse, le MNLA arrive à la fin ?
Absolument, le MNLA a atteint ses limites. Il va passer à la trappe comme il l’a déjà fait en 1991(…)

Les casques bleus et les soldats français, ça ne suffit pas ?
Ca suffit en apparence mais c’est inefficace en réalité. Le nombre d’hommes est supérieur aux vrais besoins. Mais c’est inefficace. Les Français sont dans leurs avions et dans leurs blindés. Ce n’est pas là que la guerre se joue. Les soldats de la MINUSMA sont venus pour les salaires et les avantages. Ils ne vont pas s’entretuer avec les islamistes pour la sauvegarde des intérêts du Mali (…)

source : La Sentinelle

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