La Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) serait-elle en train de jouer à une politique de deux poids deux mesures face aux pays qui ont connu des coups d’Etat dans la sous-région ? Au Mali lorsque les autorités militaires ont annoncé une transition de cinq ans, la Cedeao a réagi avec virulence en imposant d’importantes sanctions économiques et diplomatiques au pays.
Pour le président ghanéen également président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo-Addo, la proposition du pouvoir Goïta d’une transition de cinq ans est « clairement inacceptable ». Par ailleurs, il avait estimé qu’« une période de transition de 12 mois représenterait un cadre acceptable », tout en soulignant qu’il s’agit là d’un avis personnel. Au Burkina Faso, où un coup d’État a également eu lieu le 24 janvier, la période de transition avant un retour à l’ordre constitutionnel au a été fixée à trois ans le 1er mars par des assises nationales.
« Une feuille de route claire »
Une charte de la transition a été signée par l’actuel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Plus de deux semaines après cette annonce, la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest s’est dite jeudi 17 mars « un peu inquiète » de la durée de la transition au Burkina Faso. « La CEDEAO est un peu inquiète de la durée de la transition. Mais les autorités ont expliqué les raisons derrière la décision de ces 36 mois », dont «la situation sécuritaire » du pays, a déclaré la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Shirley Ayorkor Botchwey, qui a conduit une délégation au Burkina Faso.
« La CEDEAO demande que le gouvernement de transition fournisse une feuille de route claire de ses activités pour les prochains 36 mois », a ajouté la cheffe de la diplomatie ghanéenne. Au Mali par ailleurs, les autorités de la transition avaient également brandi la situation sécurité dans le pays pour justifier la durée de la transition, mais la Cedeao a dit niet. Les autorités militaires maliennes ont alors critiqué la Cedeao, l’accusant d’être la marionnette des autorités françaises avec qui le Mali n’est plus en odeur de sainteté.
Un calendrier raisonnable
Alors que la Cedeao avait annoncé qu’elle lèverait progressivement les sanctions à mesure que le Mali proposerait un calendrier « raisonnable », jusqu’à présent, c’est le statu quo. A côté, le Burkina Faso demeure exclu de la Cedeao, mais n’a pas subi de sanctions. Beaucoup s’interrogent sur ces différents traitements qui ont été réservés aux deux pays, mais qui sont dans la même situation. Peut-être que la Cedeao aurait revu sa position après les critiques sur les sanctions du Mali.
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