Au lendemain du coup d’État au Burkina Faso, la Communauté internationale continue de dénoncer la situation dans le pays. Après le Secrétaire général de l’ONU, c’est au tour de la Cheffe des droits de l’homme des Nations-Unies de demander le retour à l’ordre constitutionnel.
« Nous demandons instamment un retour rapide à l’ordre constitutionnel », a déclaré lors d’un point-presse de l’ONU à Genève, Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), dénonçant la prise du pouvoir par les militaires au Burkina Faso, lundi dernier.
Le HCDH a réclamé mardi la libération immédiate du Chef de l’État Roch Marc Christian Kaboré, déposé par ce coup d’État militaire. « Nous demandons aux militaires de libérer immédiatement le Président Kaboré ainsi que d’autres hauts responsables qui ont été arrêtés », a ajouté Mme Shamdasani.
Lors de sa visite au Burkina Faso en novembre dernier, la Haut-commissaire des Nations- Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, avait salué la tenue pacifique d’élections législatives et présidentielles en 2020 et souligné l’importance de préserver les acquis durement gagnés en matière de démocratie et de droits de l’homme dans le pays.
L’ONU surveille la situation des droits de l’homme dans le pays. Les services de la Haut-commissaire Bachelet ont affirmé qu’aucun contact n’a été établi avec les putschistes du Burkina Faso. Son personnel est en sécurité et travaille depuis chez lui. « Nous continuerons à surveiller la situation des droits de l’homme dans le pays », a dit Ravina Shamdasani à la presse.
Au pouvoir depuis 2015, le Président Kaboré avait été réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte anti-djihadiste sa priorité. « Au cours de cette visite, nous avons observé une frustration et une impatience croissantes face à la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Il s’agit notamment des attaques de plus en plus odieuses des groupes armés non étatiques et d’autres acteurs violents dans toute la région du Sahel, et de la réponse des autorités », dit-elle.
Les services de Mme Bachelet ont ainsi fait référence à l’attaque terroriste dont ont été victimes les forces de sécurité du Burkina à Inata, dans la province du Soum (Région du Sahel). Le dimanche 14 novembre 2021, le détachement de Gendarmerie d’Inata avait été l’objet d’une attaque qui a causé la mort d’une cinquantaine de gendarmes et de quatre civils.
Pour de nombreux observateurs, la crainte est que les djihadistes profitent de la période d’incertitude au sommet de l’État. « Au regard des menaces sécuritaires et des défis humanitaires immenses auxquels doit faire face le pays, il est plus important que jamais de s’assurer que la loi, l’ordre constitutionnel et les obligations du pays en matière de droit humanitaire soient pleinement respectés », a fait remarquer la porte-parole du Haut-commissariat.
« Il est crucial de protéger efficacement l’espace démocratique, de veiller à ce que les gens puissent exprimer leurs griefs et leurs aspirations, et de participer à un dialogue constructif pour tenter de résoudre les nombreuses crises que connaît le Burkina Faso », dit-elle.
Des militaires en uniforme ont annoncé lundi à la télévision nationale avoir pris le pouvoir au Burkina Faso, renversant le président Marc Roch Christian Kaboré. Selon les médias, ils se sont engagés au « retour à un ordre constitutionnel » dans « un délai raisonnable » et ont annoncé la fermeture des frontières.
Le chef de l’ONU condamne le coup d’État
Concernant le Président Roch Marc Christian Kaboré, les militaires se sont contentés d’indiquer que les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées qui sont détenues dans un lieu sûr dans le respect de leur dignité.
C’est dans ce contexte que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné fermement, le lundi dans un communiqué, le coup d’État militaire commis au Burkina Faso, appelant les auteurs à déposer les armes et à protéger l’intégrité physique du Président Kaboré.
Des soldats se sont mutinés dimanche dans plusieurs casernes du Burkina Faso pour réclamer le départ des chefs de l’armée et des moyens adaptés à la lutte contre les djihadistes qui frappent ce pays depuis 2015. Plusieurs manifestations de colère ont eu lieu depuis plusieurs mois dans plusieurs villes du Burkina Faso pour dénoncer l’insécurité.
La CEDEAO constate la forfaiture
La CEDEAO a noté dans un communiqué que malgré les appels de la Communauté régionale et internationale au calme et au respect de la légalité constitutionnelle, la situation au Burkina Faso est caractérisée par un coup d’État militaire ce lundi 24 janvier 2022, suite à la démission du Président Roch Marc Christian Kaboré, obtenue sous la menace, l’intimidation et la pression des militaires après deux jours de mutinerie.
La CEDEAO condamne fermement ce coup de force des militaires qui, selon l’organisation, marque un recul démocratique majeur pour le Burkina Faso.
Comme à leur habitude, les chefs d’État annoncent un sommet extraordinaire de la CEDEAO qui se tiendra dans les prochains jours pour examiner cette situation.
Après le Mali, le Tchad, la Guinée et le Soudan, le régime de Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso est le dernier à être renversé par des militaires.
Bourama KEITA
Source : LE COMBAT