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Putsch à Ouagadougou après Bamako et Conakry : La théorie de la démocratie prônée par la Cédéao pour isoler le Mali vouée à l’échec ?

Après de longues heures de confusion, des militaires ont fait une déclaration à la télévision nationale du Burkina Faso annonçant avoir mis fin aux pouvoirs du président Roch Marc Christian Kaboré. Et dans la foulée, ils ont annoncé la suspension de la constitution, l’Assemblée nationale et du gouvernement ; la fermeture des frontières et la mise en place d’un couvre-feu de 21h à 5h du matin. Un coup d’Etat de plus dans une sous-région où les peuples ne cessent de manifester leur ras-le-bol face à la mauvaise gouvernance et à l’insécurité rampante.

 

 

A la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a donc pris le pouvoir au Burkina Faso. Officier d’infanterie de l’armée burkinabè, il avait été nommé (le 3 décembre dernier) commandant de la 3e région militaire du pays. Il est devenu du coup le premier responsable du dispositif antiterroriste dans la zone Est du Burkina ainsi que de la sécurité de la capitale Ouagadougou.

Une promotion consécutive à un vaste réaménagement dans la hiérarchie militaire du pays au lendemain de la meurtrière attaque terroriste ayant fait (il y a trois mois) 57 morts, dont 53 gendarmes. Cela avait provoqué des manifestations dans le pays pour dénoncer la gestion de l’insécurité faite par le régime de Rock Marc Christian Kaboré. Et une tentative de putsch avait été déjà déjouée par la suite. D’ailleurs, selon plusieurs sources, le nouvel Homme fort du Faso aurait côtoyé, durant sa formation militaire, le Colonel Zoungrana soupçonné de préparer un coup d’État et arrêté il y a deux semaines.

Le leader du MPSR fait partie des jeunes officiers surnommés «Les Boys» par l’ancien président de transition, Michel Kafando, parce qu’ils s’étaient courageusement opposés au coup d’État de 2015 mené par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) dissout par la suite. Auteur d’un essai, intitulé «Armées ouest-africaines et terrorisme : Réponses incertaines ?», le lieutenant-colonel Damiba a désormais toutes les cartes en main pour stabiliser son pays avant d’envisager tout retour à l’ordre constitutionnel si cher aux dirigeants de la Cédéao.

Ceux-ci se sont acharnés sur le Mali de peur que l’exemple du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) ne fasse tâche d’huile en Afrique occidentale. Et cela au nom des principes théoriques contenus dans le «Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance» de la Cédéao. Un document juridique qui, par les principes et les valeurs qu’il consacre, est une «constitution régionale». Malheureusement, entre août 2020 et le 24 janvier 2022, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est le 3e jeune officier à répondre à l’appel du peuple pour mettre fin à un régime de plus en plus décrié pour son incapacité à juguler la crise sécuritaire liée au terrorisme.

En fermant les yeux sur la mégalomanie de certains dirigeants, qui ont modifié leurs constitutions afin de rester au pouvoir, et surtout en ignorant superbement la détresse et les vraies préoccupations des peuples, que peut aujourd’hui la Cédéao que protester devant le fait accompli ? En tout cas son médiateur, Goodluck Jonathan du Nigeria, a du pain sur la planche tant que les dirigeants de la sous-région ne comprendront pas qu’ils sont élus pour combler des attentes nationales et non pour séduire des puissances néo-impérialistes pour se maintenir au pouvoir.

Comme l’a une fois rappelé en 2020 le représentant spécial des Etats-Unis au Sahel, Dr J. Peter Pham, «au cœur de la crise au Sahel se trouve la question de la légitimité de l’État…». Un pouvoir élu ne tire sa légitimité que de la confiance du peuple et de sa propre capacité à l’écouter afin d’orienter ses actions dans le sens de ses attentes !

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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