Un projet d’avancement de grade en violation de la loi N°2015-002 du 30 janvier 2015 portant statut des fonctionnaires de la Protection civile ; la reconduction d’une Commission nationale de recrutement frappée d’incompétence et à la moralité douteuse ; une gestion discriminatoire du personnel basée sur le clientélisme sont entre autres griefs au cœur d’un bras de fer entre le Directeur général de la Protection civile et la Section syndicale de la Protection civile (SSPC).
C’est l’escalade depuis plusieurs semaines à présent et la SSPC, l’un des deux syndicats de la maison n’entend pas se laisser conter fleurette.
Le projet d’avancement de grande qui fait l’objet d’une forte contestation est régi par la Loi N°2015-002 du 30 janvier 2015 portant statut des fonctionnaires de la Protection civile qui prévoit qu’il faut avoir au moins 1 notation sur les 4 nécessaires pour passer au grade supérieur. Ce qui, à en croire le syndicat, n’a pas été le cas pour les éléments proposés par le DG, le colonel Seydou DOUMBIA.
Saisi de cette violation des textes par la SSPC, le DG fait l’impasse sur la correspondance. En effet, contrairement aux dispositions statutaires d’avancement de grande, le DG dans sa lettre N°0281/2.DGPC-SDRH du 12 mars 2018, a émis un avis favorable pour l’adoption de l’arrêté portant avancement d’un groupe de personnels qui ne répondent pas aux critères d’avancement de grade au titre de l’année 2018.
Face à un mur de silence, la SSPC, par l’entremise de l’UNTM dont elle relève, a saisi le ministre de la Sécurité et de la protection civile par une lettre en date du 20 mars 2018.
Un autre pendant de ce cas de violation relevé par le syndicat, c’est l’instance de décision. En effet, explique-t-on, la procédure normale prévoit que la Direction générale propose au ministre de la Sécurité ceux qui doivent passer au grade supérieur. Cette liste est ensuite renvoyée à la Direction des ressources humaines (DRH) pour avis. C’est seulement suite à cela que les propositions de promotion sont prises en compte. Cette procédure n’ayant pas été respectée, apprend-on, le ministre a été saisi de l’irrégularité. À cheval sur les principes, le général Salif TRAORE a demandé le respect des textes en la matière. A la stupéfaction générale de la SSPC, c’est l’ancienne liste qui a été renvoyée au ministre sous le sceau de la DRH qui n’aurait vu que dalle. Ce qui, aux yeux des syndicalistes, est une manière d’abuser d’un supérieur et faire passer en force la liste qui serait truffée d’éléments qui ne répondraient pas aux critères d’avancement.
Pour ce qui est du rejet de la Commission nationale de recrutement, voici les arguments évoqués par la SSPC. Lors du recrutement de 2017, rappelle-t-on, il était question d’engager 350 éléments. Il y a eu environ 20 000 dossiers de candidatures. La Commission s’est retrouvée dans l’incapacité de retenir le nombre de candidats demandé. Un deuxième appel à candidatures s’est imposé où environ 12 000 personnes ont postulé. Après une gymnastique haut vol, la liste des 350 admis a été arrêtée. Mais, fustigent les syndicalistes, à vue d’œil, certains admis traînaient un handicap physique. C’était tellement flagrant, rapporte-t-on, que 3 d’entre eux ont été remis à leurs familles, mettant en doute la moralité du recrutement et la compétence de la Commission de recrutement.
Autre manquement, c’est que contrairement à une pratique bien établie, c’est seulement un syndicat qui a été admis au sein de la Commission de recrutement à l’exclusion de la SSPC. Ce qui n’est pas sans exhaler les odeurs putrides d’un clanisme, à en croire les explications des syndicalistes.
A cela, ajoute-t-on, le fait de confier la présidence de la Commission de recrutement à un autre membre de son staff au détriment de son adjoint.
Pour le recrutement, apprend-on, le ministre de la Sécurité a pris un arrêté indiquant qu’il sera zonal. Ce qui revient à dire que chaque zone met en place sa Commission de recrutement. En violation de l’Arrêté ministériel, le DG a mis en place une Commission nationale de recrutement. Pis, la même Commission qui a brillé par son incompétence et sa morale douteuse.
Toutes ces pratiques, dénoncent les responsables syndicaux de la SSPC, ne sont que la pointe de l’iceberg d’une atmosphère délétère sur fond de ‘’gestion archaïque du personnel’’, selon les termes du secrétaire général de l’UNTM, de favoritisme, de népotisme, avec des humeurs personnelles du boss. Elles sont jugées nuisibles à l’épanouissement et à la stabilité du corps.
C’est contre ces pratiques néfastes que la SSPC est vent debout. Elle est convaincue que les lois triompheront sur le diktat d’un DG hermétiquement fermé à toute idée de dialogue.
Par Bertin DAKOUO
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