Les élus de la nation ont voté hier, à l’unanimité le projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence d’une année. Le gouvernement pourrait désormais prendre certaines mesures pour restreindre les libertés individuelles et collectives dans le but de préserver l’ordre public et la quiétude des populations.
Plus de 20 000 patrouilles, 15300 interpellations, 200 armes à feu saisies, de nombreux attentats terroristes déjoués et plusieurs présumés terroristes arrêtés. C’est le bilan de l’état d’urgence qui expire ce mercredi 31 octobre 2018. Face à ces acquis révélés par le ministre de la Sécurité et le président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, les députés ont approuvé le projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 31 octobre 2019.
Selon Zoumana N’Tji Doumbia, président de la Commission des lois, la prorogation de l’état d’urgence est justifiée par la situation sécuritaire qui fait ressortir des préoccupations notamment la poursuite des actions terroristes, du banditisme transfrontalier et le trafic de stupéfiants dans les régions du nord.
Restriction des libertés
Le projet de loi adopté par la majorité et l’opposition donne pouvoir à l’autorité compétente de règlementer ou d’interdire la circulation des personnes, des véhicules ou des bien dans certaines localités et à certaines heures, d’interdire à titre général ou particulier, tous cortèges, défilés rassemblement et manifestation sur la voie publique. De même, l’autorité administrative peut procéder à la recherche et à l’enlèvement et, s’il y a lieu, ordonner la remise et le dépôt des stations radioélectriques privées d’émission ou de réception autres que les postes récepteurs et radiodiffusion ou de télévision. Elle est également habilitée de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature, sur des réseaux sociaux ainsi que celui des émissions radiophoniques ou télévisées, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales, etc.
L’indignation des députés du centre
Au cours des débats, les députés notamment ceux du centre, ont exprimé leurs indignations par rapport à l’interdiction de la circulation des engins à deux roues dans certaines localités. Cette décision, selon Amadou Cissé, député élu à Ténenkou, complique la vie aux populations des localités concernées. Il revenait donc au Général Salif Traoré de convaincre les députés sur l’importance de cette mesure qu’il qualifie lui-même “radicale”.
Selon le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, cette décision a été prise dans le cadre de l’opération militaire Dambe pour traquer les terroristes dans les régions de Mopti et Ségou. Son application, soutient-il, a permis de diminuer le nombre des attaques terroristes. Toutefois, le Général Salif Traoré a informé les députés, d’une éventuelle levée de cette mesure pour certaines localités après l’évaluation de la situation par l’Etat-major général.
En recommandation, l’Assemblée nationale a instruit au gouvernement des campagnes d’information, de sensibilisation et d’information au profit des populations et des formations à l’endroit des autorités locales sur les nouvelles prérogatives découlant de la mise en œuvre de la loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence.
Maliki Diallo
Source: L indicateur du renouveau