L’Union Européenne (UE), à travers l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-cîtés (FRONTEX), armée de drones et d’autres équipements policiers, sera bientôt aux portes de l’Afrique Subsaharienne si rien n’est fait. Selon l’Association Malienne des Expulsés (AME), elle (UE) envisage de se positionner sur la route de l’Atlantique et du Sahara à travers le Sénégal et la Mauritanie, au motif d’empêcher les migrations irrégulières. Pour manifester son niet à cette politique européenne aux portes des pays de migration dont le Mali, l’AME a organisé une conférence de presse, le jeudi 18 août 2022, à son siège (à Djélibougou), pour prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur les conséquences des politiques migratoires européennes sur les pays du sud. Ladite conférence a été animée par le président de l’AME, Ousmane Diarra ; Lamine Diakité, chargé du volet juridique à l’AME ; et Mohamed Diarra de la cellule de communication de l’association.
L’agence Frontex, disent les conférenciers, opère le plus souvent avec des pays du sud comme le sénégal et la Mauritanie en constituant des partouilles mixtes, en formant et en équipant les forces de l’ordre locales. Outre cette tâche, l’agence frontex veut s’approcher des portes des pays du Sahara. L’AME, révèlent les orateurs, vient d’apprendre, à travers des sources fiables, que l’UE envisage de déployer «des navires, des équipements de surveillance et d’exécuter des tâches opérationnalles» au Sénégal et en Mauritanie, des pays avec lesquels elle serait en négociation avancée pour finaliser le projet. «Il est question d’engager des démarches en vue de la négociation et, à moyen terme, de la conclusion d’un accord de statut permettant un soutien opérationnel direct de Frontex au Sénégal et en Mauritanie, singulièrement en matière de prévention de la criminalité et de la migration irrégulière, y compris dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains», a fait remarqué avec mécontentement l’AME. Selon elle, l’objectif de Frontex est de contrôler l’ensemble des frontières extérieures européennes (maritimes, terrestres et aériennes), notamment l’ensemble des pays qui sont les plus exposés aux «flux d’immigration clandestine », «aux trafics criminels», et « aux infiltrations terroristes»; surveiller les zones frontalières afin de renvoyer les ressortissants des pays hors du territoire européen ; organiser le retour groupé des étrangers en situations irrégulières de plusieurs pays membres.
Pour mettre fin à cette intention de l’UE dont les vraies raisons seraient ailleurs, l’AME a fait des recommandations. D’abord, envers l’Union européenne et ses Etats membres associés, l’AME recommande il faut abandonner systématiquement l’approche sécuritaire des politiques migratoires afin de faciliter la traditionnelle mobilité entre continents européen et africain; cesser d’utiliser l’aide publique au développement qui, d’ailleurs, est nettement inférieure à l’argent envoyé par les migrants dans leurs pays d’origines, comme monnaie d’échange pour empêcher les migrations ; garder les frontières accessibles pour garantir aux demandeurs d’asile la possibilité de demander une protection internationale sur le territoire européen ; respecter la déclaration universelle des droits de l’Homme qui accorde à tout être humain, « le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans un pays » ; ratifier et appliquer la convention des Nations-Unies sur les travailleurs migrants et des membres de leurs familles. Aux Etats africains, l’AME demande de reviser tous les accords bilatéraux et multilatéraux de coopération économique avec l’UE et ses Etats membres et associés ; renforcer le dispositif juridique et politique de protection des migrants africains ; refuser d’être les gendarmes des Etats européens contre leurs frères africains. Au Sénégal et à la Mauritanie qui s’apprêtaient à signer l’accord contre des projets de soutien et d’assistance du Frontex dans leurs pays, l’AME demande d’assurer la protection des migrants subsahariens le long du parcours migratoire; refuser de signer des accords bilatéraux de coopération qui violent les instruments régionaux et sous régionaux en matière des droits de l’Homme.
L’AME se dit prête à tout mettre en œuvre pour que les pays francophones de la CEDEAO soient informés du plan machiavélique de l’UE pour qu’ils unissent leurs efforts afin de stopper le projet dirigé contre nos frères africains. Les jours à venir aussi, promettent les orateurs, l’AME réunira autour de la table, l’Etat et les acteurs de la société civile au Mali pour les informer de la situation afin qu’ensemble, ils prennent des mesures pour faire échouer le projet.
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain