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Prolifération et consommation abusive de la drogue: » J’ai arrêté de consommer le Tramadol, car il a tué l’un de mes amis » N’golo dixit

Ce jeune (auquel on a donné le pseudonyme de N’Golo), âgé d’une vingtaine d’année, a fait cet aveu au cours d’une enquête menée par L’Indépendant. Il fait partie des centaines, voire des milliers de jeunes maliens addicts au Tramadol, un anti douleur devenu une drogue très prisée. Selon lui, il a stoppé la consommation de ce produit, qui est à l’origine de la mort de son ami.

 

Selon les informations recueillies auprès des professionnels de la Santé, le Tramadol est un antalgique central, développé en 1970 par la firme Allemande Grünenthal GmbH. Ce médicament, commercialisé sous les noms de Nobligan, Tiparol, Topalgic, Tradolan, Tramal, Ultram, Ixprim), est classé dans la catégorie des antidouleurs (analgésique de niveau 2 comportant également de la codéine et des extraits d’opium). Son usage, sans prescription médicale, peut entrainer des conséquences néfastes, pouvant conduire à une addiction pour ceux qui s’y adonnent.

Malgré ce risque, l’accès à ces médicaments est facile et devient la nouvelle source de motivation et d’énergie pour la jeunesse malienne qui, de nos jours, se précipite vers cette tendance, à laquelle elle s’identifie sous les influences des  » vendeurs d’illusions  » que sont devenus certains Rappeurs, lesquels ont pour slogan : le Sexe, la Drogue et l’Argent.

N’golo, rescapé du fléau, affirme : «  j’ai commencé la consommation de ce médicament il y a deux ans. C’est par un ami que je l’ai découvert. Ce dernier me l’offrait jusqu’à ce que moi-même j’ai commencé à le payer. A cette époque, la plaquette coûtait 300 FCFA. C’est au fil du temps que le prix a grimpé et aujourd’hui il se situe à 4 000 FCFA. J’ai piqué des crises à plusieurs reprises sous les effets de l’abus du médicament. La première fois, ce fut quand, avec des amis, je suis tombé dans un coma qui a duré deux heures environ. J’ai eu de la chance, car cela s’est déroulé sous la vigilance de mes potes, sinon je serais mort subitement, à coup sûr « . Il poursuit :  » J’ai, d’un seul coup, étouffé et greloté, piqué à nouveau une crise, un autre jour. Mes amis m’ont amené à l’hôpital où le médecin m’a dit, sans hésitation, que si cela devait se reproduire, j’en mourrais, car mon organisme ne supportait plus toutes ces doses. J’en prenais six en moyenne par jour, souvent je pouvais prendre une plaquette entière de dix comprimés « .

A l’en croire, «  ce produit est à la base de la mort d’un de mes amis, qui en aurait pris en grande quantité « . Ce dernier était, selon lui, un apprenti chauffeur de Sotrama.  » Il s’est accroché à un véhicule qui devait l’amener à Magnamboubou, et, malheureusement, il a fait une overdose et est tombé sur un chantier, où la voiture qui suivait l’a écrasé « , a-t-il dévoilé, plein  d’amertume.

Un autre amateur de ce produit, qui n’a pas voulu décliner son identité (et que nous appellerons Kara), a expliqué qu’il  » prend une plaquette chaque jour et que cela l’aide à gérer son stress et à contenir ses pulsions « . Car, dit-il,  » le Tramadol m’a permis de gérer les stations et affaires que mes parents m’ont confiées. En plus de ces effets euphorisants, il soutient que  » c’est un aphrodisiaque qui lui permet de bien bander« .

Selon des recherches, il est très difficile de faire une rupture brusque de ce médicament addictif, au risque de subir le  » syndrome du sevrage « , qui entraîne un état psychosomatique avec d’énormes douleurs physiques et psychologiques, pouvant même conduire à un délire de persécution ou une schizophrénie (folie). Ces crises de schizophrénie sont à l’origine de beaucoup de crimes crapuleux, de meurtres sans préméditation (infanticides et féminicides), d’attaques terroristes et autres, selon les spécialistes sécuritocrates.

Selon Abdoulaye Konaré, étudiant chercheur à l’Université du Point G, il n’y a pas de médicament pouvant assurer avec certitude une rupture d’avec le Tramadol.  » Tout est question de volonté et de détermination, toutefois, il faudra que le sevrage soit fait avec subtilité. Réduire petit à petit la quantité de consommation serait mieux, sous l’œil vigilant d’un professionnel de la santé. Pour le cas du Mali, c’est le psychiatre qui s’occupe de ces personnes présentant des troubles de la personnalité. Néanmoins, j’ai appris qu’il y aurait un centre vers Sébénicoro, qui s’occupe de ces cas. Il s’agit d’un centre d’isolement dans lequel vous êtes coupé de tout et de tous « , a-t-il indiqué.

Ababacar Diouf

Source: l’Indépendant

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