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Projet de constitution d’un «grand pôle politique de gauche» : Les dessous de tractations politiques opportunistes

Au vu de l’émiettement du paysage politique malien, de plus en plus de leaders ne cessent de prôner un regroupement des partis politiques. Ainsi, ceux d’obédience socialiste paraissent être les plus entreprenants avec le projet de créer un  » grand pôle politique de gauche  » pour, dit-on,  » combler le vide constaté dans l’animation du débat politique « . Apparemment, les FARE de Modibo Sidibé et la CNAS Faso Hérè de Soumana Sako sont les relanceurs de ce projet dont le PARENA et l’ADEMA-PASJ n’avaient pas réussi à poser les bases claires. Seulement, l’initiative du rapprochement du RPM, le parti au pouvoir et du PASJ, tous deux de l’internationale socialiste, suscite bien de supputations sur les arrière-pensées de ce projet de création du pôle politique de gauche.

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En février 2014, à la faveur de la mise en place des groupes parlementaires de la 5ème législature, les FARE Anka Wili et SADI annonçaient leur volonté de poser les jalons d’un nouveau pôle politique sur le socle du groupe parlementaire FARE-SADI. L’entreprise n’a eu qu’une très courte durée de vie. Ce groupe parlementaire s’était inscrit, non sans difficulté, dans la majorité présidentielle, déjà forte à l’Hémicycle du RPM, de l’ADEMA-PASJ et l’APM (composée par la CODEM,  la CDS, le MPR, le CNID, l’UM-RDA, YELEMA, l’UDD, etc). C’était en présence de certains responsables de ces différents partis dont le Secrétaire général adjoint des FARE d’alors, Bakary Coulibaly et plusieurs autres cadres de SADI dont l’ancien ministre Yéhia Ag Mohamed Ali. Le député RPM de Dioïla, Mamadou Diarrassouba disait, à cette occasion, ceci : « Quand le président de la République viendrait à dérailler, nous allons nous rendre chez lui pour dire que nous ne sommes pas d’accord », a-t-il précisé.

Un pôle  politique pour le bonheur du Mali?

Et Dr Oumar Mariko d’ajouter qu’ »avec le RPM, il faut qu’on arrive à former un pôle de gauche soucieux du bonheur du Mali. Nous allons nous retrouver entre nous socialistes ».

Le projet longtemps mijoté par Tiébilé Dramé du PARENA en caressant l’idée d’une fusion du parti avec le PASJ, alors dirigé par un certain Pr Dioncounda Traoré, venait de regagner de l’intérêt. Il s’en suivra de nombreuses tractations non plus entre les deux partis mais entre l’ADEMA-PASJ, les FARE, SADI, l’ASMA-CFP, le PIDS, le RPM, la CNAS Faso Héré, tous se convainquant de l’impérieuse nécessité de créer ce front de gauche malien.

Les partis des abeilles et des tisserands, forts de leur bon positionnement au sein de l’Internationale socialiste, se sont vu confier, après de nombreuses rencontres à l’extérieur, la mission de rassembler au sein d’un grand bloc toutes les formations politiques d’obédience socialiste ou socio-démocrate. L’ex-Premier ministre Modibo Sidibé des FARE sera l’un des illustrateurs de ce projet et n’hésitera pas dans certaines de ses sorties à prêcher « l’importance de l’idéologie politique. Nous, nous sommes des socio-démocrates ; que les autres aussi affichent clairement leur idéologie politique « .

Le leader du parti du baobab clamera alors haut et fort que sa formation est de « l’opposition républicaine et constructive  » et que cette opposition est plurielle. Comme pour proclamer son identité propre au sein d’un contre-pouvoir à IBK constitué d’un parti d’obédience libérale comme l’URD de l’honorable Soumaïla Cissé.

Au sein du courant politique libéral, on classe également le PDES d’Abdoulaye Ahmadou Diallo, le PCR d’Ousmane Ben Fana Traoré et d’autres formations politiques de moindre envergure. Comment alors avoir une bonne lisibilité du positionnement politique des partis quand certains des alliés du pouvoir (RPM) sont d’obédience libérale et que d’autres formations politiques appartenant à l’opposition sont proches du courant socialiste ?

Fragiliser l’opposition?

C’est cette interrogation qui pousse certains analystes à déduire que le débat sur la création du  » grand pôle politique de gauche  » est un subterfuge pour constituer une plateforme d’alliés autour du RPM, dans la perspective des élections générales de 2018.

En clair, l’attrait du pouvoir fait que certains opposants d’aujourd’hui ne résistent plus à la tentation de s’accoquiner avec le régime IBK, qui a véritablement besoin d’un plus grand accompagnement pour relever les défis qui sont les siens. En même temps, en rassemblant la plupart des partis se réclamant de la gauche, le RPM contribuera à coup sûr à fragiliser l’opposition, dont la désignation du chef de file n’est pas applaudie par les gouvernants. Il s’agit, en d’autres termes, de créer une sorte de vide autour de l’URD et son leader, Soumaïla Cissé qui, lors de futures échéances électorales, pourront se sentir, hélas, bien esseulés. Les FARE, le PARENA, le PIDS, le PS Yelen Kura se considérant des partis d’opposition mais alliés idéologiques des  » frères de  gauche du RPM «  et de l’ADEMA.

D’ores et déjà, certains observateurs murmurent que la formation du prochain gouvernement pourra créer quelques surprises avec des figures proches de l’opposition en son sein. Comme pour dire que« le bonheur du Mali »  (IBK dixit) passera par tous les calculs politiciens.                        

    B D S

 

Source: L’Indépendant

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