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« Programme Sankoré » d’éducation numérique : Du plomb dans l’aile ?

Au Mali, le programme projetait d’équiper 335 écoles en tableaux numériques, de former des enseignants et de soutenir la production locale de ressources numériques d’enseignement. Mais depuis son lancement en juillet 2011 plus rien

Les technologies de l’information et de la communication ont un rôle important à jouer dans l’éducation. C’est conscient de cela que les autorités du Mali ont  lancé en juillet 2011 le programme d’éducation numérique dénommé, « Programme Sankoré ». Plusieurs membres du gouvernement, des représentants d’organismes internationaux accrédités dans notre pays et  des structures impliquées dans l’éducation ont participé à la cérémonie. L’ancien ministre français des Industries et des Entreprises,  et président du Groupement d’intérêt public pour l’éducation numérique en Afrique, Alain Madelin ainsi que le délégué interministériel pour l’éducation numérique en Afrique, Albert Claude Benhamou ont pris part à l’événement.

Le groupe scolaire Mamadou Konaté a été choisi pour lancer ce programme. Et ce choix n’est pas fortuit. Créée vers les années 1930, c’est ici qu’enseigna pour la première fois le premier président du Mali indépendant, Modibo Kéïta. L’établissement porte  également le nom du premier président de l’Assemblée nationale, Mamadou Konaté. Elle compte aujourd’hui 110 enseignants, 10 écoles dont 6 premiers cycles et 4 seconds cycles pour un effectif de 2361 élèves dont 1181 filles.

Le Programme Sankoré a été initié par les gouvernements du Mali, du Sénégal et de la France lors du forum sur le « Projet Sankoré d’éducation numérique en Afrique », tenu à Bamako en 2009. Il devrait permettre de doter plus de 6000 classes à travers l’Afrique en tableaux numériques interactifs contribuant ainsi à intégrer véritablement les technologies de l’information et de la communication dans l’éducation. C’est l’ancien président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, qui a donné le nom « Sankoré » au programme en souvenir de la célèbre université de Tombouctou qui rayonna du XIIe au XVIe siècle.

Au Mali, le programme projetait d’équiper 335 écoles en tableaux numériques, former des enseignants et soutenir la production locale de ressources numériques d’enseignement.

A LA PLACE DU TABLEAU NOIR ET DE LA CRAIE : Le tableau numérique interactif (TNI) ou tableau blanc interactif (TBI) est constitué d’un ordinateur et d’un tableau numérique qui permet une interaction entre l’ordinateur, l’enseignant et les élèves. Une baguette numérique sert de souris. Il s’agit d’un système qui vise à remplacer le tableau noir et la craie. Très pratique, le tableau interactif stimule et rend facile l’apprentissage des enfants.

Les technologies de l’information et de la communication sont devenues l’un des piliers de la société moderne. La réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dans le domaine de l’éducation, notamment la scolarisation universelle de tous les enfants d’Afrique à l’horizon 2015 exige nécessairement une révolution de la pratique éducative. D’où l’intérêt de l’éducation numérique, a expliqué à l’époque le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales, Salikou Sanogo.

Dans notre pays, l’accès et l’amélioration de la qualité de l’enseignement sont une priorité. La bataille pour un taux de scolarisation de 81,4 %, conformément aux OMD, est en train d’être gagnée. Mais le défi de la qualité des apprentissages reste à relever. A cet égard, l’un des moyens pour atteindre cet objectif est la formation des enseignants. C’est dans le souci d’améliorer les apprentissages que la formation aux TIC a été retenue comme un axe prioritaire dans les différentes phases du Programme d’investissement sectoriel de l’éducation (Pise III), a commenté le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales.

L’initiative du « Programme Sankoré » vient appuyer celle déjà entreprise par le gouvernement. Outre un accès libre et gratuit à l’information et à la documentation, le programme permettra aux maîtres et aux élèves d’être en phase avec l’évolution du monde à travers une meilleure maîtrise des TIC, avait expliqué le ministre Sanogo. « Cette nouvelle approche pédagogique va instaurer le plaisir d’apprendre chez les élèves et permettra certainement d’accélérer la scolarisation du reste des enfants du pays »,  disait le ministre.

Et Salikou Sanogo d’ajouter : « l’équipement de 335 écoles en classes numériques avec l’installation d’un tableau numérique interactif contribuera à améliorer la qualité de la formation donnée par les maîtres. Les enseignants aidés par le numérique pourront désormais utiliser de nouvelles pratiques pédagogiques. Car ils ont à leur disposition des ressources pédagogiques numériques libres, gratuites et diversifiées ».

PAR LES AFRICAINS ET POUR LES AFRICAINS : Alain Madelin et Albert Claude Benhamou ont tour à tour exprimé l’intérêt que leur gouvernement accorde à ce programme qui va concerner 6000 classes en Afrique. Les enseignants pourront créer une collaboration d’apprentissage avec les collègues du Sénégal et de l’Ile Maurice. Mais également avec d’autres pays concernés par le programme.

« Le Programme Sankoré engagé en France par les Africains et pour les Africains, tout en rendant l’accès libre aux ressources éducatives à travers le numérique permettra de réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud », a expliqué Alain Madelin pour qui la réussite, ce programme requiert une grande capacité d’imagination et de créativité pour les écoles bénéficiaires.

Son compatriote Claude Benhamou a exhorté les pays africains à s’approprier du programme qui est un espoir d’amélioration des pratiques de l’enseignement dans nos pays. Le président de la République s’est réjoui de l’initiative du « Programme Sankoré », en indiquant que Tombouctou est la ville malienne la plus connue dans le monde à travers les  moquées de Sankoré et de Djingareyber. En effet, dans le temps, l’Université Sankoré accueillait plus de 25000 étudiants. Des érudits célèbres comme Mohamed Bagayoko et Ahmed Baba y ont enseigné. Le chef de l’Etat a remercié le gouvernement français qui a rendu possible le programme.

Le Programme Sankoré est l’aboutissement des efforts d’hommes et de femmes de conviction dont l’ambition est d’améliorer les outils et les stratégies de formation dans les écoles et les centres de formations professionnelles dans notre pays et en Afrique, a dit Amadou Toumani Touré. 
« Le numérique est un puissant levier qui doit permettre d’améliorer les performances de notre système éducatif. En conséquence, son appropriation par les utilisateurs devrait être élevée au rang d’exigence et de priorité », a indiqué le chef de l’Etat pour qui le Programme Sankoré témoigne que l’Afrique est entrée de plain-pied dans l’ère du numérique.

Les autorités du Mali ont apprécié le savoir-faire et la maîtrise des formateurs de l’outil en visitant la classe dans laquelle feu Modibo Kéïta  a  enseigné  avant de  devenir le premier président du Mali indépendant.

Cependant depuis son lancement, le « Programme Sankoré » peine à démarrer au Mali. Aucun équipement n’a été reçu par les acteurs au sein de l’école Mamadou Konaté. Les formateurs également attendent toujours d’être initiés. Les rares équipements disponibles sont en état de délabrement. Dans les écoles on comprend mal que le programme qui avait suscité un grand engouement des enseignants et des élèves s’arrête en si bon chemin. Au ministère de tutelle également on est avare en explication.

 

Par B. H. COULIBALY

Source: L’Ecole

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