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Processus de sortie de crise au Mali : La plateforme Anw Ko Mali Dron propose un DNi à la place du DPI

La plateforme Anw Ko Mali Dron composée de plusieurs organisations politiques et de la société civile dont l’Adema (association), les Fare Anka Wuli… a rendu public son document comportant ses éléments de réponse pour le Dialogue national inclusif (Dni). Ledit document soulève plusieurs interrogations relatives à la résolution de la grave crise politico-sécuritaire qui secoue notre pays depuis 2012.

En réponse à la question pourquoi un Dialogue national inclusif, le document rappelle que le Mali traverse actuellement la crise la plus grave, la plus profonde et la plus dangereuse de son histoire contemporaine menaçant l’existence même de la nation et du pays.  L’incapacité des pouvoirs publics à mettre fin à toutes les formes d’insécurité qui se généralisent et aux affrontements meurtriers mettant en péril l’unité nationale et le vivre ensemble multiséculaire des diverses communautés maliennes, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (Apr) qui peine à enclencher la phase de stabilisation, ont conduit à l’idée que seule une solution politique basée sur le principe d’un processus endogène de sortie de crise, est en mesure de relever les défis essentiels qui mettent en cause l’unité nationale, la cohésion sociale et le développement du pays.

Aussi, convaincus que seul un Dialogue national inclusif (Dni) permettra aux Maliens de se parler et de convenir ensemble de solutions consensuelles aux principaux défis de la nation et engager les réformes institutionnelles, politiques, économiques et sociales indispensables à notre sécurité et à notre développement, de nombreux partis politiques, associations, personnalités, collectivement ou individuellement, ont affirmé la nécessité de rassembler les Maliens sous des vocables différents et, ont interpelé en vain le président de la République et le gouvernement depuis 2013 sur l’urgence à engager un vrai processus inclusif de refondation.  “A l’entame du second mandat, avec la crise politique consécutive aux dernières élections présidentielles, l’aggravation de la situation sécuritaire, politique et économique, la dégradation continue des conditions de vie des populations, la perte de confiance des citoyens à l’égard des Institutions de la République et de la classe politique, les trafics criminels en tous genres, les graves violences ayant cours principalement dans la partie centrale du pays, le risque accru de partition du Mali et d’effondrement de l’Etat, le Dialogue national inclusif est apparu comme incontournable y compris aux yeux des pouvoirs publics”, mentionne le document.

Replacer le peuple au cœur du processus de sortie de crise 

Ainsi, rappelle-t-il, le président IBK déclarait le 16 avril 2019 : “L’idée d’un cadre de dialogue plus vaste, plus représentatif, plus inclusif fait son chemin et emporte mon adhésion…Ce qu’il nous faut, c’est un format qui ne laisse personne sur le quai, qui rassemble les segments les plus divers de notre société… Ce qu’il nous faut, c’est un consensus solide pour notre avenir politique, institutionnel, social, je devrais dire sociétal”.

A la question parlons-nous  du même Dialogue national et inclusif, la plateforme commence d’abord par définir le Dialogue national inclusif qui, selon lui,  est un exercice démocratique hautement participatif qui replace le peuple au cœur du processus de sortie de crise en redonnant aux Maliens et Maliennes cette chance historique de se parler, de faire le point et de dire ce qu’ils veulent construire ensemble pour leur pays en tant que Nation.

Aussi, précise le document, le Dialogue national inclusif, comme appellation du rassemblement des Maliens voulu par un grand nombre d’acteurs, prend en compte toutes les dimensions du Mali en crise, la globalité, la profondeur de la crise, toutes les communautés, toutes les forces, mobilise tous les citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur et se veut le conducteur pertinent pour une véritable union sacrée. Aussi Anw Ko Mali Dron a retenu le vocable de Dialogue national inclusif (Dni).

De la lecture de la plateforme, le Dialogue national inclusif est donc différent du Dialogue politique inclusif (Dpi) qui est réducteur par le contenu, par les acteurs et par la  portée. “Défini par l’accord de gouvernance de mai 2019 qui est tout sauf inclusif, il met en scène une partie seulement des forces politiques, se focalise sur le  projet de révision constitutionnelle, réaffirme l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, fige à l’avance la gestion des conclusions dudit dialogue et, en contradiction avec l’annonce du président de la République, il traduit une volonté de main mise gouvernementale sur le processus de dialogue”, déplore le document.

Pour la plateforme Anw Ko Mali Dron, le Dialogue national inclusif est l’élément central du processus endogène de sortie de crise tant la gravité et la complexité de la crise impliquent une reprise en mains par nous-mêmes de notre destin commun. A cet effet, il est autonome et souverain.

Aussi, les dispositifs  dédiés à la gestion du  processus, à  la mise en œuvre et au suivi des résolutions doivent être totalement indépendants, soustraits à toute influence politique. “Le Dialogue national inclusif est un processus national, endogène, dans le respect de la légalité républicaine et sans interférence extérieure”.

Convenir du format du dialogue

En réponse à la question de savoir comment est-ce qu’il faut organiser le Dialogue national inclusif, la plateforme dira qu’au préalable le président IBK, dans son discours 16 avril 2019, a esquissé un mandat du Dialogue, mais il n’a pas enclenché le processus participatif en conviant une rencontre des forces politiques et sociales en vue de convenir du format du dialogue en raison de la profondeur de la crise, étayer le mandat du Président et consacrer  ainsi une appropriation du processus.

Ainsi, cette rencontre des forces politiques et sociales aurait proposé les mesures de nature à créer un changement radical de gouvernance, un climat d’apaisement sur les fronts sécuritaire, politique, économique et social, redonner un sentiment de confiance mutuelle.

Au lieu de cela, déplore-t-il, le gouvernement et le chef de l’Etat, en décidant de manière unilatérale du format,  du contenu et des personnalités devant conduire  le  dialogue inclusif, fragilisent la légitimité du processus et le prive du terreau mobilisateur que constituent l’apaisement et le sentiment de confiance mutuelle. “Le Dialogue national inclusif est un processus ascendant, du local au  national, de la  base au sommet et il doit, au regard des participants, recourir à la notion de Délégué plus que de représentant”, a-t-il martelé.

Ainsi, elle proposera que ce Dialogue doit être ouvert à tous les citoyens, à l’ensemble des forces vives de la nation comprenant des organisations autres que les faitières d’associations, notamment les associations à caractère politique, les organisations professionnelles (telles que les chambres de métiers, d’agriculture, de commerce…), groupes et mouvements ainsi que la Diaspora.

De l’analyse de la plateforme, la qualité de l’organisation et  une préparation minutieuse sont nécessaires. Par conséquent, c’est une équipe de haut niveau composée de médiateurs nationaux (personnalités consensuelles, crédibles, compétentes au fait des enjeux nationaux et moralement irréprochables) qui doit prendre en charge le processus.

Ladite équipe doit définir sa structuration au plan national, régional et local, recruter les experts, fixer les règles de désignation des modérateurs au niveau régional et local, définir l’agenda, organiser et assurer la fidélité du reportage des propositions à la base, une grande mobilisation sociale… “Le Gouvernement de mission doit se cantonner à la facilitation du processus (budgétaire, sécuritaire, logistique…) et mettre fin à la propagande inappropriée de l’Accord de gouvernance et de son dialogue politique inclusif. La durée ne doit pas être un obstacle, les Maliens doivent prendre le temps qu’il faut pour le Dialogue.

Les étapes prévues, selon notre compréhension du Dialogue national, nécessitent  une durée modulable de 6 à 12 mois”, a mentionné le document.

Le dialogue doit traiter la préoccupation de l’ensemble des acteurs

En ce qui concerne le contenu du Dialogue national inclusif, la plateforme indique que la situation difficile  que vit  le pays commande   que le dialogue  aborde les problématiques dont la résolution permettra de sortir de la crise multidimensionnelle. Il ne s’agit donc pas de  traiter  quelques problèmes répondant aux seules préoccupations des tenants du pouvoir, mais bien de permettre aux Maliens de convenir des orientations majeures sur l’avenir du pays, sur l’infrastructure institutionnelle de notre Etat, sur notre vouloir républicain et démocratique, sur nos  réponses aux exigences de l’intérêt général, aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien, sur notre vivre ensemble dans une République et une Nation apaisées et soumises au respect des principes de justice et de redevabilité.

Selon le document, l’un des principes cardinaux du Dialogue national inclusif est donc le libre choix des sujets et questions par les participants. Toutefois, des thématiques majeures, à recenser toujours de façon participative pour s’assurer qu’elles seront examinées à tous les niveaux, pourront être exposées aux participants par des contributeurs sous l’égide de l’Equipe chargée du Dni. “Par exemple, une préoccupation aussi cruciale que  la crise de l’Etat ne peut-être occultée alors que partout sur le territoire, l’Etat et ses démembrements sont interpelés sur leurs capacités à délivrer les services de base, sur les spoliations, les multiples tracasseries dont les populations sont l’objet, sur la sécurité, la justice, tout comme la question de la neutralité de l’armée, de l’administration, de la religion dans le jeu politique”, a proposé la plateforme.

Contribuer à un nouveau fonctionnement institutionnel

Et de poursuivre qu’il en est de même de notre système de défense et de sécurité, de notre géographie et ses implications sur toutes nos politiques, comme des défis agro-écologiques, démographiques, éducatifs et sanitaires, l’Accord pour la paix et la réconciliation (Apr), les autorités traditionnelles, la culture…  “Il nous faut aussi prendre conscience de la dimension sahélienne et transrégionale de la crise et faire de la construction régionale sécuritaire et le développement un sujet de consensus. Sans être exhaustif, ceci nous montre le nombre et la complexité des questions à envisager, d’où l’importance de la qualité du travail de tri pour disposer de thématiques majeures limitées, mais significatives pour un traitement de fond de l’ensemble des causalités ayant engendré et alimenté la grave crise que connaît le pays depuis quelques années“, peut-on lire dans le document.

Du point de vue de la plateforme Anw Ko Mali Dron, le Dialogue national inclusif doit avoir des portées et les recommandations doivent être suivies caractérisées par des orientations et stratégies d’un agenda malien de sortie durable de  crise se dirigeant vers un redressement du Mali. “Le Dialogue doit contribuer à un nouveau fonctionnement institutionnel, une nouvelle alliance entre les citoyens et leurs gouvernants,  indispensable à  la reconstruction du Mali, rétablir la  confiance…”.

Aussi, il doit construire une citoyenneté nouvelle marquée par les valeurs morales fondamentales de la société malienne, à savoir, l’amour du pays, le culte du travail, l’esprit de responsabilité, de justice sociale, d’honnêteté et d’une manière générale, le respect sacré du bien public.

La Plateforme propose de donner un nouveau souffle politique à l’Apr à même d’introduire la vision, le projet et la légitimité afin que l’accord de  paix devienne porteur d’avenir pour le Mali entier. “Une nouvelle légitimation de l’Etat donne à notre démocratie un Etat fort, juste, représentatif et efficace dont elle a besoin. Un projet à la fois osé et réaliste de décentralisation”.

Pour la Plateforme, il faut définir les fondamentaux en matière institutionnelle, sécuritaire, infrastructurelle, économique, sociale, éducative, sanitaire, scientifique, technologique et d’innovation, d’aménagement équitable et équilibré du territoire.

“Les recommandations issues du Dialogue national inclusif consignées dans un rapport adressé au Président de la République aux fins de mise en œuvre auront force contraignante pour tous les Gouvernements qui auront la charge de conduire les affaires publiques du pays afin de bâtir les fondamentaux que réclame le redressement du pays et cela, en  conciliant le temps  politique et le temps des transformations structurelles.Le Dialogue national inclusif définira son mécanisme de suivi qui pourrait être un système de collèges citoyens”, conclut le document.

 Boubacar PAÏTAO

Source: Aujourdhui-mali

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