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PROCESSUS DE PAIX D’ALGER : Les oppositions aux accords ne sont pas un signe de désamour pour le Mali, au contraire…

Le meeting organisé le 29 mars 2015 au palais de la culture Amadou Hampaté Bah avait l’allure d’un tribunal contre les opposants aux Accords d’Alger. Nombreux étaient les observateurs restés sur leur faim, tant les arguments avancés n’étaient pas du tout ceux auxquels le peuple s’attendait. La Majorité se trompe-t-elle de combat ? A-t-elle réellement des arguments pour battre en brèche les raisons du rejet des Accords par l’Opposition et une partie de la Société civile? Est- elle capable de défendre la ligne politique du gouvernement ? Telles sont les questions qui taraudent les esprits des observateurs de la scène politique malienne. Analyse d’une fuite en avant de la majorité présidentielle.

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Le meeting du dimanche 29 mars 2015 fut un baromètre intéressant pour juger de la capacité de la majorité présidentielle à arrimer tous les maliens au projet d’accord d’Alger. En lieu et place d’un argumentaire solide qui motive et rassemble le peuple à soutenir le gouvernement dans sa campagne de sensibilisation pour une adhésion inclusive aux accords de paix, les leaders de la majorité présidentielle se sont livrés à une diatribe sans précédent.

Les observateurs de la scène politique ont été profondément déçus par la qualité des réponses données à la question simple de savoir : « en quoi ces Accords sont-ils bons pour le Mali ? ». Au lieu d’aller droit au but,  la plupart des intervenants se sont attaqués à l’Opposition dans un réquisitoire haineux et discourtois faisant des opposants aux accords, des apatrides aimant moins le Mali et se souciant peu de la souffrance des populations du nord.

Le doyen Boulkassoum Haidara, président par intérim du RPM et président de la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP)  mettra le feu aux poudres en déclarant : « Quel est le patriote malien sincère et soucieux du seul Mali qui ne veut pas que cet accord de paix soit signé ? Où était-il quand les 2/3 du pays étaient occupés par les forces jihadistes ?  Qu’a-t-il fait ? Quel a été le sentiment qu’il a éprouvé lorsque les forces Serval ont frappé les jihadistes le 11 janvier 2013 ? », S’interrogeait-il. Selon Boulkassoum Haidara, la réponse à ces questions est que ce patriote convaincu et sincère est soit un agitateur amnésique du Sud, soit un criminel économique du Nord ». Le doyen n’a certainement pas compris que le peuple a plus besoin de réponses à ses préoccupations d’unité, d’intégrité, de laïcité. Bref, le peuple voulait savoir quel est le degré de conformité des accords à la loi fondamentale de la République du Mali.

Rajoutant de l’huile sur le feu, le président par intérim de l’ADEMA, le Professeur Tiémoko Sangaré versera aux débats la goutte d’eau qui fera déborder le vase. A la confusion générale, il tiendra des propos qui frisent la menace, l’intimidation et la remise en cause du patriotisme  des opposants : « Nous estimons que le gouvernement, inspiré par le président de la République, a obtenu un accord qui est bon pour le Mali. Car nous disons à ceux qui nous jettent à la figure que cet accord n’est pas bon, c’est bien beau de le dire. Alors qu’est-ce qu’ils nous proposent ? Qu’est-ce qu’on propose pour le Mali aujourd’hui ? Qu’on aille à la guerre ? On n’ira pas à la guerre. On ira jusqu’au bout avec le processus de négociation et l’application de l’accord d’Alger…..».

Tout ce qui précède conforte le mouvement « An filila » qui cartonne sur internet. La CMP a décidément du pain sur la planche. Après la sortie ratée des ténors de la majorité, ce fut le tour des menu fretins de passer à côté. Lors du débat organisé sur Africable Télévision à l’occasion du 26 Mars, l’estocade fut donné par l’un des fervents soutiens des putschistes du 22 mars, Younouss Hamèye Dicko et un certain Sacko, tous de la majorité présidentielle, d’envenimer les débats. Soit, ils n’ont pas lu entièrement les accords soit la sémantique leur fait défaut. Dans les deux cas, ils ne sont pas conséquents avec eux-mêmes. Nul n’a le monopole de l’amour du Mali.

La majorité, en répliquant avec véhémence à l’Opposition et à la Société civile, opposées aux Accords, semble donner raison aux blasés de la République, à tous ceux qui pensent que le pouvoir est sur la mauvaise pente dans sa défense aveugle des accords d’Alger. Un gros hiatus à noter, c’est que les propos de la majorité vont à l’antipode de ceux tenus  à la tribune des Nations-Unies par le chef de la délégation gouvernementale à Alger, le Ministre des Affaires Etrangères M. Abdoulaye Diop, qui reconnait que ces accords ne sont pas parfaits.

Quid des douze pages d’amendements du Gouvernement malien. Le prêcheur le plus célèbre du Mali, Chérif Ousmane Madani Haidara, reconnaitra lui aussi que ces accords n’étaient pas bons. L’un des fidèles compagnons du père de la Nation, Amadou Djicoroni relèvera sans équivoque que l’accord d’Alger 2015 est inacceptable. Le Professeur Issa N’diaye qui fut le père fondateur du  mouvement « Alternative 2002 », l’ancêtre du RPM affirmera également qu’avec ce projet d’accord, le Mali perdait une large part de sa souveraineté.

Le Professeur Aly Nouhoum Diallo qui fut le premier président de l’Assemblée Nationale du Mali démocratique pendant deux législatures, par ailleurs, ancien président du Parlement de la CEDEAO au nom du Mali pense tout haut que les accords portent les germes de la désintégration du Mali. Tous ces maliens célèbres dont le patriotisme ne souffre d’aucune équivoque et qui sont contre ces accords, sont-ils contre le Mali ? Sachons raison gardée. Les oppositions aux accords ne sont pas un signe de désamour pour le Mali. Au contraire, elles sont le signe d’un souci profond et d’un amour patriotique pour le Mali de nos rêves. Que nul ne se trompe de combat, nous aimons tous le Mali.

IBK n’avait-il pas raison de traiter la majorité de « moribonde et de dolosive » ?  La réponse est certainement oui car elle n’a pas jusqu’à présent fait montre d’une grande capacité de persuasion et de respect de l’autre. Ce pourrait être l’une des raisons pour lesquelles le Gouvernement n’a jusqu’à présent pas pris le risque d’organiser des débats contradictoires sur les média publics et privés. Vivement des débats contradictoires entre la Majorité et l’Opposition sur les accords d’Alger pour édifier la lanterne des maliens, des plus convaincus au plus sceptique.

 

Tienblen Soucko

Source: Inf@sept

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