Dans le sillage de la visite de la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU au Mali, le groupe djihadiste Ançardine dirigé par le Malien Iyad Ag Gali a revendiqué des attaques contre les forces de sécurité malienne et celles de la Minusma au centre et au nord du pays. Et pas plus tard qu’hier, le camp de l’opération « Soutra » à Misséni dans le cercle de Kadiolo, région de Sikasso, a été attaqué par des terroristes.
La visite de la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU au Mali a été saluée par les différentes parties impliquées dans le processus de paix au Mali. Des constats faits par la délégation onusienne sur le terrain, il est nécessaire de mettre en œuvre rapidement l’accord de paix issu des pourparlers d’Alger. Il a été, aussi, question, lors de cette visite, de lutte contre le terrorisme.
En effet, les terroristes continuent de dicter leur loi au Mali avec la revendication d’attaques contre les forces de sécurité malienne et celles de la Minusma. Pas plus tard qu’avant-hier, Ançardine revendiquait des attaques contre les soldats de la Minusma et les Famas au moment où une délégation du Conseil de sécurité séjournait au Mali.
« Le groupe jihadiste Ançar Dine, actif dans le nord du Mali, a déclaré avoir mené, la semaine dernière, trois attaques contre la MINUSMA et une quatrième contre l’armée malienne», rapporte le site mauritanien Alakhbar. Une énième revendication d’attaques contre les forces maliennes et les soldats de la paix par les groupes terroristes au Mali. Négocier ou lutter avec les armes ? L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger a été signé le 20 juin à Bamako entre le gouvernement malien et les groupes armés.
Neuf mois après sa signature, l’accord peine dans son applicabilité. Et une recrudescence des attaques terroristes est notée au Mali malgré l’accord de paix. Les djihadistes mènent des attaques complexes sur toute l’étendue du territoire malien contre les forces maliennes et la Minusma. Ces attaques ont fait au minimum une cinquantaine de morts en février. Lors de son séjour au Mali, la délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies a dû sûrement mesurer le poids des djihadistes dans le processus de paix.
Selon Fodé Seck, coprésident de la mission onusienne qui a séjourné au Mali, dans quelques jours et dans le cadre du renouvèlement du mandat de la Minusma en juin, les Nations Unies vont envoyer une mission d’évaluation stratégique de tout ce que la Minusma est en train de faire au Mali. Se dirige -t-on vers un renforcement du mandat de la Minusma afin de lutter contre le terrorisme ? L’idée est là, selon le diplomate sénégalais, qui explique que les Maliens ne comprennent pas trop le mandat de la Minusma, surtout face au terrorisme.
L’Etat malien et la communauté internationale continuent d’exclure toutes négociations avec les djihadistes qui sont, pourtant, aujourd’hui, l’handicap majeur du processus de paix au Mali. Et pour des politiques maliens, il faudrait songer à le faire. De l’avis du Pr Ali Nouhoum Diallo, ancien président du parlement malien, Iyad Ag Ghali et son disciple Amadou Koufa doivent être fréquentables au même titre que certains leaders des groupes armés engagés dans le processus de paix malgré les crimes qu’ils ont commis.
Selon Tiébilé Dramé, le président du Parena , « il convient d’explorer la possibilité de parler avec les jihadistes maliens avant qu’il ne soit trop tard ». Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, aussi, n’écarte pas la possibilité de négocier avec les terroristes. A la question de savoir s’il faut dialoguer avec certains jihadistes comme Iyad Ag Ghali pour la paix au Mali, il a indiqué que peu importe l’interlocuteur pourvu qu’il soit crédible.
Madiassa Kaba Diakité
Source: Lerepublicainmali