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Procès en diffamation contre Boubacar Yalkoué: La reprise de l’audience pour le 13 décembre prochain

Le procès en diffamation intenté par les membres de la Cour constitutionnelle du Mali dont la Présidente Mme Manassa Danioko contre notre confère Boubacar Yalkoué va reprendre le 13 décembre prochain. En attendant, la partie civile a l’obligation de déposer une consignation de 500 000 FCFA.

Le 29 novembre 2018, les hommes de médias avaient effectué une mobilisation exceptionnelle au tribunal de grande instance de la commune V du district de Bamako pour apporter leur soutien à notre confrère Boubacar Yalkoué, directeur de publication du quotidien Le Pays, cité à comparaitre pour diffamation par les membres de la cour constitutionnelle. La Présidente Mme Manassa Dagnoko et les membres de l’institution ont porté plainte contre notre confrère pour avoir publié dans son journal un article sur une affaire de 900 millions.

L’audience du 29 novembre, présidée par le juge Dembo Macina accompagné par Mohamed Adama Maïga, substitut au procureur de la République, a tourné autour du montant de la consignation. En matière de citation directe, la loi oblige la partie civile qui a pris la responsabilité de déclencher l’action publique sans passer par le ministère public de verser une somme destinée à couvrir les frais de la procédure.  Pour défendre leurs intérêts, la Présidente de la Cour Constitutionnelle a constitué un pool d’avocat comprenant entre autres Me Nadia Myriam BIOUELE, Me Oumar Niaré du cabinet Hera Conseils et Me Youssouf Kéïta. De l’autre côté, la défense de notre confrère est assurée entre autres par Me Demba Traoré et Me Abderrahmane Ben Mahamata Touré.

Prenant la parole, Me Youssouf Kéïta rappelle qu’il s’agit d’une matière spéciale et que la consignation vise à couvrir les frais de la procédure. Il demande au tribunal d’autoriser leurs clients à déposer la somme de 50 000 F CFA comme consignation. Cette somme avancée, a fait savoir Mohamed Adama Maïga, substitut au procureur de la République, est dérisoire. Le Ministère public requiert le paiement de la somme de 500 000 FCFA.  Me Abderrahmane Ben Mahamata Touré, avocat de la défense, attire l’attention du tribunal sur le dispositif sécuritaire impressionnant qui boucle le tribunal dans un rayon d’un km. Cela nécessite des frais de la part de l’Etat, souligne-t-il. Me Touré sollicite que le tribunal fixe la consignation à 900 millions de FCFA. Il est soutenu par son confrère Me Demba Traoré qui met en avant la souffrance de l’Etat en mobilisant d’un tel dispositif.

Les avocats de la partie civile répliquent. « Nous voulons que cette affaire soit jugée comme une affaire ordinaire. Nous pensons que le montant de 50 000 FCFA est suffisant. Les 900 millions, c’est une tentative de distraire », a souligné Me Oumar Niaré. Ce dispositif sécuritaire, a souligné Me Nadia Myriam Biouele, est la satisfaction de l’une des revendications de la justice. « Nous sommes à l’aise », a-t-elle plaidé en appelant le tribunal de rejeter cette demande. Pour Me Youssouf Kéïta, le montant de 500 000 FCFA est excessif. Le procureur Maïga estime que la partie civile doit assumer les conséquences de sa volonté de mettre en mouvement l’action publique en contournant le parquet. Il appelle à maintenir les 500 000 FCFA.

Le juge Dembo Macina va dans le sens du réquisitoire du ministère public en fixant la consignation à 500 000 FCFA avant de renvoyer l’audience au 13 décembre prochain.

Les hommes de médias avaient massivement effectué le déplacement avec en tête le Président de la Maison de la Presse, Dramane Alou Koné et celui de l’ASSEP (Association pour les Editeurs de la  Presse), Bassidiki Touré.

Dramane Alou Koné a laissé entendre : «  au moment où le Mali se fraye le chemin vers la dépénalisation de délit de presse, un journaliste ne devrait pas comparaitre devant le tribunal, mais interprète selon lui une mauvaise volonté du pouvoir public de dépénaliser la presse au Mali ». Il a souligné que l’ensemble de la presse restera mobilisée pour se défendre en soutenant notre confrère. Même son de cloche chez le président de l’ASSEP, Bassidiki Touré qui s’interroge de savoir quel sera le rang du Mali dans le prochain classement des reporters sans frontières.  « Nous resterons soudés avec notre confrère pour nous défendre. Car c’est toute la presse qui est accusée à travers cette plainte de la cour constitutionnelle contre Le Pays », a-t-il souligné.

Pourquoi  cette exceptionnelle mobilisation sécuritaire? Selon Bassidiki Touré, l’Etat a choisi son camp d’où une forte mobilisation des agents de sécurité. « C’est un procès extraordinaire. Nous avons vu ce matin qu’on refuse l’accès à la salle d’audience aux journalistes mais tantôt subordonnée à une présentation de la carte de presse. Nous allons soutenir notre confrère jusqu’au bout de la victoire finale », a lancé le Président de l’Assep.

Il a dénoncé toute la lenteur des autorités de la république d’aller vers une diligence dans la dépénalisation de délit de la presse en république du Mali. Cette mobilisation sécuritaire exceptionnelle avait seulement un objectif visé les militants du CDR de Ras Bath mais aussi nous intimer de nous désolidariser, a-t-il regretté.

On est entrain de tenter d’étouffer la liberté d’expression, l’un des socles de la démocratie, selon Le Directeur Général de LE FORUM, Abdoulaye Diarra présent au tribunal de la commune IV pour soutenir son confrère, Boubacar Yalkoué. Il regrette cette tentative  visant à réduire l’espace d’expression des journalistes.

Salif Landouré

Le Forum

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