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Privatisation de l’enseignement supérieur au Mali : Quels impacts après 20 ans ?

Si, à la base, la privatisation de l’enseignement en général et celui du supérieur, en particulier, avait pour but de combler un gap budgétaire, de vendre un enseignement de qualité, de décongestionner les amphithéâtres et enseigner des filières plus en phase avec le marché de l’emploi, 20 ans après, quels sont les impacts ?

Domaine régalien de l’Etat à l’Indépendance nationale du Mali au même titre que la santé, la sécurité, la gouvernance, etc., l’éducation comme d’autres secteurs a été par la suite privatisée. Cette privatisation a permis à des privés de prendre une part active dans un domaine jusque-là exclusivement réservé à l’Etat. Cette privatisation devait permettre de combler un gap budgétaire, vendre un enseignement de qualité, décongestionner les amphithéâtres et enseigner des filières plus en phase avec le marché de l’emploi.

Mais, 20 ans après sa mise en œuvre, Audace Libre Afrique Mali (ALAM), un thinkthank de réflexions et d’analyses, a jugé nécessaire de porter le débat sur l’impact de cette privatisation sur la qualité de l’éducation malienne à travers une caravane dite de la liberté qui va sillonner des universités publiques et privées de Bamako. La première étape de la caravane s’est déroulée à l’Université privée Intec Sup. Pour l’occasion, appel a été fait à Cheick Oumar Soumano, patron des jeunes entrepreneurs maliens, pour débattre de la question à l’ordre du jour devant un parterre d’étudiants des universités publiques et privées, depuis ses origines à nos jours.

Selon Cheick Oumar Soumano, au Mali, la privatisation de l’éducation est intervenue en 1983. Une privatisation qui était la conséquence d’un gap financier de l’ordre de 40% enregistré dans le secteur. Le Fonds Mondial International (FMI) et la Banque Mondiale, appelés à la rescousse, ont prescrit au Mali « une libéralisation du secteur de l’enseignement supérieur». Cette réforme adoptée par le Gouvernement du Général Moussa Traoré a commencé, selon le conférencier, par l’enseignement de base pour atteindre progressivement le niveau supérieur.

L’objectif était de «  vendre un enseignement privé de qualité, décongestionner les amphithéâtres, moderniser les filières de formations pour être en phase avec le marché de l’emploi ». Ainsi, aux côtés des grandes écoles que sont : l’ENA, l’ENI et l’IPR l’on verra émerger des universités privés dont la première fut l’université Mandé Boukary. Avec le temps, l’on a assisté à une floraison d’universités privées au point où l’on se demande si le chiffre de ces écoles est maîtrisé par le Département de l’Enseignement Supérieur.

Pour répondre à la question posée par la rencontre à savoir l’impact de cette privation de l’enseignement supérieur, le conférencier dira aussi que c’est du mi figue-mi raisin. Et, pour cause, cette privatisation a conduit à la dépréciation des Diplômes des universités privées à cause de sa mauvaise compréhension. «Des personnes pensent que parce qu’ils paient de l’argent, souvent des millions, il est inadmissible que leurs enfants échouent. Pire, ils pensent qu’ils ont droit de vie et de mort sur l’Administration et le corps professoral.

Ce qui amène les enfants à se donner peu aux études et au finish se retrouver avec des Diplômes de complaisance ». L’un des points qu’a regretté Cheick Oumar Soumano c’est le fait que, vu les tares des universités publiques, celles du privé étaient supposées en mesure d’y réparer. Cependant, aujourd’hui l’on y déplore de ce qui s’y est en train de reproduire avec un lot de magouilles, de notes vendues, etc. «Mais, tout n’est pas noir pour autant », a-t-il estimé. Selon lui, l’enseignement supérieur privé dispense aujourd’hui des modules de formation qui répondent aux besoins du marché d’emploi.

Ce qui permet une facile et rapide insertion de ses sortants compétents dans les secteurs d’emploi. «45% des employés des Banques, des sociétés de télécommunication, des mines sont issus de l’enseignement supérieur privé  du Mali», affirma-t-il. Il a aussi salué la notion de Stages que le privé impose à ses étudiants et, ce, depuis leur première année de formation. Ces stages permettent, selon le Conférencier, à l’étudiant de se familiariser avec le monde de l’emploi et de se préparer psychologiquement à l’affronter.

Ce qui n’est pas le cas dans le public. Enfin, une autre bonne note au tableau des universités privées c’est l’enseignement des modules ayant trait à l’entrepreneuriat. Si aujourd’hui dans sa politique d’emploi, l’Etat malien veut faire des jeunes diplômés des créateurs d’emplois et non des demandeurs d’emplois, il ne met pas la forme ; car, seules les universités privées dispensent cet enseignement alors que le gros des étudiants qui sont dans les facultés publiques n’y ont pas accès.

Pour terminer, Mamadou Komé, Directeur des Etudes de l’Intec sup ajoutera que l’intégration des Licences et Master payants au niveau de l’enseignement supérieur public répond à ce besoin de faire comme les universités privées, ce qui, à ses dires, dénote des « bonnes choses qui se font dans le privé ».

Les échanges entre les étudiants et les conférenciers sur d’autres modèles de formations et dans d’autres pays du monde ont été des moments qui ont fait comprendre aux étudiants que « la meilleure formation n’est pas forcement tributaire de l’université à laquelle l’on appartient, mais, à la volonté de l’étudiant de se hisser au rang des meilleurs et des excellents».

Mohamed Dagnoko

SourceLe Combat

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