Le Premier ministre Modibo Keïta en a discuté hier avec les forces vives de la nation
Une rencontre sur l’Accord d’Alger et la situation sécuritaire dans notre pays a regroupé hier autour du Premier ministre, Modibo Kéïta, les forces vives de la nation. Celles-ci étaient constituées de représentants des partis de la majorité présidentielle, de l’opposition, du centre, de la Cafo, des chefferies traditionnelles, des confessions religieuses, du secteur privé, du conseil national des jeunes et des leaders religieux du nord. C’était en présence plusieurs membres du gouvernement dont le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de Coopération internationale, chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers inter-maliens d’Alger.
La rencontre s’inscrit dans le cadre d’une tradition établie par le Premier ministre et dont le but est d’informer directement les partis politiques et les organisations de la société civile à chaque étape du processus des pourparlers inclusifs inter-maliens d’Alger et de recueillir éventuellement des propositions dans une dynamique de synergie pour le retour définitif de la paix et de la stabilité dans notre pays.
Le ministre Abdoulaye Diop a rappelé les différentes étapes du processus des pourparlers inter-maliens qui ont abouti à l’élaboration d’un document sous la houlette de la médiation internationale conduite par l’Algérie. Le gouvernement et les mouvements armés de la Plate-forme ont paraphé le document le 1er mars dernier. La médiation a attendu que les mouvements rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en fassent autant le 15 avril dernier comme précédemment annoncé par elle. Mais à la veille de cette date, elle a fait faux bond pour des raisons non encore connues, a déploré le ministre Diop qui a indiqué que la médiation dont l’UE, la CEDEAO, l’ONU, l’UA, l’OCI, les pays voisins du Mali dont l’Algérie ont décidé de ne pas stopper le processus de paix. Car depuis deux ans, les populations des zones de conflit souffrent et du coup la stabilité de la sous-région a été fragilisée, a expliqué le ministre.
C’est dans ce cadre que la médiation a retenu la date du 15 mai prochain pour la signature définitive de l’accord de paix à Bamako. Le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale a indiqué que notre pays et la médiation préparent cet important événement tout en poursuivant le dialogue avec les mouvements rebelles. Mais, il a précisé que le texte de l’accord gelé et verrouillé ne peut subir aucune modification. « Le paraphe du document est un élément technique qui permet de clore les discussions sur le texte. On peut donc le faire le jour de la signature du document », a indiqué Abdoulaye Diop qui souhaite que la CMA profite de l’occasion. Le ministre a assuré que toutes les dispositions sont prises pour le bon déroulement de la cérémonie de signature, au plan sécuritaire et autres.
PAS DE REFERENCE A LA CONSTITUTION. Après cet exposé, les partis de la majorité présidentielle, par la voix du président de ce regroupement, Boulkassoum Haïdara, ont salué les efforts déployés par le gouvernement qui ont abouti à l’accord. La majorité présidentielle a donc réitéré son soutien au document et souhaité qu’il ouvre la porte à la réconciliation des Maliens.
L’opposition, elle, a rejeté le document, présentant sa signature comme un feu vert ou des jalons posés pour la désintégration du Mali. Son porte-parole, Ahmadou Abdoulaye Diallo, a jugé que « l’accord n’est pas bon » car il ne fait pas référence à la Constitution en vigueur dans notre pays. Sur certains aspects de fond du document, l’opposition estime que le mode d’élection des présidents du conseil de cercle et les prérogatives de ce dernier ne sont pas le fruit d’un consensus national.
Kiabou Bamba a réitéré l’intérêt que les partis centristes accordent à la paix et à la stabilité. Ils accordent leur caution au gouvernement pour la signature du présent document et souhaitent que le triptyque « vérité, justice et pardon » soit le fondement du retour à la paix.
La Cafo, les chefferies traditionnelles, les confessions religieuses, le conseil national de la jeunesse, le secteur privé et les leaders religieux du nord ont souhaité la signature du document tout en exhortant le gouvernement à réunir tous les moyens pour que les populations du nord de notre pays retrouvent la paix, la liberté et la quiétude. Celles-ci vivent dans la peur et la hantise depuis plus de deux ans et font quotidiennement l’objet d’attaques meurtrières perpétrées par des forces hostiles à la paix.
« Il s’agit pas de donner des avis pour ou contre l’accord d’Alger. C’est trop tard et cette discussion est terminée. Mais il s’agit d’échanger sur le fondement et les perspectives pour la mise en œuvre de l’accord avec en toile de fond le retour de la paix dans notre pays », a précisé le Premier ministre, Modibo Kéïta qui recadrait ainsi les débats. Le chef du gouvernement a expliqué aussi que le document de l’accord d’Alger prend en compte les éléments de la concertation nationale, des Etats généraux de décentralisation et des assises nationales sur le nord.
Le président de la Coordination des organisations de la société civile qui a présidé la rencontre, en a salué l’esprit. Boureima Allaye Touré a réitéré le souhait des organisations de la société civile de voir notre pays retrouver sa stabilité à travers la signature de l’accord le 15 mai prochain. La Coordination des organisations de la société civile fera le suivi des engagements des parties, a promis son président.
Be COULIBALY
source : L Essor