Depuis 2009, notre pays est membre du Conseil du travail et du dialogue social (CTDS). Cependant, force est de constater que le Mali était le seul pays de l’UEMOA à ne pas appliquer ce pacte malgré le fait que la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) n’a jamais cessé de demander aux plus hautes autorités de s’engager dans le sens de la mise en place d’un cadre formel de dialogue social conformément à l’acte additionnel n° 02/2009/CCEG/UEMOA du 17 mars 2009 du CTDS.
Selon une source syndicale proche du dossier, dans le contexte actuel marqué par une volonté de justice sociale clairement affichée par les autorités de la transition, le Mali vient de faire un pas vers l’application de cette directive de l’UEMOA.
A en croire notre source, cet organe appelé Conseil national du dialogue social (CNDS) verra bientôt le jour car, dit-elle, un projet de décret est dans le circuit afin de le réaliser.
Il ressort de ses explications que cet organe tripartite sera composé du CNPM, du Gouvernement et les travailleurs et sera rattaché au ministère du Travail, de la fonction Publique et du dialogue social.
Il sera doté d’un mandat de 3 ans et comptera, selon le projet de décret, 30 membres titulaires et 30 membres suppléants répartis comme suit : dix représentants du Gouvernement ; 10 représentants des travailleurs ; dix représentants du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM). La source précise que les suppléants ne siègeront pas en même temps que les titulaires.
La mise en place du CNDS, s’il venait à être effective, sera un ouf de soulagement pour la CSTM qui été à l’avant-garde de ce combat.
Aussi faudra-t-il rappeler que la CSTM qui n’a jamais cessé de demander aux plus hautes autorités de s’engager dans le sens de la mise en place d’un cadre formel de dialogue social avait pris le devant en organisant une Conférence sous régionale en 2011 à Bamako en invitant tous les pays de l’UEMOA ainsi que la Mauritanie qui ont pris part aux travaux de cet atelier à la salle de conférence du patronat.
A l’issu des trois jours de débats, la conférence avait fait les recommandations suivantes : renforcer le mécanisme de consultation et concertation tripartite au sein de l’union ; créer un organe de dialogue social afin de prévenir les conflits de travail dans les pays membre de l’UEMOA ; examiner et apprécier toutes questions susceptibles d’avoir un impact social dans l’UEMOA etc.
De l’avis des observateurs, la mise en place d’un organe de dialogue social est plus qu’un impératif dans la mesure où les conflits liés au travail ne faiblissent pas au Mali. Comme en témoignent les nombreux préavis de grèves dans le secteur public et privé et toutes les branches d’activités.
Le fait que la grogne sociale ne faiblit pas pose la question de la nécessité de la création de cet organe que toutes les institutions internationales ont recommandé pour le Mali.
A titre illustratif, en 2018 le ministère en charge du Travail et de la fonction publique a reçu 87 préavis de grèves déposés par les syndicats.
Aussi, le Mali n’a cessé d’être humiliée par ces pairs en raison de l’absence de cet organe lors des différentes rencontres au sein de l’UEMOA.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet organe tant nécessaire est en passe de voir le jour grâce aux efforts inlassables de la CSTM qui, d’ailleurs, avait reçu un accord avec le Gouvernement le 28 Juillet 2012 aux cours des négociations de son cahier de doléances.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin