Création d’emplois locaux, investissements importants, assistance communautaire au profit des populations, tels sont ici les avantages promis par les responsables du projet Lithium de Goulamina dans la région de Bougouni. Mais beaucoup de maliens redoutent que les promesses faites soient tenues, et ils en veulent pour preuve la misère au quotidien qui est celle des populations des zones de production minière, à l’image de Sadiola, de Keniéba et bien d’autres localités !
Le projet de Lithium de Goulamina, faut-il le souligner, est développé par Leo Lithium Limited, en collaboration avec Ganfeng Lithium qui possède la plus grande capacité de production de lithium au monde. Autant d’atouts qui permettent vraiment de rêver, et de rêver grand. C’est le projet le plus important en dehors de l’Australie et qui ambitionne de se classer dans le top 5 mondial des mines de production de spodumène. Un optimisme basé sur la demande de plus en plus croissante de lithium du fait du boom des véhicules électriques dans le monde comme alternative au réchauffement climatique.
Aperçu sur les grandes et grosses promesses faites
Le projet Goulamina, avancent les autorités et les initiateurs, créera des centaines d’emplois pendant de nombreuses années et son plan est de recruter localement autant que possible. Au cours de la phase de construction de 2 ans, il est ainsi prévu un effectif d’environ 1 200 employés au total, composés de travailleurs qualifiés et non qualifiés. Lors de l’exploitation de la mine et de l’usine, il est prévu un effectif avoisinant environ 650 personnes, essentiellement composées de Maliens.
L’usine aura aussi besoin d’ingénieurs, de géologues, de chimistes, d’artisans qualifiés, de chauffeurs, d’opérateurs d’équipement, d’opérateurs d’usine, de personnel de restauration, des agents de sécurité, du personnel qualifié, et bien d’autres. La société, promet-on, mettra en place des programmes de formation afin de former et renforcer les compétences au niveau local. Cela permettra notamment un accès facile à l’emploi et autres opportunités d’entrepreneuriat. Un autre avantage majeur du projet de lithium de Goulamina, rassure-t-on, sera le développement de activités génératrices de revenus, dans la mesure où de nombreuses entreprises et entrepreneurs vont se développer pour approvisionner durablement la société en biens et services.
La construction de la mine, souligne-t-on, durera 2 ans et cela coûtera plus de 250 millions de dollars américains, plus de 160 milliards de FCFA. Environ 100 millions de dollars (60 milliards de FCFA) de cette somme seront dépensés au Mali, avec des entreprises maliennes pour le béton, la fabrication et l’installation d’équipements, la construction de bâtiments et le démarrage de la mine. Le reste sera dépensé pour acheter du matériel international non disponible au Mali et l’importer au Mali.
Pendant la phase d’exploitation, l’entreprise Leo Lithium Limited dépensera environ 150 millions de dollars (90 milliards de FCFA) au Mali chaque année, en salaires du personnel, carburant, entretien de l’usine et des équipements, paiement des entrepreneurs pour les biens et services, frais de nourriture et d’hébergement du personnel… Chaque année, selon le DG de Leo Lithium Limited, un montant important d’impôts sera payé au gouvernement malien.
Un montant estimé à environ 33 millions de dollars (20 milliards de FCFA) de redevances sera ainsi payé chaque année aux actionnaires, bien que cela dépende du prix du spodumène et que le prix varie en fonction de facteurs mondiaux. La mine va payer d’autres impôts, tels que l’impôt sur le revenu, la retenue à la source, la TVA ou encore la taxe sur le carburant. Il existe de nombreux facteurs qui influencent le montant de la taxe à payer, mais il est estimé que la mine paiera plus de 50 millions de dollars américains (30 milliards de FCFA) par an dans ces taxes, lorsque la mine sera pleinement opérationnelle et produira au taux maximum.
En termes d’assistance communautaire, on avance que le projet Lithium de Goulamina apportera également une contribution directe à la communauté locale de plusieurs manières autres que l’emploi. Après une consultation approfondie avec les communautés locales, les types d’avantages que la communauté souhaite voir du projet portent sur l’amélioration de l’accès routier, l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable, l’amélioration de la couverture téléphonique mobile, l’amélioration des services de santé et la mise à disposition de centres communautaires.
La société, rassurent ses responsables, a pour intention de sélectionner des projets communautaires qui s’intègrent au projet sur la base de besoins prédéfinis et qui offrent des avantages durables à la communauté. Il s’agit de projets qui sont réalisables à un coût minimal pour le projet et qui sont commercialement durables et viables, même après la clôture de la mine et qui sont en ligne avec les aspects de réhabilitation et de fermeture, remplissant les obligations en vertu des diverses exigences réglementaires régissant le projet et avec les plans locaux de développement communautaire.
« Nous prendrons notre temps pour sélectionner les bons projets dont la communauté a besoin et qui ont le soutien de toutes les parties prenantes, sur la base des directives du Code minier. Nous continuerons à communiquer régulièrement les plans de notre programme de soutien », rassure Simon Hay, DG de Leo Lithium Limited. Qui promet par ailleurs de procédera au paiement des compensations au profit des populations locales pour la perte de terres de cultures qui seront utilisées pour la construction des infrastructures du projet.
Le montant est d’environ 320 millions de FCFA. « Merci pour votre soutien au projet de lithium de Goulamina et nous sommes incroyablement ravis de commencer à travailler sur un tel gisement de classe mondiale ici au Mali. Nous sommes ravis de ce que le projet apportera à la communauté locale, et à la République du Mali en général », a indiqué Simon Hay !
Des ambitions assez nobles, mais saura-t-on vraiment créer la différence en termes de création d’emplois locaux, d’investissements importants, d’assistance communautaire au profit des populations, bref en termes de développement local, avec les autres sites miniers du Mali ? La question se pose, car déjà on avance que le Mali n’a que 10% du capital de la mine, alors que le ministre Lamine Seydou Traoré parle plutôt de 20% et de plus de 60% de la valeur ajoutée de la mine au profit du Mali.
Aussi, sans être économistes, nous nous demandons bien comment un Etat qui ne détient que 10%, disons même 20% du capital d’une mine, peut prétendre en tirer 60% de sa valeur ajoutée ? Sans oublier promettre et tenir promesse en matière de production minière sont deux choses qui ne font qu’une au Mali… Sadiola, Keniéba et bien d’autres localités sont là pour le prouver… Et quand on y ajoute du diamant !!!
Flani SORA
Source : Notre voie