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Presse en ligne au Mali : UN UNIVERS DE LIBERTES ET D’EXCES

En l’absence d’une législation spécifique, les sites d’information laissent souvent l’anomalie prendre le pas sur l’innovation

site web Presse ligne informatique cyber cafe logo Tout d’abord, une courte définition qui permettra d’éliminer quelques possibles malentendus. Un site web, selon l’encyclopédie du web Wikipédia, est composé d’un ensemble de documents structurés, nommés pages web, stockés (hébergés) sur un ordinateur (serveur) connecté au réseau mondial (internet). Une page web contient essentiellement du texte et elle est souvent enrichie d’images, de sons, de vidéos et de liens vers d’autres pages web. Appliquée à l’information destinée au grand public ou à des cibles spécifiques, le site web devient un médium d’information, ou site web d’information.

La définition des médias a donc fortement évolué avec l’avènement du numérique qui offre maintenant un accès direct et continu à l’information. Le numérique permet aussi au public de réagir sur le champ, instaurant l’interactivité entre celui qui donne l’information et celui qui la reçoit en quittant désormais son état de consommateur passif. Tel est le premier avantage pour les visiteurs lambda des sites d’information. Deuxième avantage tout aussi novateur que le précédent, le public prend connaissance de l’événement pratiquement pendant que celui-ci se déroule et il en suit régulièrement la progression. Fousseyni Sanogo de bamada.net souligne l’effet galvanisateur qu’exerce sur le journaliste la possibilité pour lui d’ajouter rapidement un nouveau contenu à l’information première.
En raison de ces particularités très attractives aussi bien pour les professionnels que pour les usagers, le succès des sites d’information ne se dément pas. Pas plus que le développement considérable de la presse en ligne ces dernières années. Notre pays n’est pas à la traine dans ce domaine et de nombreux sites maliens d’information, adossés ou non à des titres de la presse écrite, sont présents aujourd’hui sur la toile mondiale. A l’instar des nombreux autres à travers le monde, la presse en ligne au Mali offre gracieusement les informations à ses visiteurs.
PAS SANS CONSEQUENCE. Journaldumali.com, bamada.net,koulouba .com,maliactu info,niarela,mali-web.org, bamada.net, bamada.net, bamada.net comptent parmi les sites dynamiques, régulièrement mis à jour. Mais tous n’abordent pas de la même manière l’offre d’informations. Le site bamada.net se distingue par le fait qu’il possède sa propre rédaction et met en ligne des articles signés par ses journalistes. Ce site vient d’ailleurs de lancer, sous le même titre, un hebdomadaire gratuit papier.
Si bamada.net produit ses contenus, tel n’est pas le cas par exemple des sites comme bamada.net, bamada.net, bamada.net  ,niarela,maliactu.info koulouba.com mali-web.org. qui s’alimentent principalement des reprises des articles de journaux, avec ou sans le consentement de ces derniers. Cette méthode n’est pas sans susciter un débat dans le milieu des professionnels de la presse. Les sites qui reprennent gratuitement les contenus des journaux ne vivent-ils pas aux crochets des titres qu’ils vampirisent d’une certaine manière ? Mamadou Diarra de bamada.net se défend en indiquant que le procédé utilisé par son site relève du partenariat gagnant-gagnant. « Nous profitons des articles des journaux, argumente-t-il, et eux, à leur tour, bénéficient grâce à nous d’un supplément de notoriété. Ils sont lus partout dans le monde et leurs informations vont à nos compatriotes vivant à l’extérieur. Aujourd’hui beaucoup de ceux qui nous refusaient au départ leurs articles ont compris. Certains nous amènent même la matière avant le bouclage ».
La même argumentation est reprise par le rédacteur en chef de bamada.net, Abdoulaye Diakité qui soutient que les sites web d’information boostent la presse écrite en donnant une dimension supplémentaire d’audience aux titres dont ils reprennent les articles. Mais il reconnaît que le fait que les sites facilitent l’accès aux nouvelles sans avoir recours au kiosque n’est pas sans conséquence pour les journaux qui pourraient perdre des lecteurs.
Nos interlocuteurs prêchent pour leur chapelle. Mais ils ne pourraient nier le fait que les anomalies ne manquent chez les animateurs de sites d’informations. Certains ne se donnent souvent même pas la peine de citer la source des articles qu’ils publient, encore moins de renvoyer le lecteur, à l’aide d’un lien, vers le site web d’où a été extraite l’information. En regroupant la presque totalité des articles des différents journaux sur leurs plateformes, ils enlèvent l’envie aux internautes d’aller sur d’autres sites à la recherche d’informations sur le Mali. Cette pratique porte indiscutablement préjudice aux journaux qui possèdent leurs propres sites (InfoMatin, Les Echos, L’Essor). Pour résumer trivialement les choses, ces titres paient des journalistes pour produire des articles qui profitent à d’autres. Ces derniers se servent en effet des contenus ponctionnés pour négocier la publicité postée sur leurs sites.
Abdoulaye Diakité soutient que la rentabilité des sites est bien moindre que ce que l’on croit. Les annonceurs ne se bousculeraient pas vers les sites web dont ils « ne mesurent ni la portée, ni l’importance», souligne notre interlocuteur. Lequel ajoute qu’à cause des difficultés financières liées à la faiblesse des rentrées publicitaires, les sites d’information qui avaient essayé d’acheter les articles de certains journaux ont dû renoncer.
Pourtant certains sites tirent leur épingle du jeu. Abamako.com tire ses ressources financières de la vente en ligne de contenus audio ou écrits couplée à la publicité. Maliweb.net indique vivre de la publicité qui constitue sa principale source de revenus. Mamadou Diarra, qui l’anime depuis plus de 23 ans et qui est aujourd’hui entouré de trois journalistes et deux assistants (synchroniseurs), regrette toutefois que les commerçants et même les entreprises n’aient pas une vraie culture de la publicité. Ce qui limite les rentrées avec lesquelles son site continue à se maintenir.
Une belle marge de progression. Le juriste Ousmane Bamba, également directeur de publication du journal Info-Sept, porte un regard plus sévère sur les pratiques des sites maliens. Pour lui, il n’est pas normal qu’un article soit utilisé sur un second support différent de celui de l’employeur du journaliste. Surtout si les articles rapportent des ressources aux sites repreneurs. « Dans un tel cas, indique-t-il, le second utilisateur doit verser une commission au journaliste ou à l’organe employeur du journaliste. En principe dans le contrat que le journaliste signe avec l’organe employeur, ce genre de situation doit être pris en charge. Le contrat doit indiquer que la primeur dans la diffusion de l’article appartient à l’organe qui a engagé le journaliste ».
Ousmane Bamba explique que d’autres cas de figure peuvent se présenter. Lorsque le site qui veut utiliser l’article n’en tire pas profit, il doit citer l’auteur et le journal concernés. Lorsque le site obtient l’accord de l’organe employeur, le contrat signé par le journaliste doit stipuler que l’employeur a le droit de publier tout article de son collaborateur sur un support différent. Le juriste précise que les éléments qu’il expose découlent d’une analyse logique, car toutes les situations ci-dessus analysées ne sont pas encadrées légalement.
Pour l’organe de presse qui ne souhaite pas qu’un de ses articles soit utilisé sur un second support sans son accord, la seule parade possible consiste à envoyer une lettre avec accusé de réception aux sites qui publient illégalement les articles pour leur signifier son opposition formelle.
Tous les professionnels du domaine sont unanimes pour confirmer que la presse en ligne a encore devant elle une confortable marge de progression. Les facilités de connexion à l’Internet vont favoriser l’augmentation du nombre de personnes qui s’informent grâce à la presse en ligne. L’éventualité d’une explosion de l’audience impose déjà aujourd’hui aux sites de se pencher sur un certain nombre de problèmes déontologiques. Certains d’entre eux sont en effet devenus des machines à répandre des informations non vérifiées. Ce qui pourrait amener le public à s’en détourner à terme, mais après que des dégâts incommensurables aient été déjà commis. De graves anomalies se révèlent déjà dans la modération des forums de discussions, appendices très fréquentés des sites.
Fousseyni Sanogo et Mamadou Diarra adhèrent sans réserve à une véritable réglementation de la presse en ligne afin de fixer les responsabilités des différents acteurs, notamment celles des visiteurs par rapport à celles des responsables de la publication. Diarra se dit extrêmement préoccupé par l’actuelle situation de désordre qui ne grandit pas les acteurs. Il plaide notamment pour un contrôle permanent afin que les dossiers mettant en cause l’intérêt supérieur du pays ne soient pas publiés. « Dans le nouveau contexte d’insécurité, le gouvernement a besoin de l’appui de tous les citoyens. Nous allons créer une association des journalistes de la presse en ligne. C’est pour canaliser les informations à publier et aussi défendre nos intérêts », indique le responsable de bamada.net.
L’internaute desormais « sanctionnable ». Mais la vraie plaie aujourd’hui est constituée par les forums de discussion qui étaient destinés à être des espaces de débat d’idées, mais qui sont devenus des lieux de règlements de compte où se multiplient des propos outrageants. Situation que déplorent fortement les promoteurs de sites, mais qu’ils donnent l’impression subir passivement. Mamadou Diarra reconnait les limites du combat mené contre les propos inacceptables. « Nous avons des difficultés dans la gestion de forums de discussion, explique-t-il. Nous avons un logiciel modérateur, capable de censurer ou de bloquer des termes assimilés à des insultes. Cependant ce modérateur a montré ses lacunes. Des insultes lui échappent lorsque le mot est par exemple coupé en deux».
Abdoulaye Diakité précise que certains internautes contournent la barrière de la modération en utilisant le bamanakan, langue inconnue du logiciel modérateur, pour proférer des insultes. « Nous comptons améliorer ce logiciel en intégrant ces nouvelles données, assure-t-il. En attendant, la veille humaine représenterait certainement une solution, mais il nous est difficile d’y recourir. Il y a chaque jour une centaine d’articles qu’il faut suivre. Cela demande des moyens humains et financiers au-dessus de nos capacités », reconnait Abdoulaye Diakité.
Ousmane Bamba estime, lui, que les promoteurs de sites web feraient beaucoup plus d’efforts pour modérer les forums s’ils savaient qu’il existe une législation interdisant les propos outrageants et qu’ils peuvent être attaqués pour avoir hébergé ces propos. L’internaute observerait lui aussi la même réserve s’il se savait « sanctionnable ».
Car pour le moment, la presse en ligne évolue sans aucun encadrement juridique spécifique. « Il n’y a aucune législation qui réglemente notre métier. Et d’ailleurs l’avantage du Mali est qu’on laisse faire », ironise Fousseyni Sanogo. Mamadou Diarra et lui sont d’accord qu’il est temps que certaines dérives soient vigoureusement combattues et les vrais professionnels, protégés.
Du côté ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, on est conscient du danger que représente le vide juridique en ce qui concerne la presse en ligne. Selon Assana Diawara, conseiller juridique à ce département, un projet de loi qui aborde la réglementation de la presse en général dont celle en ligne a déjà été débattu par le cabinet. Son examen par le gouvernement et sa soumission à l’Assemblée nationale ne sauraient tarder.
Le projet de loi se heurte à la réprobation de certains magistrats qui estiment qu’il accorde l’impunité aux journalistes avec la notion de dépénalisation des délits de presse qui s’y trouve, relève le conseiller technique qui ne partage pas cet avis. « Il s’agit simplement d’une suppression des peines privatives de la liberté. La loi exclut par exemple les peines de prison pour les professionnels de la presse, sauf en cas de récidive. Par contre, cette même loi augmente les amendes par rapport à celles évoquées dans la loi N°00-046 du 7 juillet 2000 (loi actuellement en vigueur). Le projet de loi responsabilise aussi les professionnels des médias, c’est pourquoi d’ailleurs notre crédo est liberté et responsabilité », insiste Assana Diawara.
Le projet de texte prévoit aussi des sanctions contre les internautes indélicats. « Il existe un programme qui permet de tracer, de situer et d’identifier facilement les internautes qui s’adonnent à des insultes », assure le conseiller juridique. Les beaux jours s’achèvent donc pour les courageux anonymes qui jusqu’ici continuent en toute impunité à proférer des insanités.

Alhoudourou A. MAÏGA

source : L Essor

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