Ali Benflis, principal adversaire du président Abdelaziz Bouteflika lors des présidentielles de 2004 et 2014, ne se présentera pas au scrutin du 18 avril, qui n’a plus « de raison d’être » vue la contestation actuelle en Algérie, a-t-il annoncé dans une déclaration transmise à l’AFP.
En annonçant sa candidature à un 5e mandat, le président Bouteflika a mis fin à des mois d’incertude sur ses intentions mais aussi déclenché une contestation de son pouvoir, inédite depuis qu’il a été élu à la tête de l’Etat en 1999.
« Ma place n’est plus dans une compétition électorale dont notre peuple (…) dénonce avec vigueur le caractère biaisé et faussé. Le peuple a pris la parole et je l’ai entendu », explique M. Benflis dans ce texte.
« L’élection présidentielle, dans les circonstances actuelles, n’a ni sens ni raison d’être », ajoute-t-il, « le peuple algérien s’est réapproprié la maitrise de son destin » et « n’a pas dit son dernier mot ».
Ancien Premier ministre de M. Bouteflika entre 2000 et 2003 et ex-secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), ancien parti unique et formation du chef de l’Etat, M. Benflis a rompu avec ce dernier dont il était l’homme de confiance, en refusant de soutenir son deuxième mandat.
M. Benflis n’a cessé de tergiverser depuis l’annonce par M. Bouteflika de briguer un 5e mandat et avait reporté à ce dimanche l’annonce de sa décision.
Le camp présidentiel semble décider à ne pas céder à la contestation. Dimanche, des fourgons transportant des cartons portant le sigle de la direction de campagne de M. Bouteflika et censés renfermer les parrainages de sa candidature sont entrés au Conseil constitutionnel.
« De toutes les crises politiques auxquelles l’Algérie a été confrontée depuis son indépendance, celle-ci est incontestablement la plus grave et la plus lourde de périls », avertit M. Benflis.
« Ce qui est remis en cause » par la contestation, c’est un régime « négateur (…) de la citoyenneté, des droits et des libertés » et bâti « exclusivement sur l’allégeance, le clientélisme, la prédation des richesses et la prévalence d’intérêts catégoriels sordides ».
Ali Benflis a obtenu 6,4% des voix en 2004 et 12,3% en 2014, à chaque fois en 2e position derrière le président sortant, réélu au 1er tour sans discontinuer depuis 2004 avec plus de 80% des voix.
L’opposition algérienne a brièvement et vainement tenté de présenter un candidat unique contre M. Bouteflika au scrutin du 18 avril.
A 16H00 GMT, dimanche, six candidats avaient déposé leur dossier au Conseil constitutionnel, dont le général à la retraite Ali Ghediri.
Débarqué de façon fracassante sur la scène politique algérienne fin 2018 en promettant « le changement » et « une IIe République », il n’a aucun parti derrière lui et sa popularité reste difficile à apprécier.
Les cinq autres sont de petits candidats, dont le plus connu est Abdelaziz Belaïd, 55 ans: transfuge du FLN qu’il a quitté en 2011. Il a recueilli 3% des voix à la présidentielle de 2014.
L’homme d’affaires Rachid Nekkaz, omniprésent sur les réseaux sociaux et qui draine des foules de jeunes enthousiastes, est arrivé dans l’après-midi au Conseil constitutionnel pour y déposer son dossier. Il semble toutefois ne pas remplir les conditions d’éligibilité.
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste qui a rompu en 2012 avec l’alliance présidentielle a indiqué qu’il boycotterait le scrutin si M. Bouteflika déposait sa candidature.
Journal du mali