La Coalition pour l’Observation Citoyenne des Elections au Mali (COCEM) a présenté son 2ème rapport d’observation pré-électorale le 19 juillet dernier lors d’une conférence de presse tenue à cet effet à son siège à Kalabancoura. La conférence était animée par la présidente Fatoumata S. Dicko. Elle était entourée par la vice-présidente Bintou Founé Samaké et le secrétaire exécutif Hamidou Traoré.
Selon la présidente de la COCEM, sa coalition a déployé 18 observateurs pré-électoraux dans huit (8) régions du pays et dans le District de Bamako. Leur mission étant l’observation de la distribution des cartes d’électeurs ainsi que la campagne électorale dans les différentes localités du pays.
« La COCEM a publié un premier rapport le 23 juin 2018 qui couvre le premier déploiement des observateurs dans les lieux de distribution des cartes d’électeur. Le présent rapport couvre le deuxième déploiement pour l’observation du déroulement de la distribution des cartes d’électeur du 23 juin au 14 juillet ainsi que le déroulement de la première semaine de campagne électorale du 7 au 14 juillet », a expliqué Fatoumata S. Dicko. Selon elle, les observateurs de la COCEM ont rapporté de sérieuses perturbations de la distribution des cartes d’électeurs biométriques dans toutes les régions, causées par la grève des administrateurs civils qui a duré du 25 juin au 3 juillet. Des perturbations qui se sont poursuivies dans les communes I, III, V et VI de Bamako. Toutes choses qui ont affecté les autres communes et cercles suite à une grève des agents de distribution des cartes d’électeurs qui réclamaient leurs rémunérations.
Fatoumata S. Dicko a dénoncé quelques problèmes relatifs à l’éloignement et les difficultés d’accès aux lieux de distribution des cartes pour les électeurs dans certaines localités.
« Cette situation est encore plus accentuée dans la région de Mopti avec l’interdiction de l’utilisation des motos. Ce qui rend l’accès des lieux de distribution encore plus problématique pour les électeurs désireux de retirer leurs cartes d’électeur. La COCEM note dans son premier rapport publié le 23 juin 2018 le démarrage de la distribution des cartes d’électeur dans toutes les régions à bonne date sauf dans la région de Kidal où la distribution des cartes d’électeur a finalement pu débuter le 4 juillet », a affirmé la présidente. Selon qui, la COCEM remarque une amélioration dans la sécurisation des lieux de distribution par les forces de sécurité.
« Dans les lieux de distribution visités, 30% des agents de distribution sont des femmes », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que les observateurs ont rapporté des cas d’attribution de cartes à des électeurs sans la présentation d’une pièce d’identité dans trois des 15 lieux visités.
« La COCEM a constaté une atteinte sérieuse à la loi à travers des cas de retrait illégal de lots de cartes dans 6 des 15 lieux visités dans 5 régions différentes. Cela risque d’entamer le crédit des chiffres donnés relativement aux nombres de cartes réellement distribuées aux électeurs. Dans la même veine, les observateurs ont relevé des cas de retrait de cartes pour autrui sans présentation de procuration », a-t-elle fait savoir.
Parlant de l’observation de la campagne électorale, elle dira que les observateurs pré-électoraux de la COCEM ont été formés à cet effet avant d’être déployés dans huit régions du Mali en plus du District de Bamako. D’après elle, ce rapport couvre la première semaine de la campagne électorale.
« La COCEM a observé des affichages de posters de certains candidats avant la date de démarrage officiel de la campagne le 7 juillet 2018 notamment à Bamako. Ce manquement a perduré malgré l’intervention de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) qui a requis de les enlever. Des activités de campagne ont été observées dans toutes les régions du pays. Cependant, peu d’actions notables ont été observées dans la région de Kidal. Dans 3 des 9 régions, la distribution de tee-shirts, gadgets et insignes a été observée et les observateurs de la COCEM ont relevé des cas de distribution de sommes d’argent afin de mobiliser la population pour les rassemblements populaires de certains candidats », a expliqué la présidente. Pour qui, la COCEM a aussi noté un cas d’utilisation d’un lieu de culte afin de passer des messages de campagne. Mais pour elle, aucun acte de violence, d’intimidation ou d’attaque sur une activité de campagne n’a été rapporté.
Comme recommandation, la COCEM a exhorté les autorités compétentes à veiller à la stricte application de la loi électorale concernant l’interdiction du retrait des lots de cartes et du retrait de cartes d’autrui sans présentation de procuration.
« La COCEM recommande le respect des dispositions légales relatives à l’identification des électeurs avant le retrait des cartes. La coalition exhorte les autorités compétentes à prendre des dispositions pour la sécurisation systématique de tous les lieux de distribution des cartes d’électeur » a-t-elle conclu.
Aoua Traoré
Source: Tjikan