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Présidentielle au Nigeria : le géant à la croisée des chemins

A une semaine de la présidentielle nigériane, les signaux rouges se multiplient sur l’avenir du géant d’Afrique de l’Ouest. Le scrutin oppose quatorze candidats, même si le sortant Goodluck Jonathan et son principal adversaire Muhammadu Buhari, sont les seuls à attirer l’attention des médias.

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Les défis sont d’ordre sécuritaire, économique et politique. Initialement prévu en février le scrutin va finalement avoir lieu le 28 mars 2015. Cependant les menaces sécuritaires ayant conduit à ce report sont toujours d’actualité.

La plaie Boko Haram

Le combat contre Boko Haram est encore à gagner, face à l’impuissance de l’armée nigériane, la force multinationale composée du Tchad, du Cameroun, du Niger (et accessoirement du Bénin qui avait annoncé la mobilisation de 400 soldats) a pris le relais, annonçant la reprise de certaines localités dans le Nord qui étaient sous le contrôle des insurgés.

En six ans d’insurrection, Boko Haram est accusé d’être responsable de la mort de 13.000 personnes et d’avoir causé le déplacement forcé de 1,5 millions de personnes, selon un bilan officiel.
Pour le scrutin du 28 mars, les observateurs craignent particulièrement une recrudescence des attaques suicides, ciblées et des actes de guérilla, vu que les capacités organisationnelles des insurgés pour mener des actions massives sont en ce moment largement entamées par la force multinationale.

Incertitudes économiques

Sur le plan économique, les spécialistes multiplient les avertissements sur les perspectives maussades qu’offre le pays. Dans un rapport publié le 11 mars 2015, l’agence internationale de notation, Standard& Poor’s, souligne clairement que l’économie nigériane est dans une « pente dangereuse ».

Selon l’agence, les facteurs négatifs sont liés à l’insurrection continue de la secte Boko Haram, la chute des cours du brut qui assure 80% des revenus du pays et le risque de violence du scrutin lui-même
Dans son rapport annuel publié le 12 mars 2015, le cabinet londonien, Controlrisks, souligne aussi les mêmes inquiétudes concernant le Nigeria.

« La tension persistante constaté dans la campagne électorale augmente les risques d’un résultat final contesté et d’une période postélectorale trouble », souligne les analystes de Controlrisks dans un document transmis à Ouestafnews.

Dans leur rapport dénommé Riskmap2015, les analystes de ce cabinet londonien, inconnu du grand public, estiment que le prochain vainqueur de la présidentielle aura comme challenges de «la crise des finances publiques » l’insurrection de Boko Haram et le maintien de « la stabilité sociale dans la riche région pétrolière du Delta du Niger ».

Depuis juin 2014, les cours mondiaux du brut accusent une forte baisse mettant en mal les finances publiques des grands producteurs de pétrole dont essentiellement le Nigeria, première économie d’Afrique.

La forte offre consécutive à la reprise de la production en Libye et en Irak, maintient aujourd’hui le baril en deçà des 50 dollars, ce qui selon des analystes pose déjà de sérieuses hypothèques sur le budget 2015 du Nigeria.

Jonathan ou Buhari ?

Arrivé au pouvoir par un coup du sort suite à la mort de du président Umaru Yara’dua en mai 2010 dont il fut le vice-président, Goodluck Jonathan a vu petit à petit sa bonne fortune s’éloigner sous les feux ardents de la critique.

Contesté par de puissantes voix de sa formation politique le People’s Democratic Party (PDP), qui jugeaient indue sa candidature à la présidentielle, vilipendé par l’opinion publique pour sa « mollesse » face à l’équation Boko Haram, Goodluck a connu une période pré-électorale stressante, loin de connaître son épilogue.

Evènement inédit, Goodluck Jonathan (né en novembre 1957) perdait en décembre 2013, la majorité au parlement, suite à la défection de 37 députés contestataires de son parti, qui ont rejoint le All-Progressive Congress. Sans compter les personnalités comme Abubakar Atiku ancien vice-président du pays et Olusegin Obasanjo, ancien président, qui ont aussi quitté le PDP.

Dans l’opinion publique, l’éventualité d’une victoire de Muhammadu Buhari (né en 1942), n’est pas exclu pour ce Général à la retraite qui a dirigé le pays pendant deux ans dans les années 80, suite à un coup d’état. Eurasia group, cabinet spécialisé dans le management du risque, estime la probabilité d’une victoire de Buhari à 60%.

Au-delà de l’équilibre entre les Etats du nord qui vote majoritairement musulman et ceux du sud traditionnellement favorable aux candidats chrétiens. Selon Eurasia Group, la donne serait changée par les Etats dits indécises (swing states) qui penchent nettement pour le challenger de Goodluck Jonathan.

Certains Etats du Sud se montrent même aujourd’hui beaucoup plus sensibles aux promesses de Buhari, le candidat de la grande coalition de l’opposition, le All progressives Congress (APC).
Selon une estimation du Centre pour les politiques publiques alternatives (CPPA) un think tank nigérian, Buhari sera largement le gagnant dans l’état de Lagos (Sud), avec 58 % des voix.

Une victoire de Buhari qui en est à sa quatrième tentative, serait sans aucun doute un tournant et marquerait la fin d’une époque pour le Parti démocratique populaire (PDP), la formation politique qui monopolise le pouvoir depuis le retour à la démocratie, remportant tous les scrutins présidentiels depuis 1998.

Qualifiant ce scrutin « d’opportunité historique », le président des Etats -unis, Barack Obama a dans un message télévisé, ce lundi 23 mars 2015, lancé un appel aux acteurs politiques à rejeter la violence.

Lundi 23 Mars 2015
Source: Ouestaf News

 

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