Sans entrer dans les détails, le camp du président sortant, Ibrahima Boubacar Keïta, s’est laissé entrainer dans le jeu des « annonces prématurées », lorsque le directeur de campagne d’IBK, M. Boukary Tréta a tenu une conférence de presse, mardi dernier pour se prononcer sur les « tendances électorales ».
Le même jour, M. Abdourahmane Diarra, représentant du candidat Soumaïla Cissé officialise sa démission de la commission nationale de centralisation des résultats du vote, dénonçant un bourrage d’urnes dans plusieurs localités où les électeurs n’ont pas pu voter. Devant une situation aussi complexe, seules la mesure et la maturité des acteurs politiques pourraient sauver le pays des menaces d’explosion post-électorale.
La république du Mali est à la croisée des chemins. Les résultats du deuxième tour de la présidentielle du 12 août 2018 sont attendus dans la peur et l’incertitude. Le challenger du président sortant avait revendiqué la victoire prématurément, avant de déclarer qu’il rejette « les résultats sortis des urnes, parce qu’ils ne refléteraient pas la réalité des chiffres». Il soupçonne des fraudes massives notamment dans les bureaux implantés dans le Nord du pays, où la situation sécuritaire était très précaire.
Le camp présidentiel, jugé favori, depuis la proclamation des résultats du premier tour, où il devançait son vis-à-vis de plus de 20% de voix, est lui tombé dans le piège des annonces intempestives, même si M. Boukary Tréta, directeur de campagne d’IBK a pris la précaution de se contenter de dire parlant des performances qu’aurait réalisées son candidat : « Il semble qu’il soit en tête dans la totalité des régions, toutefois, nous attendons avec sérénité les résultats officiels qui vont être communiqués prochainement par les autorités compétentes », dixit le directeur de campagne, M. Tréta.
Le mal pointait déjà à l’horizon depuis le premier tour, lorsque le collectif des 18 candidats de l’opposition avait dénoncé « des fraudes massives et un manque de transparence inquiétant », appelant, d’après certains membres du collectif « à un boycott général » du second tour. Un tel imbroglio a conduit les deux faiseurs de rois, arrivés 3ème et 4ème (MM. Aliou Diallo et Cheikh Modibo Diarra) à s’abstenir de donner la moindre consigne de vote, en faveur des deux rivaux que sont Ibrahima Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé.
C’était également le cas de M. Oumar Mariko, candidat malheureux du parti SADI, qui a ouvertement appelé au boycott du scrutin du 12 août 2018, afin d’éviter de jouer le rôle de faire valoir, de ce qu’il a qualifié de « mascarade électorale ».
La dégradation de la situation post-électorale s’est davantage précisée avec la démission fracassante d’Abdourahmane Diarra, représentant du candidat Soumaïla Cissé de la commission nationale de centralisation des résultats du vote, dénonçant entre autres, « des bourrages d’urnes inqualifiables », selon ses propres termes.
Pourtant, les observateurs internationaux de l’Union africaine comme ceux de l’Union européenne, parlent « d’élections qui se sont passées dans des conditions acceptables ». Le Secrétaire général de l’Onu, M. Antonio Gutteres a invité les différentes parties « à garder le calme jusqu’à la conclusion du processus électorale, en évitant de verser dans des rhétoriques incendiaires ».
D’ores et déjà, la communauté internationale et particulièrement, l’Union africaine devrait adopter une posture d’anticipation afin de prévenir l’éclatement d’un conflit post-électoral. Le Mali, qui peine encore à sortir d’une crise qui l’avait amputé de sa partie Nord depuis 2012, n’a pas besoin de s’enfoncer dans une crise, dont les conséquences pourraient annihiler les efforts jusque-là déployés pour remettre le pays sur ses deux pays. De même, la classe politique malienne est plus que jamais interpelée pour faire passer les intérêts supérieurs de la patrie, avant ceux cryptopersonnels des partis.