Si en 2007, le président ATT avait rempilé sans coup férir du fait de sa gouvernance plutôt consensuelle (rassemblant la quasi-totalité des partis politiques), le président IBK, dont la candidature ne fait pas l’ombre d’un doute, sauf cataclysme de dernière minute) pourrait avoir d’énormes difficultés à remporter la prochaine présidentielle dès le premier tour.
Si l’opposition malienne élargie aux nouveaux contestataires du pouvoir IBK s’était unie avec un seul candidat, pour se lancer dans la course pour la conquête du fauteuil présidentiel, le président IBK devrait souffrir à conserver son fauteuil douillet de Koulouba. Mais, les égos et les querelles de leadership empêchant à coup sûr une candidature unique des adversaires du pouvoir, IBK conserve des chances de rempiler. Encore faut-il qu’il sache bien manager en cette fin de mandat avec un Premier ministre, auquel il doit mille chandelles…Soumeylou Boubèye Maïga, visiblement décidé à améliorer sa gouvernance, fait des bonds en avant par rapport à la sortie de crise et du point de vue de la pacification du pays, malgré les écueils.
Le candidat IBK doit en principe compter sur les divisions au sein de l’ADEMA-PASJ, qui ne peut plus rester soudé derrière un candidat «rassembleur et consensuel ». Ce qui permettra à une partie de l’électorat ADEMA fidèle aux cadres acquis à la candidature d’IBK de voter en faveur du président sortant. Ce sera sous le lobbying et la sensibilisation des personnalités comme les ministres Pr Tiémoko Sangaré, Abdel Karim Konaté dit Empé, Adama Tiémoko Diarra, les députés Yaya Sangaré, Mahamadou Cissé dit Bagagnoa, le maire Adama Sangaré… qui aspirent à un second mandat d’IBK.
En dehors de ce soutien de taille ajouté au vivier de militants RPM, ASMA, UDD, UM-RDA, APR et des nombreuses associations de soutien, le candidat IBK fera difficilement le score de 2013. Car, sa gouvernance, n’a pas enregistré le succès espéré. La montagne du « Mali d’abord et de l’honneur des Maliens» n’ayant accouché que d’une petite souris. N’empêche qu’une frange importante des populations demeure attachée à renouveler le mandat d’IBK. Histoire de donner une seconde chance. Pourra-t-il faire mieux, le cas échéant ? Nul ne saurait le dire. Les urnes en décideront.
En dehors de camp de l’actuelle majorité présidentielle, le candidat IBK fera face à la forte adversité des leaders comme Soumaïla Cissé de l’URD, Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba, Modibo Sidibé des FARE Anka Wili, Dr Oumar Mariko de SADI auxquels s’ajouteront Mamadou Igor Diarra, Hamadoun Touré, Modibo Koné, Moussa Sinko Coulibaly, Kalfa Sanogo… Ces postulants pourront difficilement bousculer le leadership au sein de la classe politique. Ce qui fait que les ténors comme IBK, Soumaïla Cissé, Dioncounda Traoré étant sur le point de désister, Modibo Sidibé et un nouveau comme Aliou Boubacar Diallo devront jouer les premiers rôles durant cette élection présidentielle.
Et, sur les quatre leviers déterminants dans une élection présidentielle que sont l’aura personnelle, l’assise politique, les ressources dont on dispose et le programme de société, les deux premiers candidats cités risquent de se retrouver encore en ballotage, comme en 2013.
Si au plan de l’assise politique, la majorité présidentielle n’est plus une foudre de guerre comme en 2013, suite aux défections et démobilisation au sein de la CMP, l’URD semble bien résister au sein de l’opposition. Le parti n’a enregistré quasiment aucun départ massif ? Il a même accueilli quelques cadres, alors que le RPM a perdu plusieurs députés et cadres et des personnalités proches du président IBK, comme Oumar Tatam Ly, Aliou Boubacar Diallo, Me Mountaga Tall, Mamadou Ismaël Konaté, Moussa Mara, Bocar Moussa Diarra, Mohamed Aly Bathily, Racine Thiam, etc ont pris leur distance vis-à-vis du pouvoir.
En outre, sur le plan programme de gouvernance, il semble que Soumaïla Cissé est mieux loti que son grand-frère de Sébénikoro, sauf que les experts estiment à 10 % l’impact du programme de gouvernance du candidat à la présidentielle en Afrique. Contrairement à l’Europe où les électeurs sont plus regardants sur les projets des aspirants au fauteuil présidentiel.
Le leader de l’URD avait même publié un livre retraçant les grands axes de son programme en 2013, mais cela n’a pas plaidé en sa faveur… Il avait aussi souhaité, sans succès, une confrontation en débat face-à-face à l’entre-deux-tours du scrutin présidentiel avec son challenger. Le candidat IBK s’était intelligemment dérobé à grand oral pour, peut-être, ne pas y laisser des plumes
Si l’aura personnelle d’IBK a pris quelques coups à travers sa gouvernance où son caractère d’homme d’autorité et de poigne n’a point été perçu, du point de vu des ressources, le président sortant a certainement du répondant. Les ressources financières et humaines seront sûrement au rendez-vous pour une campagne de mobilisation afin de convaincre les Maliens à lui offrir un nouveau mandat.
De même, du côté de Soumaïla Cissé, l’on annonce une santé financière résiliente, une aura suffisante même si au point de vu programme, l’électorat n’en a cure. Ce qui pourrait donner lieu à une confrontation presqu’équilibrée, même si le président sortant peut jouer sur plus d’un tour dans son sac…
Par ailleurs, d’autres facteurs déterminants comme la participation des populations à l’élection, la campagne électorale avec à la clé les slogans et les discours mobilisateurs des uns et des autres pourraient créer la surprise. Mais de l’avis de nombreux analystes, le takokelen (une victoire au premier tour) est trop peu probable, malgré l’émiettement des voix en faveur d’IBK. Car, malgré la pléthore de candidats en 2013 et la forte présomption selon laquelle IBK était l’homme de la situation, celui-ci n’a pas pu l’emporter dès le premier tour.
Toute la question est à présent de savoir qu’en cas d’un face-à-face du second tour entre IBK et Soumaila Cissé dans quel camp la balance va pencher pour cette édition. Plusieurs facteurs sur lesquels nous reviendrons seront décisifs.
Boubou SIDIBE/
La rédaction