L’ancien Premier estime que son expérience, son parcours, ses productions intellectuelles et ses actes posés dans le passé le classent parmi les prétendants les plus crédibles
1-Monsieur Moussa Mara, ancien Premier Ministre, vous êtes un candidat déclaré pour la présidentielle de 2018. Pourquoi, voulez-vous briguer la magistrature suprême de l’Etat?
Moussa Mara : Ces trois dernières années, j’ai parcouru plusieurs fois les cercles et les communes et les villages maliennes (43 cercles, 200 communes et des centaines de villages) mais aussi 50 pays où vivent les maliens pour échanger avec eux et comprendre leurs positions sur le pays. J’ai déduit de ces milliers de rencontres que nos compatriotes n’ont plus confiance ni en eux-mêmes, ni en leur pays et encore moins à leurs dirigeants. Sans cette confiance, rien de durable ne peut être entrepris par une collectivité vers la prospérité de ses membres. Je veux restaurer cette confiance et travailler à rassembler nos compatriotes. J’estime correspondre au profil souhaitable pour recoudre le tissu social malien. Je suis jeune, ouvert vers l’avenir, je n’ai pas été associé aux luttes politiques féroces des 60 dernières années et n’ai pas de compte à régler avec qui que ce soit. Je suis métissé à plusieurs titres (ethnique et religieux) et comprends donc la richesse immense que constitue la diversité du Mali. J’ai un parcours, un discours et un projet qui permettront de réussir ce dessein pour mon pays.
2- On vous a vu à l’oeuvre à la Primature. Votre bilan est peu reluisant. N’est-ce pas un handicap pour votre ambition qualifiée par certains, de démesurée ?
Moussa Mara : Le bilan dont vous parlez est un bilan de neuf mois de primature, dans un contexte politique, social et sécuritaire particulier. J’ai publié mon bilan à la sortie de la primature et si vous faites l’effort de l’appréhender, vous vous rendrez compte qu’il est de très loin positif pour un Premier Ministre, c’est-à-dire un responsable n’ayant pas toutes les marges de manœuvre pour donner la pleine mesure de ses projets. J’ai conduit le processus de paix ayant abouti à l’accord de paix. J’ai mis en place un système de suivi des performances des Ministères qui, s’il était poursuivi, allait révolutionner la gouvernance publique du Mali. J’ai engagé le chantier du contrôle physique des agents publics ayant abouti à plus de 20 milliards de FCFA d’économie pour l’Etat. J’ai impulsé un dynamisme à l’action gouvernementale, ponctuée par des visites de terrain auprès des maliens ayant permis de régler des dizaines de situations d’injustice à l’égard de nos compatriotes. Ce sont entre autres certaines actions qui illustrent l’esprit dans lequel j’ai exercé cette responsabilité et qui est rigoureusement le même que j’avais en tant que Maire ou Ministre : servir les maliens et susciter en eux une confiance renouvelée à l’égard de leurs leaders. Par conséquent, je ne pense pas que mon passage et mon bilan à la Primature seront des obstacles dans le cadre des campagnes présidentielles. Au contraire ! Quant à mon ambition démesurée, vous vous fondez sur quoi pour la qualifier ainsi ? S’il s’agit de mon âge, je vous signale qu’à chaque scrutin où j’ai été candidat, il y avait plus jeune que moi. C’était le cas en 2013 et il n’y a pas de doute que cela sera le cas cette année. Je vous signale également que le Mali a déjà eu un chef d’Etat (Moussa MARA) à un âge (35 ans) très largement inférieur au mien (43 ans). S’il s’agit d’autre chose, je pense que mon expérience, mon parcours, mes productions intellectuelles, mes actes posés dans le passé me classent parmi les candidats les plus crédibles à cette élection. Je termine en disant que l’ambition est à encourager au sein de la population malienne, notamment les jeunes car c’est elle qui pousse à exceller et à se battre.
3- C’est vrai que vous êtes un jeune brillant, cultivé, auteur de plusieurs ouvrages et des publications sur des thèmes divers, avez-vous d’autres atouts supplémentaires pour être Président de la République ?
Moussa Mara : J’ai présenté dans les lignes précédentes mes atouts principaux. Si je devais ajouter d’autres qualités, ce serait l’honnêteté reconnue par tout le pays et ailleurs, mais également la grande capacité de travail qui me fait entamer mes journées à 6 heures du matin pour les terminer au-delà de 20 heures.
La situation actuelle de notre pays rend obligatoire pour le Président d’être capable d’enchainer des journées de travail où il sera à la tâche plus de 14 heures sans discontinuer. Il imprimera ainsi une cadence dans le fonctionnement de l’administration qui fera avancer tout un chacun à une grande vitesse, cela signifie que les dossiers soient bien et vite traités et donc que les maliens soient bien et vite servis. Nous ne pouvons plus nous permettre une marche d’escargot quand le monde évolue et surtout quand les attentes de nos compatriotes sont nombreuses.
4-Moussa Mara, Président du Mali, quelle sera votre priorité durant les six premiers mois de votre gestion?
Moussa Mara : La sécurité à travers ses quatre segments majeures : le dossier du Nord, celui du centre, l’insécurité dans les villes et l’insécurité sur nos routes et dans certaines parties de notre pays (site d’orpaillage…). Je m’impliquerais personnellement sur les dossiers d’insécurité et me rendrais constamment sur le terrain, non pas en visite courte avec du bruit, mais en séjours prolongés pour traiter de tous les facteurs ayant une incidence sur les questions d’insécurité. Je réunirais le Conseil de défense une fois par semaine au lieu de trois fois par an actuellement. Je fusionnerais les ministères de la Défense et de la Sécurité et améliorerais fondamentalement le système de renseignement.
Je donnerais 18 mois pour parachever la mise en œuvre de l’accord de paix, résoudre une bonne partie des problèmes du centre et améliorer de manière significative la situation sécuritaire dans les villes et sur d’autres parties du territoire.
5- Moussa Mara, éliminé dès le 1er tour, avec un scénario plausible IBK- Soumi, pour qui appelleriez- vous à voter?
Je ne serai pas éliminé au1er tour.
6-Pour terminer, est-ce que ça vous fait mal de voir le Premier Ministre Boubèye réussir là où vous avez échoué ?
Moussa Mara : Suivez mon regard! Où est ce que j’ai échoué et où le Premier Ministre Boubèye a réussi ? Si vous faites allusion à la visite à Kidal, je vous demande de questionner vos compatriotes et vous aurez une idée de leur appréciation sur ces deux visites. Il est possible que le Premier ministre actuel ait voulu conjurer son propre traumatisme, dans le cadre de ma visite, qui a vu l’ensemble du pays lui faire le reproche d’avoir simulé une maladie pour ne pas se rendre à Kidal. Moi je n’en suis pas là et je ne fais pas de ces questions un défi, une compétition ou une source de comparaison. Personnellement j’ai une mission à exercer, celle de sortir mon pays d’un mauvais pas profond et significatif, rassembler ses fils et ses filles et engager une marche vers l’espoir de lendemains meilleurs. C’est ce qui m’importe.
El Hadj Chahana Takiou
Source: 22 Septembre