Même si nous ne disposons encore que de résultats non officiels, déjà, force est de reconnaître que le scrutin de dimanche dernier a révélé un candidat que, presque, personne n’attendait à ce stade de la compétition : Cheick Modibo Diarra.
La surprise de cette élection présidentielle est, avant même la proclamation officielle des résultats, sans nul doute, l’ancien Premier ministre sous la transition, Cheick Modibo Diarra. Celui qui n’était même pas sûr d’être présent à la ligne de départ est, finalement, parti pour être classé troisième ou, même, deuxième, à l’issue de ce premier tour. Une chose est sûre, sauf surprise et revirement énorme de dernière minute, il sera dans le trio de tête et, au pire des cas, faiseur de rois.
Jusqu’à, il y a deux jours, personne ne le prenait assez au sérieux et tous ses faits et gestes étaient, même, tournés en dérision. C’était la tête de Turc ; alors même que certains signes et signaux, venant de son camp, devaient alerter tous les politiques sérieux et avertis.
D’abord, quand il est parvenu à rallier à sa cause l’ancien Premier ministre Moussa, malgré les démesurées ambitions de ce dernier. Ce ralliement aurait dû susciter au sein de la classe politique surtout des interrogations et des questionnements. Malheureusement, tout le monde a pris ça pour un non-évènement et même quand on essayait d’attirer l’attention là-dessus, la réponse était tout simple : Mara n’a plus de parti, plus de partisans.il n’a plus d’argent, plus de parrainages, etc.
Au tour de la Cour constitutionnelle, désormais. Au niveau de cette institution, le dossier de Cheick Modibo Diarra a été rejeté avant d’être accepté et cela, non plus, n’a alerté personne : un nouveau non-évènement. Pendant ce temps, ce sont les discours et autres soutiens favorables à l’ancien Premier ministre qui se multipliaient dans les villes, les villages, à l’extérieur et sur les réseaux sociaux. L’homme a été présenté comme un homme neuf.
Pour nous qui l’avions côtoyé, à l’époque, dans le cadre de nos fonctions antérieures, nous croyions avoir affaire à quelqu’un d’autre ; tellement il était encensé et bien présenté dans le cadre de cette présidentielle : un nouvel homme qui incarne le changement, qui ne fait pas partie de la cohorte de 1991 ; qui n’a donc pas participé à l’effritement du pays. C’est cela le nouveau Cheick Modibo Diarra qui a aussi, selon plusieurs observateurs, bénéficié du soutien de tous les partisans mécontents du chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily (RasBath).
Sur ce point, il faut rappeler que certains militants CDR ont, publiquement, dénoncé le soutien du chroniqueur à Soumaïla Cissé. Argument avancé : il n’incarne pas le changement souhaité par le regroupement, à leurs yeux ; pour qui, ils ne pouvaient se battre que pour l’ancien Premier ministre. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont longtemps véhiculé ce message. Un discours qui, apparemment, est passé au sein d’une certaine frange de la population malienne, surtout à l’intérieur.
Cheick Modibo Diarra reste donc l’inconnue de cette présidentielle. Quel sera son classement ? Deuxième ou faiseur de rois ? Personne ne le sait pas, avec exactitude, pour l’instant. Lui, pour sa part, monte déjà les enchères. Il s’est désolidarisé de la déclaration commune que certains candidats à la présidentielle ont publié en milieu de semaine et serait en train de négocier, à coup de milliards, son soutien à un éventuel candidat au second tour.
Moussa Touré
Source: Nouvelle Libération