L’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) a confirmé son soutien au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Source d’une atmosphère tendue dans la ruche depuis quelques mois, la question d’une candidature interne a divisé l’instance dirigeante du parti. Après moult rencontres, le soutien à la candidature du président IBK a fini par être accepté par la majorité des leaders des abeilles. Mais, précisons-le, sans bénéficier du confort souhaité de l’unanimité.
C’est le samedi dernier, au Maeva Palace, que le parti a définitivement tranché la question qui divise à l’issue de sa 3è Conférence nationale extraordinaire. Cette importante rencontre, qui a vu la participation des membres du comité exécutif (CE), des délégués venus d’une cinquantaine de sections de l’intérieur comme de l’extérieur, avait un seul point à l’ordre du jour : «L’examen d’un rapport du comité exécutif sur l’élection présidentielle de 2018».
Au terme des travaux, dirigés par le président du parti, Pr Tiémoko Sangaré, la Conférence nationale extraordinaire a décidé de ne pas présenter de candidat. En outre, elle invite le Comité exécutif à créer les conditions de soutien à Ibrahim Boubacar Keïta, dans le cadre d’une coalition forte, porteuse d’une offre politique cohérente et partagée. Elle exhorte le comité exécutif à engager, dans les meilleurs délais, un dialogue politique avec le président Ibrahim Boubacar Keïta et les autres forces politiques qui le soutiennent et invite le comité exécutif à participer à la constitution de la plateforme politique devant porter la candidature du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Réagissant dans la foulée, après ce choix, Pr Tiémoko Sangaré indiquera qu’il appartient maintenant à la direction du parti, à l’ensemble des militants d’adopter la posture qui leur permettra de tirer le meilleur profit possible de cette décision. «J’estime que cette décision n’est à l’avantage ou au désavantage de personne, c’est une décision qui est prise dans le sens de conforter des efforts que nous sommes en train de faire pour relever notre parti. Nous sommes aujourd’hui dans une situation difficile et la mise en œuvre de l’option choisie, si on la faisait dans la discipline, dans la cohésion, nous permettra de ramener très rapidement le parti à son niveau d’antan, d’en faire la véritable première force politique», a espéré le président du parti de l’Abeille.
Quelques heures plus tôt, à l’ouverture de la Conférence, un malaise était perceptible devant l’entrée de l’hôtel Maeva. En effet, quelques dizaines de militants du PASJ, tenus à bonne distance par des policiers, étaient très remontés contre la direction du parti. Ils tenaient des banderoles sur lesquelles l’on pouvait lire : «le militant ADEMA refuse l’achat de conscience» ou encore : «L’ADEMA n’est pas un club de soutien». Ils ne cessaient de scander : « Nous voulons un candidat interne à l’ADEMA».
Autre lieu, autre atmosphère et autre état d’esprit: à quelques dizaines de mètres de là, au même moment, dans la salle de conférence de Maeva Palace, les délégués s’installaient dans une sérénité relative avant le démarrage proprement dit des travaux. Sur les deux banderoles géantes qui ornaient la salle, il était inscrit : «3è Conférence nationale extraordinaire ADEMA/ PASJ : Une famille, un esprit, une foi »; «Ensemble, nous vaincrons».
Prenant la juste mesure de cette atmosphère atypique, le président Sangaré avait, dans son discours d’ouverture, lancé : «C’est donc le moment pour notre parti de jouer pleinement son rôle de stabilisateur, de modérateur, de fédérateur… Faisons donc de cette Conférence nationale extraordinaire un événement historique pour le Mali en faisant l’effort d’oublier nos égos, une conférence de choix pour le Mali, un choix fondé sur la raison, un choix qui transcende les égos, un choix pour le Mali, pour notre parti ». En outre, le patron de la ruche avait souligné que les conséquences de l’option qu’ils allaient prendre ce jour seront « immenses », naturellement, à l’intérieur de nos frontières, au-delà de la classe politique et de la société civile, mais qu’elles auront un écho également à l’extérieur auprès de nos amis, de nos partenaires qu’il faudra rassurer. « Nos choix auront forcément un échos sur l’avenir même du pays, dit-il. Car nous aurons contribué à sauver le pays si l’option est prise dans l’entente et la solidarité. Voilà pourquoi, je suis à la fois fier et ému que nous ayons traversés ce processus démocratique sans clash majeur et que nous soyons en passe de le gagner ensemble».
Lors de la conférence de presse qui a sanctionné les travaux de la Conférence, le président du parti s’est prononcé sur le long et difficile processus qui a finalement débouché sur ce soutien négocié. Par ailleurs, il a martelé que le parti qu’il dirige n’a aucun problème avec le bilan du président de la République, estimant qu’il en est même comptable. Tiémoko Sangaré a également rappelé que durant le quinquennat finissant, une dizaine de cadres de l’ADEMA ont été appelés au gouvernement.
Plusieurs fois interrogé sur le cas des militants de l’ADEMA qui ne respecteront pas la décision du parti, en se présentant malgré tout à l’élection présidentielle, le président Tiémoko Sangaré avertit : « S’il se trouve qu’un militant de l’ADEMA décide d’aller se faire investir candidat à la présidentielle, malgré la décision de la Conférence d’aller vers un soutien au président, c’est un acte de violation des textes du parti et qui est sanctionné par les mêmes textes. Donc, si cela arrivait les textes seront appliqués ».
Massa SIDIBÉ
Source: Essor