A l’issue du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement que Bamako a abrité samedi 7 décembre 2019, le président Ibrahim Boubacar Kéita du Mali a été désigné comme le nouveau Président en exercice de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Il succède ainsi au président Macky Sall du Sénégal qui a fait le déplacement dans la capitale malienne comme ses homologues de la Mauritanie et de la République de Guinée.
Le président Ibrahim Boubacar Kéita s’est réjoui de la confiance placée en lui et il a félicité Macky Sall pour les résultats engrangés. Il a ensuite exhorté toutes les parties à une solidarité plus agissante au bénéfice des populations des 4 pays (Guinée, Mauritanie, Mali et Sénégal).
Pendant son mandat, IBK doit s’atteler à l’accélération des grands chantiers à court et moyen termes. Et l’un des projets phares en cours, selon le Haut-commissaire Ahmed Diane Séméga, est le Système intégré de transport multimodal (SITRAM).
Les composantes routes prévoient la réalisation des voies d’accès du barrage de Manantali, de liaison Diama-Rosso, Labé-Tougué-Dinguiraye-Siguiri, et Tougué-Koukoutamba.
Mais, le volet le plus important du SITRAM est la navigabilité pérenne du fleuve Sénégal sur 905 km de Saint-Louis du Sénégal à Ambidedi au Mali. Et selon M. Ahmed Diane Séméga, ce projet est maintenant sur de bons rails. En effet, le 11 octobre 2019, l’OMVS a signé avec le géant indien AFCONS le contrat commercial pour la réalisation des travaux. Ceux-ci sont axés sur deux volets : Navigation de base et Transport minéralier sur le fleuve.
Ce premier volet consistera à l’aménagement d’un chenal fluvial, la construction d’un port fluvial à Ambidedi et d’un port fluvio-maritime à Saint-Louis. Il est également prévu la construction d’une dizaine d’escales portuaires, la réalisation de routes d’accès aux ouvrages hydroélectriques existants et à venir.
Quant au transport minéralier sur le fleuve, il doit faciliter l’exploitation et l’évacuation à moindre coût des différentes richesses minières existant le long du fleuve dans les quatre pays. Il s’agit notamment des phosphates de Bofal en Mauritanie, des phosphates de Matam au Sénégal, le gisement de fer et de bauxite au Mali.
Cette composante prévoit également la construction d’un port maritime en eau profonde aux environs de Saint-Louis, de quais minéraliers à Matam et Boghé, dans un premier temps. Elle envisage l’extension de l’aménagement du chenal navigable à 75 m de largeur à terme et la construction de quais minéraliers au Mali.
Un autre dossier prioritaire adopté par les chefs d’État est l’augmentation des capacités énergétiques. A ce niveau, un 3e barrage hydroélectrique est en cours de réalisation au niveau des chutes de Gouina situées sur le fleuve Sénégal au Mali, à 80 km au sud-est de Kayes vers Bafoulabé. Elle aura une capacité de 140 MW.
Quatre ouvrages supplémentaires vont permettre, à moyen terme, une meilleure régularisation des débits du fleuve Sénégal et la valorisation des potentiels du bassin en ressources énergétiques et agricoles. Il s’agit des barrages de Koukoutamba (294 MW), Boureya (114 MW), Gourbassi (18 MW) et Balassa (181 MW). À l’achèvement de ces projets, le système énergie de l’OMVS devrait atteindre une puissance installée d’environ 2000 MW.
L’élaboration d’un nouveau modèle de répartition des coûts et charges était au cœur du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Rappelons que, pour financer ses grands projets, l’OMVS a recours à des emprunts de manière conjointe, mais non solidaire. Un outil d’arbitrage scientifique impartial devenait alors indispensable pour fixer la quote-part qui revient à chaque État membre.
Créée en mars 1972, l’OMVS est un organisme inter-États regroupant le Mali, le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée. Sa vocation est de favoriser un développement intégré et coordonné du bassin du fleuve.
L’OMVS intervient dans la valorisation des ressources énergétiques du bassin du fleuve Sénégal, le développement d’un système de transport intégré basé sur la navigation fluviale, la préservation des ressources en eau et de l’environnement, et dans l’appui au développement local (pêche, alimentation en eau potable, agriculture irriguée).
Moussa Bolly
LE MATIN