Mine à ciel ouvert d’or située à Sadiola dans la région de Kayes au Mali depuis 1996, elle produira environ 6 tonnes d’or par an et est exploitée par AngloGold Ashanti et Iamgold. Aussi, ce village deviendra-t-il une destination massive pour toutes les nationalités, mettant ainsi en péril l’agriculture et l’élevage.
Zone aurifère par excellence depuis plus de 30 ans, le village de Sadiola devenu aujourd’hui siège des grandes entreprises minières nationales et internationales est dépourvue de toute sa biodiversité naturel. Les associations et regroupements de protection environnementale sont réduits à leur simple expression. La faute : course à cette pierre précieuse (l’or). Des gens venus de diverses localités du Mali et d’ailleurs font du village de Sadiola l’un des villages le plus peuplés, mais aussi le plus dangereux, où la préservation de la nature et la biodiversité laisse à désirer.
Une situation qui désole Bakany Keïta, présidente des femmes de Sadila pour la protection de l’environnement. À en croie cette dernière, il est évident que les autorités locales, à savoir le maire et le sous-préfet, sont de mèche avec les responsables de la Semos. Aux dires de la dame Keïta, cela fait plus de 4 fois qu’elles formulent des recommandations et démarchent le maire et le sous-préfet pour une éventuelle limitation des zones d’exploitation minière, artisanale et industrielle. Mais leurs revendications semblent tomber dans des oreilles de sourds.
« La plupart des légumes et fruits sont exportés des autres localités. Car il n’y a presque plus d’arbres et de terres cultivables. Ceux qui avaient une passion pour l’agriculture sont obligés de se convertir en orpailleurs artisanaux. Pour les plus chanceux qui ont des bras longs, ils sont embauchés par la société d’exploitation minière de Sadiola (Semos) », renchérît-elle.
Des trous partout, et aucun arbre n’est épargné malgré son importance, et l’eau du village semble être contaminée par les produits chimiques, poursuit Bakany Keïta. « Il ne nous reste plus que former une délégation et aller nous plaindre chez le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Certes nous ne sommes pas contre l’exploitation minière industrielle et artisanale, mais je crois qu’il faut qu’il y ait des zones tampon que nul ne doit franchir. Notre survie en dépend », s’est-elle offusquée.
Pour Yacouba Coulibaly, tradi-thérapeute au marché de Sadiola, il n’y a plus rien que l’on puisse faire. « Je ne sais même plus comment vont vivre les habitants de ce village quand il n’y aura plus l’or. Déjà, les plantes médicinales se font rares », dira-t-il.
Pour Mahmoud Sangaré, éleveur à Sadiola, le pâturage d’animaux devient difficile. Car les mines artisanales rendent toute la brousse impraticable pour les animaux. « Je suis obligé à chaque hivernage et saison sèche d’aller là où mes animaux seront en sécurité », s’exclame Sangaré.
Si les responsables de la Semos, aujourd’hui exploitée par Allied Gold, font la sourde oreille comme le stipule ci-dessus la présidente des femmes de Sadiola pour la protection de l’environnement, les orpailleurs artisanaux quand eux, la protection de l’environnement un une affaire de blanc. Selon Ousmane Djibo, il n’y a pas lieu de réfléchir quand il s’agit de choisir entre protéger les arbres ou chercher l’or. La deuxième option est la plus prolifique, nous dira-t-il. Et l’un d’eux va encore plus loin en affirmant : « Ne croyez pas à toute bêtise des Blancs. Le Mali est vaste, si l’agriculture n’est pas faisable à Sadiola, c’est faisable ailleurs. Les gens de Sadiola qui veulent cultiver peuvent aller ailleurs ».
Du côté des responsables de la Semos, c’est silence radio. Car nos tentatives de recoupement auprès des responsables de Allied Gold (nouveaux propriétaires de mine d’or Sadiola) se sont soldées par des échecs.
Adama TRAORE
Envoyé spécial