Le Centre Carter, qui tient le rôle d’Observateur Indépendant de l’Accord d’Alger, a récemment rendu public son neuvième rapport sur la mise en œuvre des dispositions de ce document. Même s’il salue l’amélioration du dialogue entre les signataires de l’Accord, l’Observateur Indépendant déplore tout de même » le manque d’avancées sur les questions les plus importantes « .
Parmi celles-ci, le Centre Carter a déploré les » désaccords portant sur le processus complet de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion des ex-combattants « .
Par ailleurs, l’Observateur Indépendant souligne la nécessité de projets de développement concrets dans le Nord ainsi que dans d’autres régions du Mali ; l’importance de traiter les questions de justice et de réconciliation; et l’achèvement de la réforme politico-institutionnelle et de la décentralisation, comme le prévoit l’Accord.
L’Observateur indépendant n’a pas aussi manqué de relever que la » méfiance croissante de la population à l’égard de l’Accord est également préoccupante, car elle menace la réussite de sa mise en œuvre « . Pour y faire face, il a demandé aux parties signataires de respecter leur engagement » à accroître l’inclusivité et la transparence tout au long du processus « .
A noter que le rapport a également tenu à saluer deux avancées majeures que le processus de paix a connues, à savoir, la délocalisation des sessions du Comité de Suivi de l’Accord en dehors de Bamako et l’intégration d’une dizaine de femmes au sein de cette structure de mise en œuvre de l’Accord.
Toutefois, le rapport a insisté sur la nécessité d’un engagement plus soutenu de la part de la communauté internationale, afin de donner un nouvel élan au processus de mise en œuvre pour réaliser des progrès concrets. S’agissant des questions centrales sur lesquelles aucune avancée majeure n’a été constatée, le rapport a mis l’accent sur le processus DDR. A ce sujet, il a recommandé de terminer la phase de rattrapage du processus de DDR-intégration accéléré et la finalisation de l’opérationnalisation des bataillons des Forces Armées Reconstituées (BATFAR), ainsi que l’intégration complète de leurs éléments au sein des Forces de Défense et de Sécurité.
A cet effet, il est important de rappeler que les chiffres des effectifs du MOC intégrés dans les rangs des Forces de Défense et de Sécurité du Mali sont de 1764 sur un total de 1840. Il reste encore 76 ex-combattants à intégrer. On est donc loin d’atteindre le chiffre des 3000 ex-combattants devant être intégrés dans les rangs des FDS comme l’ont recommandé le Conseil de sécurité de l’ONU et le Sommet de Pau (France), en 2020.
Pour l’Observateur indépendant, il est nécessaire d’adopter un plan pour le processus de DDR global, fixant les étapes à suivre pour mener à la dissolution des Mouvements signataires. Aux mouvements signataires, l’Observateur indépendant a demandé d’adopter une approche plus proactive envers le DDR et la mise en œuvre de manière générale.
Ainsi, le rapport a relevé une divergence de visions entre les Parties sur les prochaines étapes du processus de DDR après la finalisation de la phase de » rattrapage« . Parmi les questions persistantes que l’Observateur indépendant souhaiterait voir régler, on peut citer les quotas d’intégration des ex-combattants des mouvements dans les FDS et dans les corps civils de l’Etat ainsi que l’attribution des grades et l’intégration des ex-combattants dans la chaine de commandement. Autant de questions qui auraient pu être réglées en février dernier, lors d’une réunion décisionnelle sur les questions de Défense et de Sécurité.
Autres problèmes persistants que l’Observateur indépendant souhaite voir régler dans les meilleurs délais concernent la prise en charge des ex-combattants, le commandement, les indemnités et traitement salarial des BATFAR. L’Observateur Indépendant a déploré le fait que leur traitement soit inférieur aux autres unités FAMa déployées dans les mêmes zones.
A cette situation s’ajoute le retard du démarrage du volet réinsertion socio-économique, qui devrait bénéficier aux ex-combattants ne voulant plus s’adonner aux métiers des armes.
Pour l’Observateur Indépendant, les BATFAR sont cruciaux pour le rétablissement de la confiance entre les Parties et la sécurisation progressive des régions du Nord. A ses yeux, il ne faudrait pas les considérer comme un dispositif isolé et temporaire.
Massiré DIOP
Source: l’Indépendant