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Présence de Wagner au Mali : Paris entre pressions, menaces et chantages

Le groupe Wagner serait sur le point d’obtenir un Accord avec les Autorités maliennes pour la formation des troupes et la protection des dirigeants de l’Etat. Mais, pour l’heure, les Autorités du pays ne confirment pas officiellement cette information. Seulement, l’éventuelle arrivée du groupe Wagner provoque déjà l’ire des autorités françaises. Ainsi, Paris s’agite et multiple de pressions sur fond de menaces et de chantages à l’adresse du Mali et des ses autorités. Aussi, des partenaires (Etats-Unis, Allemagne, Cedeao) et des obligés (CMA) sont mis à contribution pour faire fléchir les autorités maliennes.

En effet, selon des informations de plus en plus persistantes, des discussions entre le Gouvernement de transition malien et l’entreprise de services de sécurité et de défense Wagner pourraient bientôt déboucher sur l’arrivée de groupe de sécurité russe au Mali avec la mission de fournir une protection personnelle aux principaux Dirigeants du pays. Face à cette possible arrivée de la société de sécurité russe, la France hausse le ton.

Ainsi, le Ministre français des Affaires Etrangères, Jean Yve LE Drian, a déclaré devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale  que «C’est absolument inconciliable avec notre présence» et «incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali». Il souligne que les paramilitaires de Wagner «se sont illustrés dans le passé, singulièrement en Syrie, en Centrafrique avec des exactions, des prédations, des violations en tous genres (et) ne peuvent pas correspondre à une solution quelconque ». Même tonalité chez la Ministre des Armées. « Si les Autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent avec l’action de la France au Sahel », avait auparavant réagi la Ministre des Armées, Florence Parly, devant la Commission de la Défense de l’Assemblée Nationale française.

Par ailleurs, on note une « campagne de diabolisation » de la part de certains médias français à l’encontre du groupe Wagner.

Pour sa part, le Ministère malien de la Défense admet mener des pourparlers avec la sulfureuse société russe. « Le Mali entend désormais diversifier à moyen terme ses relations pour assurer la sécurité du pays. Nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde ».

En tout cas, si l’information de la présence prochaine  du groupe Wagner se confirmait, cela va être un désaveu cinglant pour la France. Et cela viendrait souligner l’échec de la politique française dans notre pays. Cette politique (française) était fortement décriée par une frange importante de la population.

En effet, plusieurs manifestations ont été organisées par des Associations, mouvements ainsi que des partis politiques pour dénoncer la présence des troupes françaises dans notre pays. Ces rassemblements traduisent la montée en puissance du sentiment anti-français au sein d’une frange importante de l’opinion publique.

En substance, applaudie en 2013, la France a vite perdu l’estime que lui vouaient les populations maliennes. Car, celles-ci la suspectent de prêter main forte aux Rebelles de Kidal.

Ainsi, dans les rues de Bamako, on clame désormais haut et fort cette duplicité de l’Hexagone.

Kidal, le point d’achoppement

Pour de nombreux citoyens maliens, le Nord du Mali, plus précisément la Région de Kidal, serait le symbole du « jeu trouble » auquel s’adonnerait la France au Mali. Les Maliens auraient toujours en travers de la gorge cette interdiction des forces françaises d’entrer à Kidal pour en reprendre le contrôle.

La suspicion vient du fait que les Maliens ne comprennent pas toujours pourquoi, à l’entrée de Kidal, les troupes françaises avaient interdit l’accès des troupes maliennes, et « cela jusqu’à présent », souligne le Pr Issa N’Diaye, ancien Ministre de l’Éducation Nationale et militant du mouvement démocratique.

« Cela est difficile pour un pays qui se dit ami du Mali d’interdire l’entrée dans une partie du territoire national malien aux troupes maliennes. Cela ne peut pas se justifier, ce qui rend la position de la France de plus en plus indéfendable, même du point de vue de certaines personnes dans l’opinion publique française », ajouta-t-il.

Egalement, au sein de l’opinion malienne, l’on est convaincu que la Rébellion touarègue a fait un compromis avec l’OTAN et la France en abandonnant Kadhafi en pleine crise libyenne. Le marché était que si elle quittait le Sud de la Libye, la France l’aiderait au mieux dans ses revendications au Mali. Vrai ou Faux ? Au vu de certains évènements troublants, l’on est tenté de croire à la thèse du complot contre la République du Mali.  Mais pas explicitement par la France.

Aussi, combattu par leurs Alliés djihadistes, Serval dans son intervention pour libérer le Mali a permis la régénération du MNLA. Et certains médias français se sont investis pour séparer théoriquement ce mouvement de djihadistes. Alors que, lors de l’occupation du Nord, les populations locales se sentaient plus en sécurité avec Aqmi et Mujao qu’avec le Mnla qui violait, pillait, volait et tuait sans état d’âme.

Autant d’actes qui ont longtemps cristallisé la colère des Maliens contre la puissance colonisatrice. Et le fossé s’élargisse, au rythme des actions de Barkhane en faveur de la Coordination des mouvements de l’Azawad, chaque fois que celle-ci est menacée. Pas aussi lointain que la semaine dernière, de violents affrontements avaient opposé les combattants du GATIA (Groupe d’auto-défense touareg Imghad et Alliés) aux éléments de la CMA. La suite est connue… Le GTIA a fini par abandonner la ville de Ménaka et de Kidal. En réalité, le GATIA avait subi la pression (l’intervention) des forces françaises et de la MINUSMA. Ce n’était pas une première.

Ainsi, en juillet 2016, des Responsables du GATIA et de la Plateforme avaient dénoncé l’ingérence française en ces termes : « les français ont sauvé leurs protégés ». C’était à la suite de violents combats à Kidal. On se souvient aussi que la plateforme avait pris la localité de Ménaka, le 27 avril 2015. Elle sera contrainte, à la faveur d’un « arrangement sécuritaire », de quitter cette localité. Il s’est avéré que la pression de la médiation visait surtout à satisfaire les désidératas de la CMA, qui avait fait de ce retrait un préalable à la signature de l’accord de paix déjà entériné le 15 mai 2015 par le gouvernement malien et ses alliés. Également, toujours sur fond de chantages et de fourberies, la CMA avait aussi réussi à retrouver ses positions à Anéfis, d’où elle avait été chassée par la Plateforme, en septembre 2015. Pour y revenir, la CMA a dû faire appel à ses soutiens occultes. Après les évènements d’Anéfis, surviennent ceux de Kidal. Là, également, les casques bleus de la MINUSMA ont unilatéralement établi (18 août 2015) une zone de sécurité autour de la ville de Kidal, afin d’empêcher le GATIA d’entrer dans la ville de Kidal.

En réalité, le jeu était orchestré par la France qui fait tout pour maintenir Kidal sous le contrôle des Rebelles de la CMA. Conséquence : l’Autorité de l’État n’a pas été retrouvée (à Kidal) et ne semble pas l’être, puisque la France l’interdit. Au-delà, la question majeure qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que font les militaires français déployés dans le Nord du Mali.

Si l’arrivée de Wagner se concrétisait, on assisterait alors à une nouvelle distribution des cartes non seulement dans notre pays mais dans l’ensemble du Sahel. Selon une source spécialisée, la France étudie la possibilité d’un redéploiement plus rapide et plus important des troupes françaises du Mali vers le Niger voisin.

En outre, certains pays européens pourraient aussi décider de se désengager.

Au-delà de ces hypothèses, la question principale qui demeure est de savoir si le groupe Wagner pourrait-il stabiliser le Centre et Nord ? Le Mali n’est pas la Centrafrique (présence de Wagner), notre pays est plus vaste et la nature des menaces sécuritaires est diffèrent. Autres préoccuperions : Quelle sera l’attitude de ses pays voisins ?

Mémé Sanogo

Source : L’Aube

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