Les dates des élections présidentielles et législatives ont été fixées par les autorités de la transition, sous la pression de la communauté internationale qui les soupçonne de traîner les pieds alors que l’échéance arrive très bientôt.
En effet, le ministre lieutenant-colonel de l’Administration territoriale Abdoulaye Maïga est dans l’incantation alors que l’heure des réalisations concrètes a sonné. Un premier reproche qu’on peut lui faire, c’est de ne pas s’atteler au déploiement de l’administration avec les nouveaux préfets et sous-préfets militaires qu’il a nommés en grande pompe. Le deuxième reproche, c’est de n’avoir pas cherché un consensus sur la mise en place de l’organe qui organise les élections.
En donnant lui-même le calendrier des élections pour respecter le délai de la transition, il prend des risques. Étant donné que l’organe chargé de l’organisation des élections n’est pas en place, je ne vois pas sur quelle base il a fixé ce calendrier. En tout cas, il faut que tout repose sur ses épaules car les élections sont l’objectif principal ou sinon unique de la transition. J’ai des doutes dans leur capacité de conduire des réformes sur le système électoral ou sur une nouvelle constitution. Ils ont perdu trop de temps à tâtonner pour se précipiter maintenant.
Alléger les missions de la transition
Les autorités de la transition gouvernent dangereusement le pays. Ils sont dans un pilotage à vue. La priorité, c’est de se pencher sur le redéploiement de l’administration dans les 3/4 du territoire, abandonnés aux bandes terroristes. Il faut organiser des accords locaux avec les djihadistes comme à Farabougou, pour qu’ils acceptent le redéploiement de l’administration avec un cessez-le-feu local avec les FAMa. Il faut que le Haut conseil islamique s’implique partout où le problème existe. Au gouvernement d’ouvrir les négociations avec Amadou Koufa dont les combattants sont actifs dans la zone inondée, de l’Office du Niger, du Macina, à Djenné et sur le plateau dogon. Cela est urgent.
Il ne sert à rien au Premier ministre de porter la contradiction au français LeDrian en affirmant que le gouvernement est prêt à négocier avec Koufa et Iyad sans joindre l’acte à la parole. Un certain Ag Bibi est monté au créneau pour offrir son service à la facilitation d’une négociation avec Iyad. Mais, on a l’impression que le gouvernement malien compte passer par l’Algérie pour qu’elle se mêle de nos négociations internes. Sinon, comment comprendre depuis cette date, aucun contact exploratoire n’a été pris dans ce sens. On entend par-ci et par-là des personnes non habilitées préparer l’opinion publique au report de la fin de la transition. Sont-ils en mission pour les colonels qui souhaitent une prolongation éventuelle de la transition. Cela est une alerte qu’il ne faut pas prendre à la légère.
Abdoulaye Bah
Source : Le Démocrate