Malgré la centaine de partis politiques de soutien et les moyens colossaux provenant des ressources de l’Etat déployés, le président sortant sera, au meilleur des cas, contraint de devoir disputer sa réélection lors d’un second tour, le dimanche 12 août prochain. C’est l’expression d’une soif du changement marquée chez le peuple malien, nonobstant l’échec des certains nouveaux leaders pourtant bien nantis.
D’abord, il faut bien l’écrire : IBK devra, le cas échéant aller chercher le billet du renouvellement éventuel de son bail à Koulouba à un second de l’élection présidentielle. C’est l’illustration d’un échec cuisant de sa gouvernance lors des cinq années qu’il vient de passer à la tête du pays. Une gouvernance, faut-il le rappeler marquée par de nombreux scandales et surtout par l’implication de sa famille dans la gestion des affaires publiques.
… Ce qui déplaît certainement même dans les cercles restreint du pouvoir. Ce que les Maliens ont dû mettre dans la balance pour voter contre IBK. Cela est fortement marqué par les vote-sanction de la diaspora malienne plus au parfum des frasques. D’où le fait que IBK a perdu presque partout à l’extérieur au profit de son challenger direct, Soumaïla Cissé.
En outre, il faut souligner le manque de poids des nombreux soutiens du président sortant vis-à-vis de l’électorat. Plus de 60 partis politiques constituent la Plateforme « Ensemble pour le Mali » (EPM), l’appareil politique ayant porté a bout de bras la candidature d’IBK. Parmi ceux-ci il y a le RPM, le parti présidentiel (avec au moins une dizaine de membres au sein des gouvernements successifs) et des alliés ayant eu en leurs rangs des ministres et autres directeurs nationaux et conseillers du chef de l’Etat. Pr Tiémoko Sangaré de l’ADEMA, Abdel Karim Konaté, Adama Tiémoko Diarra du même parti, du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga de l’ASMA-CFP, de Tiéman Hubert Coulibaly de l’UDD, Amadou Koïta du PS Yelen Kura, Ibrahim Bocar Bah de l’Um-RDA, Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise de la CDS, etc occupent des fonctions stratégiques mais leurs soutiens n’ont pas permis au chef de l’Etat sortant de rempiler dès le premier tour comme souhaité à cor et à cri !
L’on peut s’étonner qu’avec autant de mobilisation des moyens de l’Etat, autant d’implication des cadres gouvernementaux et des chefs des administrations, IBK n’a pas réussi à se faire réélire dès le 1er tour du scrutin comme c’est de coutume dans la plupart des jeunes démocraties africaines. Encore que devoir jouer son destin à la tête du pays lors d’un second tour comporte des risques certains pour IBK de se faire clouer au pilori pour peu que la majorité de ses adversaires se rallient à son concurrent de toujours, Soumaïla Cissé.
Par ailleurs, l’autre leçon à tirer de ce 1 er tour de la présidentielle du dimanche 29 juillet est relative à l’absence de génération spontanée en politique. Cela intrigue, en effet, malgré le désir de changement fort chez les Maliens, l’on n’a pas pu observer la mise à la touche des « vieux dinosaures » de la scène politique comme IBK et Soumaïla Cissé. Même si Cheick Modibo Diarra a pu faire un bond extraordinaire, des candidats aussi nantis comme Dr Hamadoun Touré et Mamadou Igor Diarra n’ont vu que du feu, tant leur score respectif devrait être très décevants. Ce qui veut dire qu’une carrière politique est un parcours de longue haleine. Ce n’est parce qu’on a été ministre ou haut cadre d’une institution internationale et qu’on s’est amassé un trésor de guerre financier qu’on peut facilement se faire une place au soleil dans la course à la magistrature suprême de son pays.