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Premier revers pour Choguel Maïga

Dix jours après sa nomination à la primature, Choguel Maïga serinait à ses nombreux interlocuteurs qu’ il avait tranché définitivement la question de « l’organe unique et indépendant de gestion des élections » devenue un facteur supplémentaire de pourrissement de la vie publique depuis que son prédécesseur Moctar Ouane avait décidé, sans s’encombrer d’explication, que la durée de la transition ne permettait pas  l’opérationnalité d’un tel organe, s’il venait à être créé comme réclamé par la majeure partie de la classe politique et de la société civile. Se fondant sur « l’avis éclairé d’un comité d’experts  » commis par ses soins, le chef du gouvernement de la phase 2 de la transition a pris une résolution contraire : cet organe sera bien créé et remplira son office.

 

Le triomphalisme dont il a fait montre à l’occasion aura été de courte durée. Un atelier de réflexion regroupant des représentants du gouvernement, des partis politiques, des organisations de la société civile, des partenaires techniques et financiers, organisé par le ministère en charge des élections, est parvenu à une conclusion opposée qui, suprême ironie, rejoint la position de Moctar Ouane. Avec cette fois-ci un argumentaire sérieux à l’appui.

Il se décline comme suit.

« L’organe unique et indépendant de gestion des élections » est censé se substituer au Ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, à la Délégation générale aux élections (DGE) et la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ces trois structures ont cumulativement en charge, depuis le gigantesque cafouillage qu’a été la consultation générale de 1997, l’organisation des élections.

La première s’occupe de la préparation technique et de l’organisation matérielle depuis le recensement des électeurs jusqu’à la proclamation des résultats provisoires pour le référendum, la présidentielle et les législatives, en passant par la cartographie électorale, l’acquisition et la mise en place des équipements et documents électoraux, l’acheminement, la centralisation et la conservation des procès-verbaux des votes. Elle dispose, à cet effet, de toute la chaine du commandement territorial (gouverneurs, préfets, sous-préfets) et d’une logistique.

La deuxième est dédiée à l’élaboration du fichier électoral et la troisième, la CENI, dans sa version revue et corrigée de 2011, a pour mission la supervision et le suivi des opérations de vote. A cet effet, elle possède des démembrements dans toutes les circonscriptions électorales à l’intérieur du pays, ainsi que les ambassades et consulats.

C’est dire que les élections requièrent un dispositif lourd, complexe et onéreux qu’il serait aventureux voire carrément déraisonnable de transférer à un seul organe quand le scrutin référendaire, qui est censé amorcer la série programmée, a lieu le 31 octobre prochain (dans quatre mois donc) si le calendrier électoral, publié en avril dernier, n’est pas modifié.  Aussi l’atelier a-t-il recommandé le maintien du dispositif actuel, en renforçant toutefois les missions de la CENI pour garantir l’intégrité des résultats électoraux.

Ce premier revers que vient d’essuyer Choguel Maïga a valeur d’avertissement. On se rappelle qu’au plus fort de la confrontation entre le M5-RFP et les militaires qui lui ont ravi le pouvoir laissé vacant par IBK, sa voix était singulièrement audible parmi celles qui revendiquaient cet organe unique et indépendant pour faire barrage à toute velléité de mise en place d’un président de la République par procuration.

Le Premier ministre qu’il est devenu a porté ce combat et est en voie de le perdre. La première leçon qu’il devrait en tirer est d’éviter de répandre autour de lui le sentiment qu’il entretient un goût immodéré pour sa promotion personnelle. Il se doit ensuite de garder résolument la tête froide en toutes circonstances et de n’avoir pour boussole que les seuls intérêts stratégiques du Mali. C’est la seule conduite à tenir s’il veut aller au bout de sa mission, avec le succès espéré par tous. Ces intérêts stratégiques résident dans l’adoption au plus vite de réformes politiques et institutionnelles consensuelles, suivie des élections référendaire, présidentielle, législatives, régionales et municipales.

Le tout étant conditionné évidemment à la sécurisation aussi complète que possible du territoire national. D’un côté par nos moyens propres y compris la multiplication des bataillons de l’armée reconstituée et l’installation de la police territoriale partout où elle nécessaire. De l’autre par la coopération avec les forces régionales et internationales.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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