De la croissance économique, de l’exploitation judicieuse de nos richesses minières… Il en a été beaucoup question ces dernières semaines. Ainsi, sur ses réseaux sociaux, l’économiste Modibo Mao Makalou a prolongé sa participation à l’émission «Sans langue de bois» (Cherifla TV) du 30 avril 2023. Il a mis en exergue l’urgence d’une «véritable politique minière» afin d’instaurer un partenariat gagnant-gagnant avec les compagnies minières.
« Les réserves officielles de stock d’or du Ghana, 1er producteur d’or d’Afrique, se chiffrent à 14,7 tonnes en 2022 contre 174 tonnes pour l’Algérie», a souligné l’économiste Dr Modibo Mao Makalou en touchant du doigt le paradoxe qui entoure l’exploitation et la gestion du métal jaune sur notre continent. Comme par exemple l’Algérie qui ne produit pas d’or, mais qui «possède les plus importantes réserves officielles de stock d’or d’Afrique en 2022». «Le Mali est le 4e producteur d’or en Afrique et c’est la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) qui gère les réserves officielles de stock d’or de ses 8 États membres», a indiqué l’économiste. Sans doute que le Mali doit commencer à s’inspirer du Ghana qui est en train de «renforcer son stock d’or par l’achat de la production nationale». Cautionner l’exportation de la totalité de notre production est vraiment une erreur politique énorme parce que le manque à gagner pour l’économie nationale est énorme. Selon Modibo Mao Makalou, ses rappels visent à exhorter nos décideurs à «valoriser nos ressources minières» et que «cela n’a aucun lien avec les réserves d’or de la BCEAO».
Comment les valoriser ? «Il s’agit d’avoir une véritable politique minière», répond l’économiste. Et à ses yeux «il est important de mettre en exergue un partenariat gagnant-gagnant avec les compagnies minières» qui sont une quinzaine au Mali, dont une dizaine active. «En 2020, le Fond monétaire international (FMI) et la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) ont évalué les recettes de la vente de l’or produit au Mali à 2002 milliards de F CFA. Et le budget du Mali pour l’année 2022 était 2008 milliards de F CFA», a rappelé le 30 avril 203 le brillant expert des questions économiques sur le plateau de «Sans langue de bois» de «Cherifla TV» «Cela signifie tout simplement que notre pays peut tirer un immense profit de la vente de l’or.
Aujourd’hui, ce n’est pas raisonnable de s’en prendre aux sociétés minières qui financent presqu’entièrement l’exploitation de cette richesse alors que nos banques ont de l’argent à ne savoir qu’en faire… Une partie de ces fonds peut-être utilisée dans l’exploitation des nos richesses minières, des études de faisabilité à la production», a souligné Dr Makalou. «Au lieu de laisser les sociétés étrangères entièrement financer leur exploitation, ces banques peuvent aider les privés à s’organiser (avec le concours de l’Etat) pour prendre au moins 30 % des actions (en plus de 20 de l’Etat). Ainsi, nous aurons notre mot à dire dans l’exploitation de nos richesses», a assuré Dr Makalou. Et d’alerter, «c’est plus que jamais le moment d’agir car, dans 20 à 30 ans, on ne parlera plus des gisements actuels d’or. C’est pourquoi il faut tirer dès maintenant le maximum de profits de leur exploitation pour financer d’autres secteurs comme l’agriculture qui peuvent booster la croissance économique et profiter à tous les Maliens».
Gageons que la mise en œuvre des recommandations de l’audit du secteur des mines d’or au Mali, qui a mis en évidence les mêmes insuffisances que l’expert, va permettre au gouvernement de prendre en compte ses brillantes et pertinentes suggestions.
Moussa Bolly
Source: Journal Le Matin- Mali