Dans la mouvance de ses 20 ans de carrière, la diva du Wassolo, Mama Toumani Koné, héritière du grand musicien des Dossos ( Chasseurs), regarde dans le rétroviseur. A juste raison. Vingt ans, ce n’est pas vingt jours. Dans ses lignes qu’elle trace dans votre hebdo, elle remonte le temps, nous brosse son parcours exceptionnel, égrène ses difficultés et dévoile ses projets. Redécouvrons-la plutôt !
Notre Voie : Voulez-vous lever le voile sur votre carrière ?
Mama : Je suis Mama Toumani Koné, la fille du célèbre joueur de Dosso n’goni, Toumani Koné de Wassolo Djeblena. La musique et moi, c’est une longue histoire. Je peux dire que je suis née dans la musique parce que mon père est un grand artiste. Lui aussi l’a héritée de ses tantes et de sa grande mère. Dans notre famille, la musique a un sens. Moi, depuis toute petite, je suivais mon père partout pendant ses cérémonies. C’est alors que j’ai embrassé la musique. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, mais la vie m’a appris beaucoup de choses. Ce qu’il faut retenir, c’est que je suis sur scène depuis 20 ans. J’ai à mon actif 4 albums. Le premier sorti en 2002 a pour titre : ‘’hommage à Toumani Koné’’, mon défunt père. Le second est paru en 2004, avec comme titre ‘’Diangnèba’’. Le 3ème titré ‘’Kanuniogon’’est sorti en 2008. Enfin, le quatrième qui date de 2015, a pour titre ‘’ Dunu-Kassikan’’ ou Mousso gossi tchè. Ce quatrième album m’a permis de voyager à travers le monde. Après sa sortie, j’ai été invitée en France du 24 octobre au 7 novembre. J’ai donné deux spectacles à Bobigny, commune française située dans le département de la Seine-Saint-Denis pour le plaisir des enfants. Après, j’ai été deux fois invitée d’honneur du festival International du général Dumas de Jérémie en Haïti. Certes la musique n’est pas facile, mais durant les 20 ans, j’ai côtoyé plusieurs grands noms de la musique ; fait des tournées. Des collaborations ont été possibles grâce au soutien d’Alain Rubin qui m’a beaucoup soutenue dans ma carrière. Il m’a fait jouer à l’UNESCO devant des milliers de personnalités.
Notre Voie : Alors, 20 ans de carrière, faut-il mettre le champagne au frais ?
Mama : Oui, effectivement, le 22 septembre passé, j’ai soufflé la 20è bougie. Car, ma première émission télévisée et mon premier album c’était un 22 septembre, date de l’accession à la souveraineté de notre pays. Je voudrais célébrer ces 20 ans de carrière pour rendre hommage à tous mes fans et à mes collaborateurs. Cela fait un bon moment que j’étais perdue. La célébration fera l’objet d’un grand concert le 03 décembre prochain au Palais de la Culture Amadou Hampathé Ba en l’honneur de mes nombreux fans, de mes compatriotes, des soldats tombés sur le champ d’honneur et pour l’unité du Mali. Moi Mama, j’appartiens aussi bien au Wassolo qu’à tout le Mali, du Nord au Sud. Ce concert évènement marquant mes 20 ans de carrière sera placé sous le signe de la paix et de la cohésion sociale. J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté à se joindre à nous pour que cette fête soit un grand évènement. Un artiste sa force, ce sont ces fans. Donc, je demande à mes fans de sortir massivement pour me soutenir.
Notre Voie : parlant de vos difficultés qu’est-ce qu’on peut retenir ?
Mama : ce qui me fatigue, c’est le manque de producteur. Auparavant, c’est mon producteur qui s’occupait de mes œuvres. Vu que la musique ne paie plus, nous n’avons plus de producteur. C’est nous artistes qui nous occupons de notre production. Aujourd’hui, quand bien même vous avez le talent, si vous n’avez pas de producteur, les choses ne seront jamais faciles et surtout si vous n’avez pas de moyen en plus. Vous avez plein d’artistes qui ont la tête pleine de morceaux, mais par manque de moyen et de producteur, ils ont dû abandonner la musique. Je demande à tous les gens de bonne volonté de m’aider dans mon art. Je n’ai pas choisi un autre métier que celui-là et je le fais avec amour.
Notre Voie : Des projets après le concert ?
Mama : je n’ai pas mal de projets. Dans les jours à venir, je compte créer une fondation au nom de mon défunt père Toumani Koné. Cette fondation va œuvrer à prendre en charge les enfants en situation difficile. Je veux dans les jours à venir initier un grand festival à son nom, car mon père de son vivant a tout donné à la culture malienne. Je ne veux pas que son nom disparaisse. Je veux que les enfants apprennent l’histoire du dosso n’goni dont mon défunt père fait partie des précurseurs. Il est le troisième créateur après n’gonifo Bourama et n’gonifo Sankè. Cette figure emblématique de notre culture ne mérite pas de tomber dans l’oubli. Mon défunt père était comme un messie. Quand il chante une chanson et prédit un fait avec la volonté de Dieu cela se réalisait. Donc je suis ses pas et j’en appelle à tous les fils du Mali à venir nous aider.
Je remercie enfin le président de mon Association Alain Rubin pour son soutien.
Fousseyni SISSOKO
Source : Notre Voie