La médiation algérienne a proposé un document d’accord au gouvernement du Mali et aux groupes armés le jeudi 27 février à Alger. La délégation malienne a accepté de parapher le document, le 01 mars, sans la signature de Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Cette dernière demande à consulter sa base avant de signer ou non le document.
Entre temps la France par la voix de son Ministre des affaires étrangères, Laurent Fabuis a invité tout le monde à accepter le document. « Je salue la décision du président et du gouvernement malien de le parapher et appelle tous les groupes du Nord à le faire sans délai » a demandé-t-il dans un communiqué.
Accueillis par quelques militants à Kidal, les représentants de la CMA viennent de faire le point des négociations à la population. Embery Ag Rhissa, membre de la délégation de la CMA aux pourparlers d’Alger, explique dans cet interview accordé à sahelien.com, mercredi, les différents points de divergences avec l’Etat malien.
Sahelien.com : Pourquoi vous n’avez pas signé l’accord proposé par la médiation ?
Embery Ag Rhissa : Nous n’avons pas signé l’accord pour deux raisons. Premièrement, cet accord n’est pas conforme à nos revendications. L’essentiel de ces revendications ne s’y trouve pas, notamment les conditions d’une bonne sécurité. Deuxièmement, nous avons une base à consulter. Il n’est pas question pour nous de parapher un tel document avec toutes ses lacunes, sans nous référer à notre population.
Sahelien.com : Quels sont les points de divergences avec le gouvernement dans ce document ?
Embery Ag Rhissa : C’est surtout les aspects institutionnels et sécuritaires qui nous posent problème dans ce document. Le Mali nous a amené une sorte de décentralisation maquillée. Nous avons lutté pour l’Azawad dans les accords de Tamangas, et dans le pacte national. Aujourd’hui, ils veulent enlever à cette zone tout son sens en nous amenant la décentralisation. Nous, nous avons proposé l’azawad en une entité regroupant toutes les régions du nord, mais restant dans le Mali. C’est ce que le Mali a refusé, il veut composer avec chaque région à part. Quant aux problèmes de défense et de sécurité, l’accord tient à ramener l’armée malienne ici. Or la population ne veut pas d’elle.
Sahelien.com : Votre base réclame l’indépendance, est-ce que vous allez signer ce document qui ne parle ni d’indépendance ni d’autonomie ?
Embery Ag Rhissa : La communauté internationale, nous a déjà fait renoncer à l’indépendance. Elle nous a tordus la main, pour que l’on reconnaisse l’intégrité territoriale du Mali. Mais à l’époque, la communauté internationale nous avait dit qu’elle réglera tout le reste. Nous sommes surpris et déçus que les mêmes points soient toujours dans ce document. La communauté internationale, laisse main libre au Mali et ses alliés de faire exactement ce qu’ils veulent depuis les accords de Ouaga.
Sahelien.com : La France appelle toutes les parties à signer l’accord, allez-vous quand même le signer ?
Embery Ag Rhissa : Nous attendons d’en débattre avec nos bases. La France ne demande qu’à nous de signer, toutes les autres parties ont déjà signé. D’ailleurs, il n’y a que deux parties : le Mali et la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Les autres, comme la plateforme c’est toujours le Mali. Nous avons une population à consulter. Les autres comme ils n’ont pas de population à consulter ou du moins son avis ne les intéresse pas, ils ont tous signé.
Sahelien.com : Qu’allez-vous expliquer à a la population ?
Embery Ag Rhissa : Nous allons expliquer à la population le contenu de l’accord. On va leur expliques toutes les péripéties du processus, on va expliquer les difficultés que nous avons eu ; on va expliquer la façon dont certains membres de la médiation se sont ligués contre Azawad et contre la coordination de mouvements. On expliquera tout simplement que par rapport aux revendications principales des populations de l’azawad, l’accord est passé à côté de la plaque. Mais si les populations disent de signer, on va signer.
Par Souleymane Ag Anara
Source: sahelien.com