Ouvert depuis Mercredi 30 novembre 2016, le procès du Général Amadou Aya Sanogo et coaccusés connaît un difficile démarrage. En effet, au premier jour, l’audience a été suspendue pour 24 heures à la demande des avocats de la défense qui ont avancé pour justification l’éparpillement de leurs clients à travers le pays qui leur a donné la peine de mieux échanger avec eux.
Même scénario au deuxième jour où les avocats de la défense et ceux de la partie civile ont boudé la salle à cause d’une décision intempestive du Parquet -qui devrait revenir au président de la Cour- qui leur interdit d’entrer dans la salle d’audience avec leurs téléphones .
Alors que les Assises ont été organisées à Sikasso sans avoir, au préalable, prévoir les conditions de travail des robes noires. Ils ont donc dû travailler avec leurs téléphones. Dans ces conditions, leur interdire ce moyen précieux sur lequel ils consultent les articles, la jurisprudence… était de trop !
Le troisième jour n’a pas été mieux, car le Parquet, incapable de faire comparaître ses propres témoins, a amené la Cour à suspendre l’audience à hier Mercredi.
Hier aussi, la traîne ne pouvait que continuer. Les débats ont été reportés à ce matin pour permettre à la Cour de statuer sur certaines exceptions soulevées par les avocats de la défense. D’abord, la défense reproche au Parquet de ne l’avoir pas fait parvenir dans le délai légal l’arrêt de renvoi et la violation du délai de citation qui pourrait entraîner la nullité de la procédure.
Ensuite, pour la défense, Yamoussa Camara étant Ministre au moment des faits, doit être plutôt jugée par la Haute Cour de Justice désormais opérationnelle. Enfin, tous les accusés étant des militaires ainsi que les victimes, les faits reprochés s’étant, de surcroît, déroulés dans les camps militaires, la Cour d’assises serait incompétente et devrait céder la place au tribunal militaire, seul habilité à les juger.
Voilà pourquoi ce procès tant attendu va de blocage en blocage. A cela s’ajoute les restrictions liberticides imposées aux journalistes, alors que ce procès, qui aurait dû avoir valeur d’école pour les étudiants, devrait être retransmis en direct sur les médias. L’ORTM aurait même pu gagner beaucoup de fortune en vendant les images à d’autres télés qui pourraient être intéressées. Mais hélas !
Mais avec un Ministre moins expérimenté et un Procureur Général moins conscient de ses responsabilités, rien de surprenant. L’Etat en profite pour orienter le procès selon ses intentions !
ABDOUL NIANG
Source: Nieta Kibaru