Baptisé « ministre menteur » par le collectif des jeunes de Tombouctou, le ministre de l’Agriculture vient de commettre une autre gaffe à Tonka – localité située à 45 km – en relevant, injustement, de son poste le chef secteur de l’agriculture pour avoir refusé de céder 13 tonnes d’engrais au comité RPM, qui voulait les mettre en vente sur le marché local.
Arrivé à Tonka, mardi 5 septembre, dans le cadre de sa tournée dans la région de Tombouctou pour constater l’état végétatif des cultures, Moulaye Ahmed Boubacar s’est, longuement, entretenu avec les membres du comité RPM de la ville.
Noirs de colère, ces derniers lui soumettent leur doléance : relever de son poste le chef secteur de l’agriculture qu’ils accusent d’avoir refusé de leur céder les 13 tonnes d’engrais, destinés aux paysans.
En réalité, les membres du comité RPM de Tonka ne réclament pas ces 13 tonnes d’engrais pour leurs champs. Mais plutôt pour les mettre en vente sur le marché et en empocher les ressources issues de la vente.
D’où le refus d’Abdoulaye Sidi, plus connu sous le nom d’Abdoulaye Bouya.
Après avoir écouté ses camarades du comité RPMde Tonka, Moulaye Ahmed Boubacar n’a même pas daigné vérifier les faits.
Il appelle, non pas le directeur régional de l’Agriculture de Tombouctou chargé des affectations, mais le chef secteur de Goundam pour lui instruire l’ordre de relever Abdoulaye Bouya de son poste.
Etonné par la réaction épidermique de son ministre, ce dernier met du temps. Avant de réaliser ce qu’il vient d’entendre de la bouche de son ministre.
Prise sur le vif, la décision du ministre de l’Agriculture a suscité colère et indignation au sein de la population de Tonka.
Les populations de Tonka au bord de la révolte
« Est-ce qu’un ministre d’un département comme l’agriculture peut et doit-il relever de son poste un fonctionnaire de l’Etat, parce que ce dernier a refusé de céder 13 tonnes d’engrais, destinés aux paysans, à des politiciens, qui voulaient les vendre pour empocher l’argent ? », s’indigne un notable de la ville, les yeux rouges de colère.
Et un autre, visiblement, hors de lui, d’ajouter : « Ce sont des gens comme ça, qui ternissent l’image d’IBK dans nos localités ».
Ce n’est pas la première fois qu’Abdoulaye Bouya, lui-même membre du RPM, a maille à partir avec ses camarades de Tonka. L’année dernière, au début de la campagne agricole, le comité RPM de Tonka l’avait sollicité pour bénéficier d’une partie des engrais destinés aux paysans. Refus du chef secteur de l’agriculture de Tonka.
Pour se venger de lui, les membres du comité RPM de Tonka l’avaient accusé, dans un rapport adressé au ministre Nango Dembelé, d’avoir « détourné ces engrais ».
Mais contrairement à Moulaye Ahmed Boubacar, son successeur à la tête du département de l’Agriculture, Nango Dembelé a dépêché une mission sur le terrain pour vérification.
Résultat : Abdoulaye Bouya a été blanchi. Purement. Et simplement.
Depuis, le comité RPM de Tonka menace de le faire relever de son poste. Coûte que coûte.
Cette fois-ci, il semble avoir eu l’occasion de parvenir à leurs fins. Avec, dit-on, la complicité d’un député de Goundam, membre de la délégation ministérielle.
Les populations de Tonka n’entendent pas en rester là. Ils menacent de saisir le président de la République. Du moins, si le ministre de l’Agriculture ne revient pas sur sa décision de relever de son poste le chef secteur de l’agriculture de Tonka.
Selon nos informations, ce n’est pas la première fois que Moulaye Ahmed Boubacar abuse de son pouvoir de ministre pour relever, injustement, des fonctionnaires relevant de son département.
A l’Office du Niger, indiquent nos sources, il aurait relevé de leur poste tous les cadres, appartenant à la tendance Bocari Tréta, président actuel du RPM.
Nous y reviendrons !
Oumar Babi
Canard Déchaîne