En réalité, l’affichage du portrait du Président de la République dans les bureaux est une tradition que nous héritons, sans doute, de la colonisation. Elle existe, en tant que tradition républicaine en France depuis 1871. Cette démarche entend marquer la présence de l’Etat dans les services publics par l’entremise de la personne qui incarne cette Etat au regard de la Constitution.
C’est ainsi qu’au Mali, depuis l’indépendance, les Président de la République ou les Chefs de l’Etat qui se sont succédés ont vu leur portrait envahir les administrations publiques sur l’ensemble du territoire.
Cependant, il n’existe aucune réglementation connue sur l’utilisation de ces portraits photographiques. Par ailleurs, en France, apprend-on, l’affichage du portrait du président dans les mairies est une tradition républicaine et n’est en rien obligatoire. Interrogé sur le refus de certains maires d’apposer le portrait officiel du Chef de l’État dans les mairies, le secrétaire d’État à l’intérieur et aux collectivités territoriales indique que cette pratique n’est pas obligatoire dans une réponse ministérielle (n° 48533) publiée au journal officiel du 14 juillet 2009.
Au Mali, certains s’interrogent sur cette pratique et n’en voient pas l’utilité. « Je ne vois pas l’intérêt de l’affichage de la photo du portrait, aucun président n’est un symbole ou idole pour l’ensemble du peuple malien », laisse entendre un jeune fonctionnaire sous l’anonymat. L’autre estime que les Présidents étant traités de tous les noms par les populations, alors pourquoi afficher leur portait dans les bureaux, aucune importance.
En juillet 2019, le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est adressé devant les députés de son pays par ces termes : « Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais plutôt un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les à chaque fois que vous voulez prendre une décision ».
Une philosophie qui doit fortement inspirer les Présidents africains qui sont très loin d’incarner la référence nationale, au point que leur photographie soit affichée dans tous les bureaux des institutions de la Républiques, services publics et parapublics.
Au Mali, après le coup d’Etat du 18 août 2020, le portrait d’IBK a été remplacé dans tous les bureaux publics par celui du nouveau président de Transition, Ba N’Daw, vendu à 100 000 FCFA par l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP).
Seydou K. KONE