Magistrat de classe exceptionnelle et doyenne du corps, Celle qu’on a surnommé la dame de fer pour avoir tenu le ministère public dans le procès crimes de sang de l’ancien dictateur Moussa Traoré, Mme Manassa Danioko est une icône dans l’histoire de la justice malienne. Chevalier de l’ordre national du Mali. Combattante intrépide pour la Justice Malienne. Ancienne Ambassadrice, ancienne Présidente controversée de la Cour Constitutionnelle Voici en quelques lignes son portrait
Madame Manassa est née le 19 janvier 1945 à Kadiolo (Région de Sikasso), après ses études primaires à l’école Dialakoro Danioko de Kadiolo, secondaires au Lycée Terrasson de Fougères en 1966, elle décroche une maitrise en droit. Mme Manassa, pendant ses 27 ans en carrière dans la magistrature, a occupé divers postes. Elle a participé à plusieurs stages dont : le premier stage organisé par l’institut international d’administration publique (IIAP) avec 11 Magistrats camerounais sous la direction de Monsieur Gilbert MANGIN. Conseiller à la cour d’appel de Paris d’octobre 1971 à décembre 1971, le deuxième stage de janvier à juin 1972. Madame Manassa Danioko a vingt-sept (27) ans de carrière et a servi à tous les échelons dans la magistrature comme juge d’instruction du Tribunal de 1ère instance de Ségou, Présidente du Tribunal du Travail de Ségou de décembre 1970 à octobre 1971, substitut du Procureur de la république près le tribunal de 1ère instance de Ségou, Kayes de novembre 1974 à novembre 1977, Substitut du Procureur de la République près le Tribunal de 1ère Instance de Sikasso entre 1972 et 1978, Substitut Général près la cour d’Appel de Bamako de novembre 1978 à octobre 1979, Avocat Général près la Cour D’appel de Bamako entre (1979-1981). Elle devient conseiller à la Cour d’Appel du Mali à Bamako entre 1981 à 1985, Conseiller à la Cour Spéciale de Sureté de l’Etat de 1983 à 1988, Président du Tribunal de 1ère instance de Bamako (1985-1988). Elle a été suspendue, puis radiée du corps suite à une ordonnance de référé en Aout 1988 du général Moussa pour sa fermeté et son sens de la droiture. Trois ans plus tard, elle reprend fonction à la Dnaj (Direction nationale de l’administration judiciaire) suite à un arrêt de la cour suprême annulant le décret de radiation en Février 1991. Mme Manassa Danioko a été procureur général près la Cour d’Appel de Bamako entre 1991 et 1995, mais le public retiendra certainement une Dame tenace lors du procès dit de crimes de sang. Ironie du sort, ce fut le procès de l’homme qui l’avait radiée de la magistrature. Procureur général près la cour suprême du Mali en 1995, elle a effectué deux mandats au conseil supérieur de la magistrature (1979-1988). Elle est l’auteur de la note technique sur le statut de la magistrature à la demande du Président de la République, Président du Conseil Supérieur de la magistrature. Après ce brillant passage au niveau des services judiciaires, Mme Manassa était nommée Ambassadrice Extraordinaire et Plénipotentiaire du Mali auprès du canada, le cuba, le Mexique, le Nicaragua et le Venezuela avec la résidence à Ottawa (canada) de 1995 à 2022, Directrice Nationale de l’Administration de la Justice entre 2004 et 2005 ; de mars 2005 à février 2008 elle est magistrat en situation d’attente de mutation et désignée par le conseil supérieur de la magistrature comme conseiller de la Cour Constitutionnelle en février 2008, en février 2015, son mandat de Conseiller à la Cour Constitutionnelle a été renouvelé par le Président de la République et en Mars 2015, elle est élue Présidente de la Cour Constitutionnelle du Mali. Madame Manassa Danioko a participé à plusieurs congrès, conférences, consultations et séminaires parmi lesquels, l’Appel du Mali à Bamako en 1985, de 1986-1988, Déléguée du Mali (Ministre de la Justice) au Congrès statutaire de la Fédération des juristes Africaines tenu à Libreville (Gabon), de 1985-1988, membre de la commission de l’Union Nationale des Femmes du Mali (UNFM) constituée en vue desquels on peut citer : Membre de la Délégation Gouvernementale qui a signé la convention Franco-Malienne en Matière de Justice en 1971, déléguée du Mali au congrès constitutif de la Fédération des juristes Africaines tenu à Dakar en novembre 1982, Déléguée du Mali au congrès international sur le crime à Addis-Abeba en novembre 1986, membre de la commission de rédaction de la loi sur les assurances avec des experts expatriés, et le Ministre des Finances en qualité de Président de la Chambre Correctionnelle de la Cour, la relecture du code du mariage et de la tutelle, de 1991 à 1995, représentante du Ministre de la justice aux Journées de la Communication, séminaire sur la gouvernance démocratique avec les bailleurs de fonds et l’USAID, séminaire sur le maintien d’ordre du comité international de la croix Rouge (CICR) à Bamako, membre fondateur du Collectif des Femmes du Mali (COFEM) chargée de la rédaction des statuts. En 2020 la cour constitutionnelle de Madame Manassa Danioko est dissoute par l’ex président Feu Ibrahim Boubacar Keita ; après plusieurs mois de manifestation pour dénoncer la fraude par l’opposition sur les élections législatives de 2020.
Oumou Sissoko
Source L’Alternance