Considérée comme défenseure des droits de la femme africaine, Aoua Keïta a été au centre de tous les combats pour sa dignité, son émancipation, son rayonnement, son intégration socio-professionnelle, son épanouissement et sa féminitude dans toutes les sphères de la société, montrant courageusement la voix à suivre aux générations futures.
Aoua Keïta, militante africaine née en 1912 à Bamako, capitale du Soudan français, actuel Mali, s’est engagée face au recul des libertés et la montée des fondamentalistes, devenues la pierre angulaire du féminisme. Elle a historiquement joué un rôle dans la théorisation de la liberté et la lutte contre l’impérialisme, tant dans les postes administratifs que communautaires. Elle est l’actrice centrale dans l’histoire de la libération panafricaine au 20e siècle et, grâce à son activisme politique, à ses interventions sociales et à ses productions littéraires, Aoua Keïta a établi des réseaux au-delà des frontières de son pays. D’ailleurs, son autobiographie “Femme d’Afrique et la vie d’Aoua Keïta”, racontée par elle-même, est la première autobiographie écrite en France par une Africaine. L’œuvre a remporté un grand prix littéraire de l’Afrique noire, faisant d’elle la première Africaine à gagner cette prestigieuse récompense.
« Depuis 1945, date à laquelle les peuples d’Afrique d’expression française ont eu le droit de participer à la vie politique, nous avons commencé à militer. Notre objectif était de soutenir un de nos frères élus comme membre d’une assemblée nationale française. A partir d’octobre 1946, la lutte politique des femmes s’est bien définie, à partir du congrès constitutif du RDA, à Bamako. Depuis ce temps-là, j’ai milité avec ferveur pour la liberté des peuples qui seule pouvait permettre aux femmes d’obtenir les droits auxquels elles aspiraient. Je me suis engagée avec d’autres femmes pour la liberté des femmes“, expliquait Aoua Keïta dans son autobiographie.
Comme elle l’explique dans son autobiographie, le combat contre les injustices sociales est indissociable de l’organisation des femmes et de la défense de leurs droits. Eternelle militante pour les droits des femmes africaines, elle est la première femme qui a contribué à la rédaction et à la promulgation, en 1962, d’un code de mariage qui accordait de nouveaux droits aux femmes. Dans sa lancée, le 31 juillet 1962, Aoua Keïta a réussi à réunir l’ensemble des femmes africaines à Dar ES Salam, en Tanzanie, pour la création de la toute première organisation dédiée aux femmes africaines “Organisation panafricaine des femmes”. Cette organisation créée affiche un programme ambitieux, à savoir l’abolition de certaines coutumes jugées néfastes, l’instauration du mariage civil avec le consentement obligatoire des conjoints, la suppression du mariage précoce et la polygamie, la visibilité des Africaines à l’échelle internationale, la promotion des réformes dans le domaine familial qu’en matière de reconnaissance de la place des femmes dans l’espace publique.
Aoua Keïta a parcouru le monde pour articuler les luttes menées localement sur le continent aux combats internationaux anti-impérialistes. Au lendemain des indépendances des pays africains en 1960, elle se rapproche des pays socialistes, voyageant en Union soviétique, en Chine, en Corée et au Vietnam pour renouer avec les organisations féminines de ces pays les liens de coopération tournés vers l’éducation des filles, la santé des mères et des enfants.