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POLITIQUE : de la nation

L’année qui s’achève a posé de nombreux défis au peuple malien. Tout comme l’année précédente, ces 12 derniers mois ont été ponctués de conflits sanglants et meurtriers dans notre pays.

 

Notre peuple continue d’être traumatisé par des attentats perpétrés par des terroristes devant une armée toujours en reconstruction. La nation endeuillée pleure toujours ses morts. Nous exprimons notre compassion et notre solidarité profonde aux familles des victimes. Nous rendons aussi hommage aux braves et héros tombés sur le champ de bataille qui méritent à jamais notre reconnaissance et notre respect relatif à l’ultime sacrifice qu’ils ont accompli pour notre nation. Ce sacrifice consenti pour notre pays ne doit jamais être oublié. Le Mali a toujours été une nation de mémoire.

Célébrer la mémoire de nos volontaires tombés au champ d’honneur c’est également recevoir le patrimoine de la mémoire et le transmettre. Le devoir de mémoire, c’est l’expression de la dette éternelle que nous avons à l’égard de ceux qui sont tombés en défendant la patrie, et de l’héritage que nous devons à notre tour léguer, en ayant à l’esprit que nous ne sommes que dépositaires de ce patrimoine.

Les attaques terroristes contre nos communautés augmentent, mais la capacité de notre pays à y faire face est entravée par non seulement la mauvaise gestion des affaires publiques, mais aussi l’état de préparation et d’aptitude de nos forces de défense et de sécurité, et le manque d’informations précises. L’acquisition d’équipements adaptés et la capacité de collecter de meilleures données permettront certainement à nos troupes de réagir rapidement et plus efficacement.

Le peuple Malien attend de ses dirigeants qu’ils identifient les grands problèmes du pays et agissent pour y remédier. Sauf que l’ensemble des politiques mal réfléchies de nos gouvernants semble être une menace imminente pour la sécurité de notre nation et un sérieux danger pour sa survie. En effet, l’incompétence et la maladresse de nos gouvernants face aux problèmes de société ont quotidiennement des conséquences fatales sur nos populations et menacent notre pays dans son existence.

Contrairement aux discours de nos gouvernants, la situation économique et financière du pays est calamiteuse et les perspectives sont défavorables. Les finances publiques sont malsaines et bénéficient d’une gestion prédatrice. Nous ne voulons point nous référer aux indicateurs économiques publiés par certaines institutions administratives, mais l’état du pouvoir d’achat réel du Malien menant une vie misérable et constamment à la merci de la violence, de la marginalisation et de la pauvreté endémique. En ce qui concerne le projet de monnaie unique de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ou encore, les négociations en vue d’aboutir à la réforme de la monnaie au sein de l’union économique et monétaire Ouest Africaine (Uémoa), les dirigeants maliens se sont enfermés dans un mutisme complet tout en optant pour un suivisme aveugle comme stratégie.

Évidemment, notre pays fait face à de grands défis sociaux, financiers et économiques à relever. Ces défis auxquels nous faisons face actuellement devraient être une grande opportunité pour nous d’apprendre davantage et de mieux préparer l’avenir. Il est surement temps que nos politiques engagent nos intérêts vitaux. Notre pays doit unir toutes ses forces et toutes ses intelligences pour penser le rôle et la stratégie du Mali au vingt-et-unième siècle : la réconciliation et la reconstruction d’une nouvelle armée républicaine et des forces de sécurité modernes, une politique extérieure moderne et pertinente, une bonne gouvernance, un Etat de droit et une justice sociale, et un programme viable de développement durable. Mais aussi, faire de la décentralisation territoriale le catalyseur de l’ancrage de la démocratie de base. Toutes ces propositions doivent s’inscrire dans le contexte de la consolidation de notre Nation, qui assurément transformera radicalement notre pays au cours de la deuxième phase de notre centenaire. Au lieu de laisser des millions de nos citoyens en marge de la société, la politique de la consolidation de la Nation doit devenir une force positive pour tout le peuple malien : c’est là notre plus grand défi. Pour profiter à tout un chacun, elle doit certes s’appuyer sur les dynamiques économiques, mais elle doit aller bien au-delà. Elle doit nous servir à bâtir ensemble un avenir meilleur pour le peuple malien entier et dans toute sa diversité.

Cependant, nos gouvernants continuent à vouloir faire avaler à la nation les résolutions d’un soi-disant ‘dialogue national inclusif’ sans de vraies concertations et conversations avec le peuple. L’ensemble des fondements sur lesquels repose ce dialogue national divise plutôt notre nationau lieu de réunir le peuple autour d’un vrai projet d’unité politique et sociale. La cohérence de ce dialogue national masque une extrême diversité de formules politiques, car le sentiment d’unité qui s’exerce dans des contextes sociaux différents, n’a pas la même intensité auprès de toutes les communautés ou sociétés civiles du pays. Le fait queles rebelles à Kidal aient obtenu au préalable que ‘l’accord de paix d’Alger’ ne soit pas révisé durant ces rencontres nous en dit beaucoup sur ce dialogue.

Les défis auxquels nous devons faire face dans les années à venir exigent un consensus aussi large que possible et nous sommes confiants dans la capacité des Maliens à trouver ce consensus à travers de vrais concertations et conversations.

L’état de la nation n’est plus seulement une préoccupation légitime, mais il constitue aussi une question cruciale qui doit être examinée en détail par l’ensemble de notre peuple. Il est temps de dresser le bilan et de soutenir toutes les initiatives utiles propres à assurer un futur prospère. Nous devons nous pencher sur le rôle que l’ensemble des citoyens est appelé à jouer au cours des prochaines années. Cela exige que l’on prenne du recul et que l’on examine l’état de la Nation et sa place dans le monde, à long terme et dans une perspective plus vaste.

Nous vous souhaitons une heureuse et sereine fin d’année et nos vœux de bonheur les plus chaleureux pour le nouveau cycle qui commence. Que Dieu assiste notre Nation et qu’IL vous bénisse dans vos cheminements.

Cheick Boucadry Traoré

Mali Tribune

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