Si la police de proximité semble être une notion à la mode, il ne s’agit pourtant que de la traduction dans la réalité de rapports étroits entre la police et la population. Des relations telles qu’édictées par les missions régaliennes de la police, dont la sécurisation des populations. Mais la multiplication des incidents entre ces deux entités risque d’entamer la confiance indispensable à toute collaboration.
Face aux nombreuses menaces sur la sécurité, « les forces de l’ordre ne peuvent s’en sortir qu’en ayant de bons rapports avec les populations, qui doivent être leurs premières sources d’information », explique Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire sur la gouvernance et la sécurité. Mais le contexte général, caractérisé par l’effritement de l’autorité de l’État, se traduit par une véritable « défiance ». Une tendance fâcheuse qui peut représenter 2 risques. Le premier est de réduire l’autorité de la police « à sa portion congrue » et l’autre est de l’éloigner des populations.
Des risques que n’ignorent pas les représentants syndicaux policiers qui en appellent à la sérénité dans la gestion des incidents survenus à Lafiabougou. S’exprimant sur les ondes d’une chaîne privée le 27 juillet 2021, le Président du Syndicat autonome de la police (SAP) admet que leur rôle est non seulement de défendre la police, mais aussi de tirer la sonnette d’alarme lorsque les événements l’exigent. « Nous sommes tous Maliens. Des fois les dommages sont subis par nous, des fois par la population ». Mais « attendons la justice », ajoute M. Bougouna Dembélé.
Justice
Le syndicat exprime cependant sa préoccupation face à la décision des autorités de rappeler l’interdiction de poursuivre ceux qui refusent d’obéir aux injonctions. « C’est délicat ce que nous faisons. C’est un couteau à double tranchant ». Car la reconnaissance du mérite et la sanction en cas de faute fonctionnent ensemble. « Nous sommes partenaires », affirme-t-il avant d’inviter les autorités à poursuivre la spécialisation des policiers et les recrutements pour répondre aux besoins. « Nous sommes tous pour le changement ».
Malgré l’émotion légitime que peut susciter une mort, elle ne doit pas être instrumentalisée, prévient le Président du SAP. Il ne faut pas « politiser » les rapports entre la police et la population.
Dans ces relations, il faut privilégier « la sensibilisation » avant la répression et surtout maintenir « les espaces de communication » afin que citoyens et policiers connaissent tous leurs droits et leurs devoirs. Il faut donc créer une restauration de la confiance à travers la fin de l’impunité et le respect par la population des symboles de l’autorité, avec laquelle elle doit collaborer.
Fatoumata Maguiraga
Source: journaldumali