La commémoration du 20 Janvier 2021, 60e anniversaire de l’armée nationale et « Fête de l’Armée », au lieu d’être «un appel à la mobilisation, au devoir de servir et de protéger le pays », un appel à l’unité et au rassemblement de tous les citoyens autour de nos forces armées, a été plutôt l’occasion de chicanes, de controverses et de polémiques que le contexte d’engagement de nos forces devrait interdire.
À l’origine une alliance mal pensée des « Colonels » avec un activiste inconstant, inconséquent et indélicat. Adama DIARRA alias Ben le Cerveau, a cru devoir mettre à nu la République en mettant en cause la parole du Président Bah N’DAW, et une vérité historique immuable depuis 60 ans. Il faudrait peut-être excuser l’inélégance due à l’inculture de l’accusateur, mais la polémique mérite d’être tranchée pour l’honneur souillé de la République par un activisme qui mérite de se replonger dans les manuels de l’histoire de notre pays.
En faisant du 20 Janvier le jour anniversaire de l’armée nationale du Mali, le Président de la Transition du Mali a-t-il commis une erreur historique ? Adama DIARRA dit Ben le Cerveau a-t-il raison de répondre au président du Mali que «c’est faux et archifaux » ?
Si dans les faits le vendredi 20 janvier 1961 n’est ni la date de création de l’armée ni celle du départ du dernier soldat français du Mali, mais plutôt le jour où le président Modibo KEITA a convoqué les ambassadeurs accrédités à Bamako pour leur faire part de sa décision de voir les troupes françaises évacuer toutes les bases militaires qu’elles occupaient, il en est également tout autre ! En effet, le 20 Janvier a été, est et reste, bel et bien le jour de l’armée, la fête de l’armée, le jour de commémoration de notre armée nationale, tel que décrété par le Président Modibo KEITA lui-même.
La répétition étant pédagogique, rappelons que deux jours avant la proclamation de l’indépendance du Soudan sous le nom de Mali le 22 Septembre 1960, un accord est intervenu entre la République française et la République soudanaise, le 20 septembre 1960, pour le regroupement des forces terrestres françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Sévaré, Ségou, Nioro et Kayes sur la base de Kati.
Ce mouvement est conforme aux accords de coopération franco-maliens signés en juin 1960 à Paris. Ces accords prévoyaient notamment le maintien de la base terrestre française de Kati et celui des trois bases aériennes de Bamako, Tessalit et Gao.
Aux termes de la décision franco-malienne, les diverses garnisons françaises terrestres devaient avoir réintégré la base de Kati au 1er octobre 1960.
Le samedi 1er octobre 1960, soit huit (8) jours seulement après la proclamation de l’indépendance et 2 jours après l’adhésion du Mali à l’ONU comme 98e membre, le Président Modibo KEITA, à travers une allocution radiodiffusée, annoncera la naissance de l’Armée malienne. Le mercredi 12 octobre 1960, l’armée malienne fut présentée au Président Modibo KEITA à travers une cérémonie solennelle sur la Place Maginot, l’actuelle Place du Souvenir en face du Ministère de l’Éducation nationale et de la mairie.
Le dernier soldat français est parti du Mali le mardi 5 septembre 1961 soit 8 mois après. Ce jour-là, ils ont remplacé le drapeau français par celui du Mali indépendant à la base aérienne (actuel camp du génie militaire) pour marquer notre souveraineté totale. C’est pourquoi la route qui va du monument de la paix au monument de l’indépendance est appelée AVENUE DU 5 SEPTEMBRE (souvenir du départ du dernier soldat français).
Pourquoi alors c’est le 20 Janvier qui est célébré comme jour anniversaire de l’armée au lieu du 1er octobre, le 12 octobre ou le 5 septembre ? Le choix du 20 Janvier est une affirmation de la volonté de souveraineté et d’indépendance du Mali vis-à-vis notamment de la France. Ce choix a été consacré par la loi N°64-28 AN-RM du 15 juillet 1964 portant additif à la loi N°61 bis AN-RM du 17 janvier 1961 fixant la liste des fêtes légales au Mali (JO N° 183 du 10 novembre 1964). C’est cette loi de 1964 (alors que Modibo était encore président) qui officialise le 20 Janvier comme étant « journée de l’armée ». Dura lex, sed lex !
Donc contrairement à la diatribe de Ben le Cerveau, le Président de la Transition Bah N’DAW, n’a pas menti. Il lui faudrait donc beaucoup d’humilité pour confesser son inculture et présenter ses plates excuses au vieil officier à la retraite de l’armée malienne qui ne s’est pas du tout planté.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN