De 14 milliards de FCFA en 2015, le budget destiné à l’entretien des routes au Mali est passé en 2018 à 60,30 milliards de FCFA. Paradoxalement, l’état des 12 000 km qui composent le réseau routier national, est de plus en plus lamentable. À qui profite ce colossal investissement ?
Longtemps perçu comme étant un véritable instrument de désenclavement et un vecteur important dans l’accroissement, le réseau routier malien n’arrête pas de se densifier. Ainsi, en moins de 40 ans, les voies bitumées sont passées de 400 km à 4 695 km. Mais, l’épineuse équation demeure la problématique de l’entretien routier, la mise à niveau des routes dans l’objectif de rallonger leur durée de vie.http://bamada.net/1-milliard-le-kilometre-de-route
Or, d’année en année, nos plus hautes autorités s’activent à allouer un faramineux portefeuille financier à l’entretien des routes. Ledit budget ne cesse de grimper, et de façon phénoménale.
Cependant, il est à déplorer, hélas, que cet accroissement de budget n’a jamais réussi à produire une incidence positive sur la qualité (de plus en plus mauvaise) de nos routes.
De 7 milliards en 2005, l’enveloppe est passée à 10 milliards (2006) puis 13 milliards (2007) et en 2018, elle est de 60,30 milliards de FCFA. Bonne chose, car, comme dit l’adage : « les routes du développement passent par le développement des routes ».
Pour l’année 2018, c’est la bagatelle de 60,30 milliards de FCFA qui a été mise à disposition pour « colmater » l’ensemble du réseau routier au Mali. Ce pactole a été souverainement adopté par la Commission travaux public de l’Assemblée Nationale. Elle peut, à coup sûr, transfigurer l’état de nos routes, mais à condition, qu’elle soit repartie sur la base d’une gestion transparente et efficiente.
Par ailleurs, il n’est un secret pour personne, que la défectuosité de nos routes est sans conteste, à la base de nombreux accidents. Ainsi, selon le porte parole du conseil national des transporteurs (CNTR), Soumaïla Thiam, nombres d’accidents sont causés par le fait de la dégradation des routes.
À titre, d’exemple, la route qui relie Bamako à Bougouni, ainsi que le corridor Bamako-Kayes, qui connaissent un état de détérioration terrible, ont été à la base de nombreux accidents mortels. « L’entretien prétendu être accordé à nos routes n’existe que de façade » souligne M. Thiam.
Selon le Directeur général de l’AGEROUTE, suivant la politique d’entretien les routes doivent subir deux types d’entretien. À savoir, l’entretien courant (une fois au moins chaque année) et l’entretien périodique tous les trois ans.
Par ailleurs, certes, les collectivités territoriales ont un rôle spécifique à jouer dans l’entretien, des routes, mais les pouvoirs publics se doivent de s’y impliquer d’avantage à travers un suivi beaucoup plus rapproché dans la gestion efficace et transparente des fonds consentis par le contribuable. Aussi, le coût de l’entretien étant trop élevé, pourquoi ne pas chercher à minimiser les diverses facteurs de dégradation dont, notamment la surcharge, les eaux de pluies…
Plus de rigueur à l’AGEROUTE !
Il y a quelques années, certains professionnels du secteur, attribuaient le mauvais état des routes aux Agences (AGETIPE et AGETIER) chargées de gérer le budget de l’entretien des routes.
Selon eux, c’était ces deux agences qui assumaient la maîtrise d’ouvrage déléguée, et attribuaient les marchés de l’entretien des routes à des entreprises non performantes ou (souvent) même à des entreprises fictives. Ainsi, certaines parmi elles (entreprises), ne disposant pas du matériel requis ne se donnaient même pas la peine de se rendre sur leurs sites, une fois qu’elles ont empoché les pactoles. C’est donc, pour parer à cette gestion des agences jugées calamiteuses, que, l’AGEROUTE a été créée en 2005.
Rattachée au Ministère des Infrastructures et de l’Équipement, l’AGEROUTE s’est désormais substituée aux agences. Cependant, le problème de l’entretien routier au Mali est resté entier. Pour preuve, certaines des entreprises auxquelles l’AGEROUTE a attribué les marchés ces dernières années, n’ont pas honoré leurs engagements. Prétextant l’insécurité dans le pays, ces entreprises ne se sont même pas rendues sur leurs sites. Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’état de la plupart de nos axes routiers.
Cyrille Coulibaly
Source: malizoom