Une procédure de sauvegarde de la compagnie aérienne South African Airways (SAA), lourdement endettée, a été lancée jeudi pour éviter la faillite du groupe public, incapable de payer la totalité des salaires en novembre à la suite d’une grève.
“Le conseil d’administration de SAA a adopté une résolution en vue d’un plan de sauvegarde de l’entreprise”, a annoncé le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan. “Cette décision est soutenue par le gouvernement”.
Dans le cadre de cette procédure, la compagnie, qui n’a enregistré aucun bénéfice depuis 2011, va recevoir 4 milliards de rands (248 millions d’euros, 273 millions de dollars), la moitié de la part de l’Etat et l’autre moitié d’organismes prêteurs, a précisé M. Gordhan dans un communiqué.
Cette énième aide d’urgence doit permettre de “faciliter une restructuration radicale de la compagnie” qui sera conduite par un administrateur indépendant, selon le ministre.
L’objectif est d'”éviter un effondrement désordonné”, a-t-il ajouté, et de “tenter de conserver le plus d’emplois possible” sur ses quelque 5.200 salariés actuels.
Le syndicat Solidarity, minoritaire, s’est félicité de cette décision, mais a demandé à être consulté pour la nomination de l’administrateur.
Les principaux syndicats n’ont eux pas encore réagi.
La procédure de sauvegarde est “le moindre mal” pour SAA, a réagi l’analyste Daniel Silke. Elle lui permet d'”échapper à une liquidation” pure et simple, a-t-il ajouté à l’AFP.
Le groupe public va poursuivre ses activités tout en étant restructuré, a expliqué M. Silke, qui prévoit des suppressions de postes, la privatisation de plusieurs services du groupe et la suppression de certaines de ses destinations.
SAA a d’ailleurs annoncé jeudi la “publication rapide” de nouveaux horaires.
“Les temps sont difficiles” pour la compagnie, a reconnu la direction, estimant que la restructuration représente “de nombreux défis et incertitudes pour le personnel”.
– Salaires impayés –
Depuis des années, South African Airways, deuxième compagnie aérienne d’Afrique, traverse de très sérieuses turbulences. Elle affiche une dette d’au moins 9,2 milliards de rands, soit 570 millions d’euros, et ne survit que sous perfusion permanente d’argent public.
Endettée, déficitaire, pénalisée par une flotte vieillissante d’une cinquantaine d’avions et la dépréciation du rand sud-africain, SAA fait régulièrement la Une de l’actualité dans son pays.
Elle a été encore affaiblie par une grève de sept jours en novembre, qui a entraîné l’annulation de centaines de vols.
Les syndicats ont finalement obtenu des augmentations de salaires et le report de quelques mois d’un plan de restructuration qui pourrait se traduire par le licenciement de près d’un millier de salariés.
Mais le soulagement a été de courte durée. Fin novembre, SAA n’a pas été en mesure de payer la totalité des salaires du mois et a dû demander un emprunt de 2 milliards de rands.
Devant l’incertitude planant sur l’avenir du groupe public, l’une des principales agences de voyage en Afrique du Sud a décidé la semaine dernière de ne plus vendre de billets de SAA, un nouveau coup très dur pour la compagnie.
South African Airways fait partie des nombreuses entreprises publiques sud-africaines financièrement à l’agonie qui plombent les comptes de l’Etat.
Les grandes difficultés financières de ces entreprises sont largement attribuées à la mauvaise gestion et à la corruption sous le règne de l’ex-président Jacob Zuma (2009-2018).
Proche de M. Zuma, l’ancienne PDG de SAA Dudu Myeni (2012-2017) a été récemment accusée de “pratiques illégales” devant une commission d’enquête anticorruption et fait l’objet d’une plainte devant la justice pour sa mauvaise gestion.
Elle a jusqu’à présent refusé de se présenter devant le tribunal.
Le président Cyril Ramaphosa, qui a succédé en février 2018 à Jacob Zuma, s’est engagé à faire le ménage dans les entreprises publiques, alors que la croissance de la première puissance industrielle du continent est en berne.