On avait l’impression d’avoir le porte-parole du gouvernement sur le plateau du Grand Débat de Studio Tamani, le vendredi dernier. En plus du présentateur, les autres invités étaient impressionnés par l’insistance de Nouhoum Sarr à vouloir défendre le Plan d’Action du gouvernement.
Composé de 6 axes, déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs, selon studio Tamani, ce plan se présente comme trop large pour beaucoup d’analystes pour un pouvoir de 18 mois qui a déjà épuisé 5 mois.
Interrogé, Nouhoum Sarr indique que « ce plan d’action est teinté de sincérité », et d’ajouter que « nous retenons tout simplement une volonté de remettre notre pays au travail ». Le membre du CNT s’est réjoui que cette présentation du plan d’action vienne couper court aux débats en cours par rapport à l’application de l’Accord issu du processus d’Alger en l’état, et de souligner que « le premier ministre a indiqué qu’il va diligenter le processus de relecture de l’accord ». Il estime que le premier ministre a pris à bras le corps la question des audits sur l’achat d’équipements militaires.
Comme pour inviter les Maliens à prendre pour argent comptant ce plan d’action, Nouhoum Sarr a rappelé que « la transition a, quelques fois, été bousculée par des tensions sociales, notamment la grève de l’UNTM, et aujourd’hui, il y a une proposition de conférence sociale pour négocier un moratoire pour dire à l’ensemble des Maliens que le moment est venu où il faut se rassembler autour du Mali ». La montée du drapeau à Kidal lors de la réunion du comité de suivi de l’Accord, était aussi pour lui, un succès au comptoir de la Transition. « La construction d’un État failli, ce n’est pas à 18 mois qu’on peut le faire » a-t-il indiqué.
Surpris de cette réaction de Nouhoum Sarr, Ballan Diakite, politologue et chercheur a souligné que le plan est certes ambitieux, mais « c’est la question du timing et des moyens qui posera un problème ».
Selon lui, le premier ministre n’a pas donné beaucoup de détail sur la durée de la transition, « Peut-être pour ne pas aborder des questions fâcheuses dans les circonstances où le gouvernement est dans une sorte d’antagonisme avec la classe politique ».
Contrairement à Nouhoum Sarr, M. Diakité trouve que rien n’a changé. « Les écoles restent fermées au nord et au centre du pays, une augmentation du prix du pain, de la viande de l’huile des denrées de premières nécessité, le cas de Farabougou etc. », a-t-il rappelé. Aussi, estime-t-il que la transition ne devrait pas adopter des actions dont elle n’a pas les moyens au risque de laisser place aux critiques. « Ce document est riche mais il est digne d’un régime qui a cinq ans devant lui » a-t-il indiqué en ajoutant que le gouvernement aurait pu être plus réaliste en fixant le cap sur « la sécurisation du territoire et l’organisation des élections et travailler à avoir des résultats satisfaisants ». Pour lui, « avec ce plan, on va soit excéder les 18 mois ou ne faire que la moitié du travail, si on veut respecter les 18 mois ».
La question de moyens n’est pas inquiétante de l’analyse de Nouhoum Sarr qui indique que « c’est un plan d’action de l’État et l’état utilise le budget de l’Etat ». Sur ce point, il a fait allusion à une ordonnance du gouvernement au niveau du CNT qui tient, selon lui, de lois des finances pendant la transition.
Donc, le travail de la transition sera, selon lui, de rendre compatible le budget 2021 avec ce plan stratégique.
Issa Djiguiba
Source: Journal Le Pays- Mali