Le collectif des associations pour le développement socioéconomique et la paix au Mali bat a, à la faveur d’une conférence de presse, animée par sa présidente, Marie-Reine Koné, annoncé avoir porté plainte contre le Biprem pour « dénonciation calomnieuse » contre le Chef de l’Etat tout en prenant le soin de battre en brèche et point par point les arguments du Bloc. La conférence a eu lieu à la Maison de la Presse de Bamako, le jeudi 24 mars dernier, en présence d’une foule de sympathisants et des membres de la centaine d’associations que compte le Collectif.
Nous livrons in extenso, le contenu de la déclaration que le Collectif a mise à la disposition de la presse nationale et internationale.
QUI SONT LES PLAIGNANTS ?
La plainte contre le Biprem Faso Ko est portée par un collectif regroupant pour le moment une centaine d’associations de la société civile malienne éprises de justice et de respect des institutions de notre pays. Toutes les associations sont ici représentées et ont fourni, documents à l’appui, le principe de leur adhésion à la procédure. Parmi ces associations, je voudrais citer :
- AFSTE de Sangarébougou ;
- AYT d’Hamdallaye ;
- CRPLDJ de Para-Djicoroni ;
- AMPDL de Sébénicoro ;
- MUSSOW Djigui de Fombabougou ;
- GNETA de Souleymanebougou ;
- SIGUI DIA de Fombabougou ;
- NIETA-Sébénicoro ;
- MUSOW Hami d’Hamdallaye ;
- Ton YEREDON de N’Gabakoro ;
- ASRBSD de Souleymanebougou, pour ne citer que celles-ci.
Nous demandons le soutien de toute association, tout citoyen ou même formation politique qui croient à la cause que nous défendons. Notre démarche est simplement citoyenne. Elle vise à la culture de la vérité dans notre démocratie et au respect des institutions constitutionnelles légitimées par le referendum constitutionnel du 12 janvier 1992.
POURQUOI UNE PLAINTE CONTRE BIPREM ?
La plainte contre le Biprem Faso Ko se justifie du moment où celui-ci a porté de fausses accusations contre le président de la République, première institution du Mali et contre son gouvernement. Nous nous sentons visés en tant que citoyens responsables par ce montage de calomnies. C’est une atteinte grave à la stabilité et à la cohésion dans notre pays, qui peine à se remettre d’une grave crise qui a fait trop de victimes et de dégâts et porté préjudice au développement économique et social de notre pays.
Or, selon l’article 16 de la Constitution : « En cas de calamité nationale constatée, tous les citoyens ont le devoir d’apporter leur concours dans les conditions prévues par la loi. »C’est pourquoi, nous avons saisi la Justice de notre pays en laquelle nous plaçons toute notre confiance.
ELEMENTS DE REPONSE CONTRE LES GRIEFS DU BIPREM
- La violation de la Constitution par le refus de présenter publiquement ses biens :
Ce point est caractéristique de l’inculture des animateurs actuels du Biprem, manifestement animés par l’envie de porter ombrage à l’image du président de la république qui a été plébiscité par le peuple comme il ne l’a jamais fait pour un candidat. En effet, contrairement à ce qu’a écrit le Biprem, le président de la République a bel et bien remis la déclaration de ses biens et ce, conformément à l’article 37 de la Constitution qui stipule : «après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le Président de la Cour Suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du Président de la République. Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle. » La déclaration de biens a été remise au Président de la Cour suprême qui l’a reçue conforme. Dont acte. Une information très commentée à l’époque par certains organes de presse de la place. Qualifier cela de « refus » relève de la mauvaise foi. L’accès à la Cour Suprême étant public, le Biprem aurait dû participer à cette cérémonie solennelle.
- Détournement de 28.549.901.190 (selon le BVG) lors des achats de l’avion présidentiel (prix inconnu entre 8, 17 et 21 mds) et des équipements militaires.
Le Bureau du Vérificateur Général, qui s’était saisi du dossier, n’a jamais fait mention de « détournement » de la somme mentionnée dans la « plainte » (???) du Biprem. Rapport du BVG ne mentionne d’ailleurs le mot de « détournement » que trois fois sur les 241 pages que comporte le rapport.
Au niveau du Collectif, nous pensons, comme bon nombre de Maliens, s’il est légitime de s’interroger sur l’opportunité de se doter d’un aéronef alors que le pays en disposait d’un autre, les accusations de détournement portées contre le chef de l’Etat par le Biprem sont à prouver.
Par ailleurs, les questions d’équipements militaires relevant du « secret défense », nous invitons la presse malienne responsable et Biprem à aller consulter le rapport d’enquête de la Commission défense de l’Assemblée Nationale du Mali pour davantage d’informations.
- La dilapidation du denier public dans l’acquisition des engrais agricoles dits frelatés (hors normes) et 1000 tracteurs pour les agriculteurs maliens.
Toute personne détenant la preuve de détournement impliquant le président de la République et son gouvernement dans ces deux affaires est priée de porter à la connaissance de l’opinion publique.
Il convient de préciser le que l’adjectif « engrais frelaté », utilisé pour juger de la qualité des intrants agricoles, ne correspond à la réalité. En effet le petit Robert en donne la définition suivante « altérer la pureté d’un produit en ajoutant des substances étrangères ». Les engrais « non conformes aux normes », comme le disent les scientifiques, ne relevé de la responsabilité de celui a lancé la commande à l’extérieur du Mali sur la base d’un cahier de charge bien précises. L’utilisation des engrais hors normes n’a cependant pas empêché notre pays de produire au cours de la campagne agricole 2015/2016 8,200 millions de tonnes de céréales et 550 000 tonnes de cotons graines contrairement au fiasco prédit par certains oiseaux de mauvais augure.
Il est si facile aujourd’hui de se faire passer pour un spécialistes de questions économiques que n’importe quel petit adversaire peut crier chaque jour qu’il y a surfacturation ou malversations. Il y a malheureusement des esprits simples pour les croire, sans analyse. Toute accusation sans preuve étant susceptible de poursuite judiciaire, nous pensons au niveau du Collectif que quand nos institutions publiques sont visées par de telles accusations, le peuple qui peut tout doit manifester sa désapprobation. On ne peut rien construire dans le mensonge, dans l’intox et dans la désinformation ; principales mais dangereuses armes aux mains d’adversaires politiques en disgrâce.
Concernant maintenant les accusations de surfacturation dans le dossier relatif à l’acquisition des 1000 tracteurs, quel est l’organe indépendant de contrôle de gestion des structures publiques qui a produit le rapport permettant au Biprem de conclure qu’il y a eu « dilapidation » de denier public ? Les accusations fortuites sont passibles de poursuites judiciaires.
- La diminution indue du budget des forces armées de 281 mds en 2015 à 213 milliards en 2016 et l’augmentation incongrue du budget de la présidence de la République de 9,3 milliards en 2014 à 14,6 mds en 2015) à 19,3 milliards en 2016.
L’armée malienne n’est plus cette armée d’opérette, mal formée et sous équipée, que nous avons connue en début de crise sécuritaire. Nous savons aujourd’hui que notre armée s’équipe, se forme et s’améliore pour mieux jouer son rôle régalien de défense de la patrie contre toute agression. La loi de programmation militaire, initiée par le président de la République produit déjà son effet. La commande récente de plusieurs avions pour l’armée en est une parfaite illustration.Le Mali étant la troisième économie de la zone UEMOA avec un budget national de 1.998 Milliards de CFA, derrière la Côte d’Ivoire 5810 Milliards CFA et le Sénégal 2990 Milliards et devant le Burkina-Faso 1639 Milliards CFA. Une petite comparaison avec les pays voisins donne la situation suivante :
- Côte d’Ivoire: 80 Milliards de CFA, soit 1,37 % du budget national,
- Sénégal : Milliards de CFA, soit 2,4% du budget national,
- Mali : 19, 7 Milliards de CFA, soit 0,98% du budget national,
- Burkina-Faso: 48 Milliards de CFA, soit 4,69% du Budget national,
- Guinée –Conakry: 30 Milliards de CFA, soit 2,14% du budget national.
Le Budget de la présidence de la République du Mali est l’un des plus bas de l’espace UEMOA. L’on ne doit pas s’éterniser à pinailler sur des détails souvent infondés et qui n’ont que pour seul but de créer la méfiance entre l’Etat et la population, majoritairement constituée d’analphabètes et de sous-informés.
- La sortie dramatique de Kidal du giron malien avec ses lots de morts aussi bien militaires que civils due à la visite improvisée d’un PM, envoyé par son patron, en mission dans cette région qui est le bastion des rebelles.
Tout en regrettant les nombreux morts d’innocent de civils et militaires maliens, de quelque bord qu’ils soient t, -nous nous sommes quand même tous inscrits dans une logique de paix et de réconciliation nationale. Il est aussi important de dire une fois pour toutes à tous ceux qui se rient de l’ignorance du peuple, à tous ceux qui tentent de récupérer cette affaire pour diviser les Maliens et au Biprem que : « les faits d’armes ne sont pas des faits divers ». La visite de M. Mara était souhaitée par tout le peuple malien et il l’a fait au risque de sa vie pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens. Tout malien digne et responsable devrait se gêner de reprocher cette action.
- L’incapacité avérée de mettre en application un Accord d’Alger trop impopulaire et infructueux signé depuis plus de 10 mois (en mai 2015).
Si tant est que l’ « accord est trop impopulaire et infructueux », qu’espère le Biprem s’il est mis en application ? Est-il donc nécessaire qu’il soit mis en application ? Si l’on doit se fier aux jugements du Biprem, la réponse est NON ! Tous les Maliens savent déjà et ont déjà entendu de leur président leur dire que ces accords ne sont pas parfaits mais constituent une base pour les négociations permettant aux Maliens de se retrouver. Et, la paix ne se fait pas sur des papiers. Elle doit émaner du cœur et notre collectif, qui milite pour une paix définitive au Mali, pense que le peuple du Mali est assez mûr pour y parvenir.
- Le record de l’instabilité gouvernementale par les tâtonnements de 3 Premiers ministres et 6 gouvernements en 28 mois prouvant le manque d’efficacité et de perspicacité d’un président de la République pourtant bien élu mais qui a bien déçu bien des Maliens.
Une incohérence chez nos amis de Biprem réside dans leur tendance à vouloir une chose et son contraire. D’abord, le Biprem dépose une plainte contre une Institution de la République en cours de mandat. Il veut que celui-ci, qui bénéficie d’une immunité, comparaisse devant un Tribunal. Ensuite le Biprem « ne demande pas d’abord sa démission ». Où est la logique si le chef de l’Etat ne doit comparaître qu’après la levée de son immunité ?
Dans leur raisonnement décousu, les responsables du Biprem reconnaissent d’abord la légitimité du chef de l’Etat, mais pensent qu’il a déçu les Maliens. A moins qu’au Biprem on ne sache faire différence entre l’article défini « les » et l’indéfini « des », l’on pense qu’en réalité, ce sont certains Maliens qui sont déçus. Les déçus nombreux effectivement et se trouvent des deux côtés. Ceux pour qui les espoirs d’enrichissement illicite ont été brutalement annihilés par le Coup d’Etat de mars 2012 et ensuite par l’avènement au pouvoir du président de la République. IBK a effectivement déçu bien des Maliens. Il a déçu les Maliens qui ont pensé effectivement qu’il exaucerait leurs vœux de voir certains acteurs des anciens régimes derrière les barreaux mais qui, pour en réchapper se sont mués en politiciens vierges animant activement la vie politique pour ternir son image. Il a aussi déçu les Maliens qui pensent qu’il accorde trop de liberté à certaines personnes. Il est temps, que par devoir patriotique et pour plaire à tous les Maliens, que toute atteinte à l’image d’une institution de la République soit punie selon les prescriptions de la loi.
SUITE RESERVEE A LA PLAINTE DU COLLECTIF CONTRE BIPREM ET Cie
En tant que citoyens maliens, épris de justice et confiants en l’indépendance de la Justice de notre pays, nous avons commis un avocat, en la personne de Me Modibo CISSE, inscrit au Barreau malien. Il s’occupe actuellement du dossier. Nous ne pouvons pour le moment en dire plus.
P/Le COLLECTIF
La présidente
Marie-Reine KONE
Source: L’Enquêteur